Renaissance
-
-
-
-
Les recueils de lieux communs, communes loci, sont des collections de citations, le plus souvent en latin, méthodiquement organisées par entrées. Pour faire l’histoire du genre, Ann Moss examine les recommandations qui nous sont parvenues sur la manière de rédiger ces recueils et analyse un choix d’entre eux. Elle explique les mécanismes qui gouvernent leur composition et décrit leur fonction. Elle retrace leur genèse antique et médiévale et s’attache à comprendre les raisons de leur succès au XVIe siècle, puis de leur déclin au suivant.
Ce type de livre fait partie de la première initiation de tout écolier. La rédaction d’une telle collection, tout autant que son utilisation, relève en effet du programme scolaire de quiconque, au XVIe siècle, étudie le latin : elle est un outil pédagogique. Dépositaire d’une réflexion générale, elle dispense un choix d’arguments d’autorité commodes à citer dans l’élaboration d’une argumentation nouvelle : elle se fait outil rhétorique.
Les recueils de lieux communs, dont la vogue est soulignée par le succès éditorial qu’ils connurent au XVIe siècle et par l’attention que leur réservèrent les plus grands humanistes, constituent une source inestimable pour la connaissance des pratiques de lecture et d’écriture dans la vie intellectuelle à la Renaissance.
-
L'homme de la Renaissance, nouvel Adam dans le jardin du monde, y mesure ses pouvoirs : tout jardin imite la variété et l'abondance de la nature, pose la concurrence entre le naturel originel et l'artificiel. Aussi, en cet âge de ressourcement, la tradition topique du jardin littéraire est-elle sollicitée pour redéfinir les modèles. Les schèmes littéraires sont si puissants qu'ils infléchissent la réalité des jardins : le lieu de plaisir, tout sensuel qu'il devient, reste hautement symbolique d'une relation à la nature perçue à travers les images antiques, les jardins mythiques ou ceux de l'exégèse. L'enquête, qui observe les jeux de miroirs entre la littérature et le jardin réel, explore aussi le jardin de la quête intérieure et celui de la rhétorique. Elle prouve la convergence des discours tenus par l'horticulture, l'agriculture, l'architecture, les sciences naturelles, l'exégèse, l'alchimie, les entrées royales et tous les genres littéraires pour éclairer les bouleversements de l'imaginaire.
-
-
-
Pendant un demi-siècle, le couple L’Angelier a régné sans partage sur l’édition parisienne, associant, avec un rare bonheur, la pratique de la « marchandise » aux choix éditoriaux les plus originaux : La Croix du Maine, Vigenère, Montaigne, Du Vair, Pasquier, les traductions de l’italien, les grands livres illustrés, le droit français et l’éloquence parlementaire, la spiritualité gallicane, les traités d’équitation ont constitué les fleurons de la boutique « au premier pilier de la grand’Salle du Palais », offerts à la délectation des robins et des gentilshommes lettrés. Au même titre que les auteurs qu’ils éditaient, Abel L’Angelier et Françoise de Louvain ont contribué à l’illustration de la langue française et à sa consécration comme langue de cour et langue savante. Fondée sur de nombreux documents en grande partie inédits, l’étude qui leur est consacrée retrace la carrière d’un couple d’entrepreneurs avisés, analyse ses affaires et son activité, met en évidence un véritable style éditorial. Elle est suivie du catalogue de leurs éditions, riche de plus de cinq-cent-cinquante titres soigneusement décrits, et qui recense plusieurs milliers d’exemplaires conservés dans les collections publiques et privées, offrant une contribution majeure à l’histoire du livre et des lettres en France.
-
Le séjour d’Honneur (1489-1494), opus magnum d’Octovien de Saint-Gelais, conte les errances de l’auteur sous l’emprise de personnages allégoriques tels Sensualité, Fol Abus et Vaine Espérance, puis son repentir avec le concours de Raison. Ce " traictié de la vie humaine ", qui adopte la structure du songe allégorique, relève de la tradition des pèlerinages initiatiques. Remarquable par l’aisance de son style et l’élégance de son traitement, il procure une critique acerbe des mœurs curiales, tout en prétendant fournir un modèle à la contemplation en affection.
Précédée d’une introduction littéraire et linguistique, l’édition, fondée sur le manuscrit Paris, BnF, fr. 12783, prend en considération l’ensemble des témoins connus. Elle est complétée par des notes critiques, un index commenté et un glossaire abondant.
-