Agrippa d' AUBIGNÉ
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La puissance fulgurante des Tragiques a longtemps éclipsé l’étrange beauté du Printemps. Maintenu sous le boisseau jusqu’au XIXe siècle, condamné depuis à des publications tronquées, le grand recueil profane d’Agrippa d’Aubigné a souffert d’une histoire éditoriale parcellaire autant que de la trop forte personnalité de son puîné. Pourtant, Le Printemps procède d’un épisode cardinal de la vie de l’auteur : sa brève histoire d’amour avec Diane Salviati (1571-1573) consacre son avènement poétique en lui donnant l’opportunité de prendre rang dans une tradition lyrique où il s’impose avec son style à rebours, entre rage et mignardise, fureur et ingéniosité, tragique et satire. Comme le Canzoniere de Pétrarque, Le Printemps accompagne la vie du poète, dont il enregistre les secousses et les changements : jusqu’à sa mort, il écrit, réécrit, complète et corrige ses pièces profanes qu’il envisage sur le tard de rassembler en recueil sans pouvoir mener à terme son projet.
À partir des manuscrits conservés à Genève, la présente édition propose une hypothèse herméneutique, dûment étayée, qui permet d’embrasser la production amoureuse d’Agrippa d’Aubigné et d’apprécier son insolente variété. Conformément aux principes de la collection, elle met à la disposition du lecteur deux versions du texte : à droite, le poème restitué dans son orthographe d’origine et sans ponctuation ; à gauche, les vers modernisés et ponctués.
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Le lecteur trouvera ici la totalité des patronymes, français et étrangers, cités par l'historien. Ils sont particulièrement nombreux : les membres de l'aristocratie royale et guerrière naturellement, persuadés d'être les moteurs de l'Histoire, les puissances spirituelles ennemies des Réformateurs, papes, jésuites, mais aussi, et c'est un des intérêts majeurs de l'ouvrage, des noms de roturiers ou de bourgeois qui ne figurent nulle part ailleurs, huguenots ou catholiques : Aubigné ne s'intéresse pas qu'à son camp.
Cet index comporte aussi, en italique, un certain nombre de thèmes qu'Agrippa d'Aubigné n'a pas traités pour eux-mêmes, mais qu'il aborde dans son récit et qui reviennent assez souvent pour qu'on puisse dire qu'il leur accorderait beaucoup d'intérêt.
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La seconde édition de l’Histoire universelle sortait à peine, au début de 1626, des presses du libraire genevois Pierre Aubert, qu’Agrippa d’Aubigné entreprenait d’adjoindre à son ouvrage un quatrième tome que la mort ne lui permit pas d’achever. Il laissait une préface, le dernier chapitre du livre IV: un tableau de la France protestante vers 1620, et le livre V, inachevé, relatant les deux campagnes de Louis XIII contre les Eglises du Midi en 1621 et 1622. Conservés dans les Archives Tronchin, ces textes furent publiés pour la première fois, de manière lacunaire, en 1925, par Jean Plattard. Ces ultima scripta brossent l’image d’un homme à qui le grand âge n’avait rien ôté de la vigueur de son "gros style ferré" et qui demeurait inébranlablement fidèle à la Cause pour laquelle il s’était jeté dans la guerre soixante-deux ans plus tôt.
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C’est en 1620 lorsqu’il trouve refuge à Genève qu’Agrippa d’Aubigné entreprend de réviser son Histoire Universelle en trois tomes. Amplement corrigée et augmentée, c’est cette seconde version qui est ici éditée, suivant le découpage de Ruble en XV livres. On trouvera dans le dixième et dernier volume de la présente édition le quatrième tome qu’Agrippa d’Aubigné entreprenait d’adjoindre à son ouvrage mais qu’il ne put achever avant la fin de sa vie. Conservés dans les Archives Tronchin, ces textes furent publiés pour la première fois, de manière lacunaire, en 1925, par Jean Plattard. Ces ultima scripta brossent l’image d’un homme à qui le grand âge n’avait rien ôté de la vigueur de son « gros style ferré » et qui demeurait inébranlablement fidèle à la cause pour laquelle il s’était jeté dans la guerre soixante-deux ans plus tôt.
L'Histoire Universelle fut aux yeux d'Agrippa d'Aubigné, son grand oeuvre, or elle est aujourd'hui injustement oubliée et introuvable. C'est donc une lacune importante que comble l'édition, pourvue d'une introduction et de notes, que nous donne A. Thierry.
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