Renaissance
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Le séjour d’Honneur (1489-1494), opus magnum d’Octovien de Saint-Gelais, conte les errances de l’auteur sous l’emprise de personnages allégoriques tels Sensualité, Fol Abus et Vaine Espérance, puis son repentir avec le concours de Raison. Ce " traictié de la vie humaine ", qui adopte la structure du songe allégorique, relève de la tradition des pèlerinages initiatiques. Remarquable par l’aisance de son style et l’élégance de son traitement, il procure une critique acerbe des mœurs curiales, tout en prétendant fournir un modèle à la contemplation en affection.
Précédée d’une introduction littéraire et linguistique, l’édition, fondée sur le manuscrit Paris, BnF, fr. 12783, prend en considération l’ensemble des témoins connus. Elle est complétée par des notes critiques, un index commenté et un glossaire abondant.
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Pendant un demi-siècle, le couple L’Angelier a régné sans partage sur l’édition parisienne, associant, avec un rare bonheur, la pratique de la « marchandise » aux choix éditoriaux les plus originaux : La Croix du Maine, Vigenère, Montaigne, Du Vair, Pasquier, les traductions de l’italien, les grands livres illustrés, le droit français et l’éloquence parlementaire, la spiritualité gallicane, les traités d’équitation ont constitué les fleurons de la boutique « au premier pilier de la grand’Salle du Palais », offerts à la délectation des robins et des gentilshommes lettrés. Au même titre que les auteurs qu’ils éditaient, Abel L’Angelier et Françoise de Louvain ont contribué à l’illustration de la langue française et à sa consécration comme langue de cour et langue savante. Fondée sur de nombreux documents en grande partie inédits, l’étude qui leur est consacrée retrace la carrière d’un couple d’entrepreneurs avisés, analyse ses affaires et son activité, met en évidence un véritable style éditorial. Elle est suivie du catalogue de leurs éditions, riche de plus de cinq-cent-cinquante titres soigneusement décrits, et qui recense plusieurs milliers d’exemplaires conservés dans les collections publiques et privées, offrant une contribution majeure à l’histoire du livre et des lettres en France.
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Les Regrets, même à la lecture des études les plus récentes, restent une œuvre énigmatique. Comment l’expression élégiaque, l’écriture mêlée à la satire et la rhétorique de l’éloge, autant de techniques renouvelées par Joachim Du Bellay, peuvent-elles se concilier? Comment cette poésie, nourrie d’intertextualité, peut-elle se proclamer "prose en ryme" ou " ryme en prose", "papiers journaulx" ou bien "commentaires" ? Comment apprécier le statut du Je par delà la fable et les sources d’inspiration dominantes ?
L’auteur, suppléant le défaut d’études linguistiques consacrées à l’œuvre du poète, a donc voulu étudier les formes de la subjectivité lyrique et de la textualité littéraire afin de mettre en évidence les traits constitutifs du discours poétique dans Les Regrets. Elle s’attache, d’une part, à caractériser la langue naturelle de Du Bellay dans ses lettres, dont elle a aussi analysé l’orthographe manuscrite, et, d’autre part, à en étudier l’application stylistique dans le recueil. Grâce à une analyse statistique des faits syntaxiques et métriques, elle dégage ainsi les dominantes de l’écriture épistolaire et met en lumière la clôture harmonieuse des Regrets dans un mouvement ascendant allant de l’obscurité à la lumière.
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Le XVIe siècle des humanistes a produit le premier discours savant sur les usages mortuaires des anciens et des peuples lointains. Il a contribué, surtout, à l’élaboration et à la codification de rites funéraires d’un extraordinaire raffinement au sein des cours princières, convoquant, en une même intention autant politique que spirituelle, tous les arts et façonnant une multitude d’ouvrages artistiques et littéraires destinés à honorer les défunts, à les préserver de l’oubli et à assurer leur gloire, à consoler les vivants, en leur rappelant la vulnérabilité de l’homme tout en célébrant, par le culte des morts, les forces de la vie. Vingt-quatre études analysent le cérémonial funéraire, en France, en Italie, au Portugal, en Autriche, en Lorraine et à Genève, les tombeaux des Habsbourg, ceux des Guises et des Gouffier, les livres de pompes funèbres ; elles narrent l’histoire de la tradition savante et celle des formes littéraires funéraires, elles exposent les polémiques religieuses et révèlent l’ampleur de la réaction au néo-paganisme de ces cérémonies. La centaine d’illustrations ont fait l’objet d’une considération soutenue, qu’il s’agisse de celles de monuments, de sculptures, de reliures de deuil ou des suites gravées tirées des recueils de Porcacchi et de Woeiriot.
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A la suite de Pré-histoires. Textes troublés au seuil de la modernité (Droz, 1999), Pré-histoires II recourt derechef aux textes littéraires et aux sources para-littéraires, discursives notamment, pour éclaircir des questions non résolues de l’histoire culturelle et de ses codes sociaux. S’inspirant de la rencontre, au début de l’œuvre de Rabelais, de Pantagruel et d’un Panurge polyglotte, la première partie interroge le statut des langues vivantes au XVIe siècle et constate l’évolution rapide des moyens de les apprendre. La seconde partie observe les effets de l'enchérissement qui secouait alors l’Europe, les identifiant notamment dans l’inflation économique et dans l’intérêt pour les langues étrangères considérées comme une technique d’expansion marchande. Elle cherche en somme à déterminer à quel point la célèbre Response à M. de Malestroict, où Jean Bodin se fait l’analyste de la croissance, peut être citée comme un "seuil" de la compréhension graduelle de cette convergence.
Des textes très divers sont sollicités dans ces explorations ; ce sont pourtant des épisodes empruntés à François Rabelais qui en constituent le plus souvent le paradigme, si bien qu'on en vient à considérer Pré-histoires II comme une méditation sur Rabelais et sa relation à l'histoire, économique et culturelle, numéraire et littéraire en particulier. La réflexion tend à établir que des phénomènes troubles, considérés habituellement comme distincts ou même incompatibles, sont présentés comme liés, dans le monde imaginaire de la fiction rabelaisienne, avec une lucidité exemplaire.
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