Renaissance
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La B.I.H.R. est le fruit de la coopération internationale entre dix-huit pays où la Fédération est représentée (pour l’Europe : Allemagne, Belgique, Bulgarie, Espagne, France, Grande-Bretagne, Grèce, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Suisse ; sur les autres continents : Amérique hispanique et Brésil ; Etats-Unis d’Amérique, Japon). Chaque contributeur procède, année après année, au recensement de tout ce qui a paru dans son pays, à savoir les monographies et les articles contenus dans des revues et des collectifs (mélanges, actes de congrès, etc.), à l’exception toutefois des comptes rendus. La Rédaction centrale se charge de collecter les différentes contributions en vue d’une publication annuelle. Les termes Humanisme et Renaissance y sont entendus dans leur sens le plus large; ils embrassent toute l’activité humaine – économique, juridique, scientifique, technique, littéraire, philosophique, religieuse, artistique, au cours des XVe et XVIe siècles. Nous avons toutefois conservé une certaine souplesse à ces limites chronologiques, compte tenu du développement asynchrone de ces mouvements culturels dans les différents pays concernés.
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Pendant des années, Jean Thenaud, rhétoriqueur au service de Louise de Savoie, se consacra à la composition d’un miroir des princes, destiné à la formation morale de Marguerite et François d’Angoulême. Divisé en quatre traités décrivant les particularités des vertus cardinales, le Triumphe des Vertuz, d’envergure encyclopédique, ne sera achevé qu’en 1517 pour être offert au jeune roi François Ier. Titia J. Schuurs-Janssen et René E.V. Stuip ont donné en 1997 l’édition critique du Triumphe de Prudence, le premier des quatre traités (« Textes littéraires français », 489). Alors que dans le Triumphe de Prudence le rôle principal est tenu par Marguerite d’Angoulême, digne d’être couronnée par dame Prudence, le Triumphe de Force fait de François ler protagoniste épique admis dans le domaine de dame Force où il recevra l’honneur du Triomphe.
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On appelle Insulaire (en italien Isolario) un atlas exclusivement composé de cartes d’îles. Plus simplement, l’Insulaire, c’est le Livre des îles, titre de l’atlas nautique rassemblé vers 1420 par le Florentin Buondelmonti. Le genre connaît un essor ininterrompu du XVe au XVIIIe siècle. Non seulement la terre entière est a guisa d’un’Isola, comme une île au milieu des océans, mais la description en archipel favorise aussi une appréhension progressive du monde, émietté et particularisé à l’infini. L’Insulaire va de pair avec l’éloge de la variété. Il se rencontre à une époque où fleurit la bigarrure, où celle-ci apparaît comme le signe du divin dans le monde. Les systèmes de l’âge moderne ont eu raison, semble-t-il, de l’esprit d’archipel. A l’ère de l’homme unidimensionnel et de la globalisation, il est urgent de renouer avec une configuration de la terre parcourue de lacunes et de béances, mais contenant une place pour chaque singularité, fût-ce la plus imprévisible.
Si l’Insulaire est un atlas, il est aussi un récit. Un récit fragmenté, discontinu, en archipel. Prolongeant l’histoire de l’Insulaire nautique, et tirant de celui-ci un modèle descriptif, ce nouveau Livre des îles conduit de la Genèse à Jules Verne et de l’Odyssée aux Iles Enchantées de Melville. Il a pour escales l’Histoire vraie de Lucien, la Navigation de saint Brandan, le Quart Livre de Pantagruel de Rabelais, les îles tour à tour satiriques et amoureuses de l’âge classique, les Voyages de Gulliver de Swift, l’herbier des îles du botaniste Tournefort et L’Archipel de la Manche de Victor Hugo.
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Yvonne BELLENGER,
Hervé-Thomas CAMPANGNE,
Rémy CAMPOS,
J.-Cl. CARRON,
S. DAVIDSON,
Gérard DEFAUX,
Max ENGAMMARE,
Philip FORD,
C. JOMPHE,
Marie-Dominique LEGRAND,
D. MARTIN,
Ann MOSS,
John NASH,
François RIGOLOT,
François ROUGET,
Cynthia SKENAZI,
Colette H. WINN,
R. WOOLDRIDGE,
C. YANDELL
Sommaire: G. Defaux, «De Marie à Délie: Le cèdre, le venin, la licorne et la Colonne du Dieu vivant»; J. C. Nash, «Per angusta ad augusta: Ronsard and the Renaissance Belief in Poetry as Therapy»; C. Yandell, «“L’amour au féminin”? Ronsard and Pontus de Tyard Speaking as Women»; F. Rigolot, «Ronsard et la théorie méliorative de l’imitation»; Ph. Ford, « “What Song the Sirens Sang...”: The Representation of Odysseus in Ronsard’s Poetry»; A. Moss, «Ronsard the Poet: Ronsard the Hermaphrodite»; R. Wooldridge, «Ronsard chez les lexicographes de la Renaissance»; M. Engammare, «Ronsard et Tyard versus Viret et Calvin à propos du temps»; Y. bellenger, «Le discours “Des vertus intellectuelles et moralles” prononcé par Ronsard à l’Académie du Palais»; C. Skenazi, «L’ordre et la paix: une perspective de la dispositio ronsardienne»; H. Campangne, «Les histoires tragiques de Pierre de Ronsard»; S. Davidson, «Houel émule de Ronsard ?»; M.-D. Legrand, «Ronsard sous la plume de Du Bellay ou la mise en scène d’un programme poétique: à chacun son rôle et à chacun sa place»; J.-C. Carron, «Le dialogue amoureux et la poétique des discours philosophiques à la Renaissance: L’exemple de Pontus de Tyard»; D. Martin, «Ronsard dans l’œuvre de Guillaume Des Autelz»; C. H. Winn, «Gabrielle de Coignard, “Sur la mort de Ronsard” (1594)»; C. Jomphe, «Théorie et pratique de l’épitaphe dans la poésie héroïque de Ronsard»; R. Campo, «Words on Passing/Passing on the Word: Ronsard’s Epitaphes and the Glimpses of a Graveside Poetic»; F. Rouget, «Ronsard et la poétique du monument dans les Œuvres de 1578».
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Les Douze Dames de Rhétorique, composé en 1463, se présente comme un échange épistolaire entre George Chastelain, Jean Robertet et un certain Jean de Montferrant, que complète la description versifiée (les enseignes) des douze suivantes de Dame Rh©torique. Ces dernières personnifications allégoriques formulent une poétique qui, à bien des égards, annonce celle de la Renaissance. Le texte a fait l’objet d’une édition intégrale par Louis Batissier en 1838. Depuis ne se sont succédées qe des éditions partielles privilégiant tantôt l’un, tantôt l’autre des correspondants. L’édition de David Cowling se base sur le manuscrit Nn. III. 2 de la bibliothèque universitaire de Cambridge, un document qui présente un intérêt philologique majeur tant pour sa provenance (il a été confectionné pour Jean de Montferrant lui-même, dont il porte le blason) que pour la richesse et la qualité de ses enluminures, au nombre de quinze. Celles-ci, qui entretiennent des rapports très étroits avec le texte et partagent avec les enseignes les mêmes métaphores de la création littéraire, n’avaient jamais été reproduites dans leur intégralité.
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Les hommes du temps d’Henri III dénonçaient souvent dans leurs écrits les «practiques» et «menées» du roi et des grands, qualifiant ainsi des agissements ou des comportements dissimulés, faits de ruse, de théâtralité et de duplicité qui corrompaient les relations d’amitié, de fidélité et d’obéissance. Si le temps des troubles de la Ligue fut celui de la violence, il fut aussi celui de la persuasion: les princes tramaient et défaisaient incessamment toutes sortes d’entreprises en «jouant» de leur influence. C’est à «ces grandz qui ne font traffique que de simulation», qui cachent leurs desseins derrière les masques de leur visage, que cette étude s’intéresse. Elle aborde les techniques de l’influence, les usages ambivalents du langage, les comportements équivoques destinés à persuader ou à tromper autrui. Elle s’attache à mettre en situation l’action et les propos du souverain et des gentilshommes dans le cadre concret de quelques affaires politiques analys©es dans le détail. Fondée principalement sur des sources épistolaires ou des relations écrites au plus près des événements, elle tente de restituer l’ambiance d’un univers politique de la fin du XVIe siècle traversé par la rumeur qui, souvet manipulée, changeait et influençait sans cesse leurs décisions ou leurs actions. Le pouvoir et la puissance politique reposaient aussi sur la force des apparences.
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Johannes Vaccaeus fait partie de la génération d’humanistes qui s’employa à transmettre et faire assimiler en France, au début du XVIe siècle, l’héritage culturel italien. Né en Espagne, à Murcie, sans doute vers 1496, il vint étudier la logique, puis les Belles Lettres à Paris, au Collège de Montaigu, établissement plus «avant-gardiste» qu’on ne le croit généralement, sous la férule de François Dubois d’Amiens. Il devint à son tour maître ès Arts au Collège de Lisieux, et, répondant probablement aux incitations que Juan Luis Vives adressait à ses compatriotes, collabora avec le groupe de savants à tendances érasmiennes qui entourait l’imprimeur Josse Bade. En 1522, il dédie à Guillaume Budé la Sylva Parrhisia, un poème didactique en hexamètres qui expose la nature et les fonctions de la rhétorique, et contient un catalogue des hommes éloquents depuis les origines jusqu’à l’époque contemporaine. Ce poème très «moderne» est imité de la Silva Nutricia du grand humaniste florentin Ange Politien, dont Bade et ses amis Dubois et Nicolas Bérauld s’attachaient à importer l’œuvre en France. Le présent ouvrage procure une édition traduite et annotée de cette première rhétorique française vraiment humaniste du XVIe siècle, ainsi qu’une étude introductive qui tâche de reconstituer la vie et l’œuvre de Vaccaeus à Paris et d’analyser la façon dont l’auteur adapte au public parisien les grandes théories poétiques de Politien, dans une langue qui doit beaucoup à Virgile et à Stace.
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Sommaire: U. Langer, Introduction ; F. Goyet, «Prudence et “panurgie”: Le machiavélisme est-il aristotélicien?»; J. O’Brien, «Aristotle’s Prudence, and Pyrrho’s; F. Rigolot, « Montaigne et Aristote: La conversion à l’Ethique à Nicomaque»; R. E. Goodkin, «“Aristote aussi bien que la Raison”: The Limits of Phronesis in D’Aubignac’s La Pratique du théâtre»; J. Scodel, «Dryden the Critic’s Historicist and Cosmopolitan Mean»; J. Tylus, «Aristotelian Humanism, Women, and Public Space»; K. Eden, «In the Household of the Peripatetics: Aristotle and Renaissance Letters»; I. Maclean, «Aristotle’s Infinities in the Late Renaissance»; M.-L. Demonet, «Scolastique française et mondes possibles à la fin de la Renaissance»..