Renaissance
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Pour les Eglises réformées de France, l’année 1584 marque un faux calme avant la tempête que sera celle de la Ligue, car le duc d’Anjou, frère d’Henri III et son héritier, meurt et le huguenot Henri de Navarre, le futur Henri IV devient l’h©ritier du trône. Bèze a donc toutes les raisons de se réjouir: la paix règne en France, l’héritier présomptif est un prince protestant dont il a toujours suivi avec grande sympathie l’éducation et la formation. L’inquiétude pointe cependan: ce prince saura-t-il résister aux pressions? Déjà, Epernon, au nom d’Henri III, l’avertit: Henri ne succèdera que s’il se convertit. Et cette paix si souhaitable que cache-t-elle? Inquiétudes aussi et surtout pour l’Ecosse, dont le roi veut rendre l’Eglise aux évêques, en sacrifiant l’organisation presbytérienne. Pour l’Angeterre, où l’on n’aime pas non plus la discipline ecclésiastique que prône Bèze. En Allemagne, la belle aventure de l’archevêque de Cologne qui passe à la Réforme, tourne au désastre. Mais le Palatinat revient au Calvinisme avec Jean Casimir. Bèze encourage son ami Grynaeus à terminer sa tâche à Heidelberg alors que l’année précédente il lui reprochait de quitter trop longtemps son poste bâlois.
¢lois.
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U. BALDINI,
Anne BLAIR,
Lina BOLZONI,
Keith CAMERON,
Jean CÉARD,
G. CHAIX,
O. CHRISTIN,
Jean DUPÈBE,
G. GALASSO,
Anthony T. GRAFTON,
P. F. GRENDLER,
Fernand HALLYN,
Michel JEANNERET,
Eva KUSHNER,
Frank LESTRINGANT,
Ann MOSS,
R. MUCHEMBLED,
A. NOVA,
L. PERINI,
A. SÉGUENNY
Sommaire: Introduction par A. Redondo. Première partie: faire des recherches sur la renaissance après l’an 2000: M. Jeanneret, «La Renaissance et sa littérature: le problème des marges»; G. Chaix, «Faire des recherches sur la Renaissance après l’an 2000. La formation des chercheurs»; K. Cameron, «Les relations avec les institutions. Relations with institutions». Deuxième partie: Fonds, instruments, savoirs prospection des nouveaux fonds, instruments de recherche, élaboration et diffusion des savoirs: A. Grafton, «Renaissance research today: forms and styles»; P. F. Grendler, «Renaissance humanism, schools, and universities»; A. Nova, «Fonds, instruments, savoirs, prospection des nouveaux fonds, instruments de recherche, élaboration et diffusion des savoirs»; A. Blair, «Historiens de la philosophie et des sciences»; F. Lestringant, «Historiens de la littérature». Troisième partie: cultures et modèles culturels: L. Bolzoni, «Cultures et modèles culturels»; A. Moss, «New ways of looking at texts»; E. Kushner, «Sociabilité et écriture»; R. Muchembled, «Processus de réflexion et médiations». Quatrième partie: croyances: adhésions et dissensions: J. Céard, «Croyances: adhésions et dissensions?»; U. Baldini, «Filosofia naturale e scienza negli archivi romani del sant’ufficioe dell’indice (sec. XVI)»; F. Hallyn, «Conventions du discours – modalités d’analyse – filtres»; A. Séguenny, «Religions en contact. Le problème des transferts des idées»; N. Panichi, «Filosofie in contatto. Problemi di transfert»; L. Perini, «Verso altri sistemi di rappresentazione del mondo: La Monarchia di Spagna di Fra’ Tommaso Campanella». Cinquième partie: quels types d’histoires pour l’avenir?: G. Galasso, «Genève»; O. Christin, «Les modèles»; J. Dupèbe, «Les types d’analyse».
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Bien que les contacts entre l’Occident latin et le monde slave oriental soient anciens, ils ne connaissent pas de véritable essor avant la fin du XVe siècle. C'est alors que les Européens de l'Ouest, convoitant tout autant un allié oriental contre les Turcs que de nouveaux débouchés commerciaux, manifestent de l'intérêt pour la puissance émergente de la Moscovie et, dans une moindre mesure, pour les territoires slaves orientaux de Pologne-Lituanie appelés Ruthénie. Les marchands et les diplomates, venus essentiellement d’Italie, de l’Empire germanique, d’Angleterre et de Pologne en ramènent les premières descriptions substantielles, dont certaines circuleront rapidement sous forme manuscrite ou imprimée. La curiosité de la République des Lettres pour la Moscovie, pour les mœurs étranges de son peuple et pour le despotisme de son monarque s’en trouve attisée : les nombreux travaux – traités de chorographie, ouvrages historiques, rubriques de cosmographies, représentations cartographiques – que ses membres lui consacrent tout au long du XVIe siècle en témoignent. Certes, l'information diffusée par ces ouvrages et parties d'ouvrage est de valeur inégale : si certains de leurs auteurs se sont effectivement rendus sur place et peuvent dès lors revendiquer l'autorité du témoin oculaire, plus nombreux sont ceux qui, au contraire, se fondent sur des sources de seconde main, qu'ils recopient ou abrègent sans guère les critiquer. Mais la manière dont les renseignements sont agencés et repensés atteste le choc culturel occasionné par la " rencontre des deux Europes " : l'Orbis Russiarum déconcerte alors et occasionne déjà une représentation stéréotypée, dont le poids se fait encore sentir de nos jours.
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Serré en fin du premier livre des Essais, le petit chapitre « Des prières » en est assurément un grand pour quiconque examine la considération religieuse chez Montaigne. Il fournit aussi à celui qui s’intéresse à la genèse du texte une pièce de première importance, ne serait-ce que par le préambule dont, au retour d’Italie, l’auteur a doté ce chapitre un moment censuré. Ici plus qu’ailleurs peut-être, Michel de Montaigne a défini le statut de son livre : délibérément « humaniste » et « laïc », mais « très-religieux toujours ». Se rappelant sans doute que Thémis, la Justice, est parèdre de Jupiter, la Puissance, il s’en prend à ceux-ci qui, chrétiens en tête, s’adressent à Dieu sans révérence ou en font leur complice, mais aussi à ceux-là qui osent le réduire à raison. Si seul le « Notre Père » lui agrée, c’est que cette prière, réclamant le pardon préalable des offenses, ne dissocie pas miséricorde et justice divines et qu’elle écarte d’emblée toute supplique inconsidérée. Sans perdre jamais ce fil conducteur, les états successifs de l’essai « Des prières » divulguent quelque chose du « train » des « mutations » d’un auteur qui se confie toujours davantage, montre son irritation grandissante, prend plus parti et ouvre son texte aux poètes. Sans le fermer à Dieu.
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La carrière littéraire de Maurice Scève s’ouvre en 1533, par une découverte dont la portée est symbolique. En Avignon, au fond d’une sépulture ancienne, le poète trouve en même temps que la dépouille de Laure, la célèbre muse de Pétrarque, les premiers éléments de sa propre écriture. Si le corps de la morte lui inspire d’emblée un dialogue avec le " Thuscan Apollo ", Scève recherche bientôt d’autres corps et d’autres modèles en sorte de donner corps à sa poésie. Dans l’entreprise collective des Blasons anatomiques du corps féminin à laquelle il participe avec succès, ce n’est pas tant le corps anatomique qui l’intéressera que le paradigme physiologique, hérité de la pneumo-fantasmologie stilnoviste et remis au goût du jour par le néo-platonisme d’obédience ficinienne.
Recoupant ces influences, peu étudiées jusqu’ici, Thomas Hunkeler aborde l’œuvre majeure du poète lyonnais, Délie, et corrobore que l’appréhension du corps n’a jamais cessé d’informer la poétique de Scève.
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L’Hypnerotomachia Poliphili de Francesco Colonna, parue en 1499 chez Alde Manuce, a nourri l’imaginaire du XVIe siècle et de ses suivants d’une manière étonnante. Le livre, pourtant, a une trame difficile et est écrit dans une langue expérimentale. Sur la base de l’édition des épitaphes latines du chapitre dit du Polyandrion, ou "cimetière des morts d’amour", Martine Furno examine les représentations mentales, nourries de connaissances exactes et d’images modernes, qu’un auteur comme Francesco Colonna avait de l’Antiquité, et quel pouvait être son projet linguistique. L’éclairage qu’elle donne de l’histoire culturelle de la fin du XVe siècle amende en outre la connaissance de la source dont ont surgi, cinquante ans plus tard, la traduction de Jean Martin et la création du Poliphile français.
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Centré sur les emblèmes de Georgette de Montenay, Théodore de Bèze, Jean-Jacques Boissard et du moins connu Paul Perrot de la Sale, Webs of Allusion est le premier ouvrage qui soit consacré à l’ensemble de la littérature emblématique protestante publiée en France au XVIe siècle ainsi qu’à son mode de lecture. La diffusion dont jouit la littérature emblématique est en effet bien documentée par les diverses traductions qui s’en sont saisies – Georgette de Montenay du français au latin, à l’espagnol, à l’italien, à l’allemand, à l’anglais et au néerlandais ; Bèze du latin au français ; Boissard du latin au français et à l’allemand. Mais, alors que la compréhension des emblèmes du théologien Bèze est presque immédiate, le discours tenu par ceux de Georgette de Montenay et de Boissard requiert l’agilité intellectuelle du lecteur, qui se trouve confronté à tout un éventail de stimuli, visuels et verbaux, d’origine mythologique et surtout biblique. Cette lecture entre texte(s) et image, aussi active soit-elle, invite finalement à la méditation, encouragée par le réseau complexe des allusions. Webs of allusion vise à introduire le lecteur moderne à ce mode de lecture ardu sans doute, mais édifiant.
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Après avoir été largement diffusé en Italie, le Liber facetiarum de Poggio Bracciolini ne tarda pas à connaître en France un vif succès, notamment grâce à la traduction que Guillaume Tardif, lecteur de Charles VIII, en donna en 1492 et qui fut r©imprimée abondamment au XVIe siècle. Dès 1878, Anatole de Montaiglon en proposait une édition d’après l’impression sortie des presses d’Olivier Arnouillet à Lyon. A la fin de sa préface cependant, il reconnaissait lui-même qu’il existaitun meilleur imprimé offrant une version globalement plus satisfaisante et comportant un prologue ainsi que trois facéties supplémentaires. Ce sont donc les cent quinze facéties conservées dans cet imprimé, publié par la veuve Trepperel, que nous avons choisi à notre tour d’éditer selon les critères scientifiques contemporains, avec l’espoir que leur lecture contribuera à mieux faire comprendre le rôle de ce texte, savoureux et plein de verve, dans l’avènement du genre de la nouvelle en France.France.