Renaissance
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Au XVIe siècle, les protestants réformés, à Genève surtout, mais également dans la France huguenote, à Londres ou à Berne, intériorisent une conception originale du temps et appliquent une éthique particulière au déroulement de leurs journées. Des contraintes d’ordre spirituel règlent strictement leur rapport au temps, qui est d’abord conçu comme un rapport à Dieu. A chaque minute, Dieu surveille et veille sur ses fidèles, alors qu’à la fin des temps ceux-ci devront lui rendre compte de chacune de leurs minutes, répète sans cesse Jean Calvin dans ses sermons. C’est ainsi que les Genevois vont inventer une valeur moderne, la ponctualité, laquelle était inconnue des Anciens, des Médiévaux et même d’Erasme, de Vives, des premiers jésuites, ainsi que de Rabelais, Ronsard ou Montaigne. La ponctualité ne procède pas formellement d’innovations techniques, elle est d’abord une vertu spirituelle, sociale et disciplinaire.
C’est dans la cité de Calvin que des structures communautaires d’incitation et de contrôle sont instituées ; qu’un nouveau calendrier est élaboré ; qu’une économie nouvelle du temps et de ses parties est pensée ; autant d’applications de la ponctualité auxquelles les protestants, en particulier de confession calviniste, sont encore aujourd’hui redevables. Max Weber, Norbert Elias et Michel Foucault sont convoqués au terme de l’essai pour discuter L’Ordre du temps et comprendre l’invention de la ponctualité.
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Depuis le XVIe siècle, Jheronimus Bosch (Bois-le-Duc, 1450/1455-1516) suscite une abondante littérature qui, focalisée sur la signification de ses inventions fascinantes, en a fait progressivement un peintre isolé de tout contexte, en laissant largement de côté la question primordiale de la chronologie. Sa production, confondue avec celle de l'atelier et des suiveurs, nécessite donc une étude qui, aiguillée par l'analyse stylistique, fasse converger l'ensemble des données disponibles (documents, résultats dendrochronologiques, etc.). Elle s'organise autour de l'unique œuvre documentée, le Jugement dernier de Vienne, peint vers 1505 pour Philippe le Beau, et comprend deux groupes articulés selon un développement cohérent. Le premier (avant 1505) se caractérise par une manière fluide, liée à l'intérêt humaniste pour la celeritas. Le second (après 1505) manifeste une manière plus patiente qui, adaptée au goût de la clientèle bruxelloise, culmine dans le célèbre Jardin des délices. Se dessine ainsi le profil d'un peintre très apprécié par l'élite politique de son temps et dont les inventions, diffusées sur le marché anversois par des copies et des pastiches, joueront un rôle décisif dans l'émergence de la notion même de genre. genre.
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Le monde de la poésie est en pleine mutation à l’époque de François Ier. En même temps qu’un modèle culturel médiéval continue d’exister, de nouveaux enjeux idéologiques et commerciaux entraînent la recomposition du public. Le champ litt©raire ressemble de ce fait à un laboratoire d’expérimentation de formes inédites.
Marot est une figure emblématique de cette effervescence. Porté par l’Humanisme et l’Evangélisme d’une part et tirant parti des potentialités de l’imprim© d’autre part, il développe, à travers un dialogue ininterrompu avec Virgile, Ovide, Horace et Martial, une réflexion extrêmement lucide sur sa propre condition d’écrivain. Il sème ainsi les germes d’une conception originale de l’auctorita qui sera exploitée par la génération suivante.
C’est cet auteur en chantier qui est décrit, à travers l’étude de trois thèmes : les relations qu’il entretient avec ses pairs, les masques que se façonne l’énonciateur au gré des circonstances et, finalement, la vocation poétique telle qu’il la conçoit dans l’églogue " Au Roy " de 1539. C’est un Marot complexe qui en surgira, tiraillé entre plusieurs aspirations et conscient d’être autant un Tityre qu’un Mélibée.
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La Discussion apologétique pour l’astrologie contre un certain médecin est un document indispensable à la compréhension de Michel Servet et à la connaissance de son séjour parisien entre 1536 et 1538. Il nous montre d'abord l'implication de l'astrologie dans la culture du jeune humaniste et de ses amis, ainsi que la violence des controverses, scientifiques et religieuses, qu'elle suscitait à l'Université de Paris. Ce pamphlet nous introduit ensuite dans la Faculté de médecine où Servet, sous le nom de Michel Villanovanus, était régulièrement inscrit pour achever ses études : nous voyons s’y affronter plusieurs clans sur la question de la médecine astrologique, notamment celui du doyen Jean Tagault et de son entourage, passionnément hostiles à ce qu'ils considéraient comme une superstition impie. Un procès s’ensuivra, qui ne retiendra pas, pour cette fois, le crime d’hérésie.
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La littérature du XVIe siècle en France est conditionnée par la généralisation de l’imprimerie. La production littéraire, au sens large du terme, est évidemment affectée par cette innovation: certains auteurs, conscients des moyens inédits dont ils disposent, adaptent leurs travaux au support imprimé; d’autres en revanche contestent une diffusion de masse et réservent leurs œuvres à des lecteurs choisis; d’autres encore – mais ce sont parfois les mêmes, à des périodes différentes – exploitent systématiquement les ressources de l’imprimerie et développent de véritables stratégies commerciales. Les seize contributions réunies examinent les étapes successives de la production poétique de la Renaissance, de la composition d’une œuvre à sa publication éventuelle et à sa réception.
Sommaire: Michel Simonin : "Ferrailles et farragines : vers en vrac à la Renaissance"; Perrine Galand-Hallyn et Fernand Hallyn : "'Recueillir des brouillars' : éthique de la silve et po©tique du manuscrit trouvé"; Jeanne Veyrin-Forrer : "François Rasse des Neux et ses tombeaux poétiques"; Amaury Flégès : "Enjeux politiques et littéraires d’un tombeau collectif. La célébration poétique de Christophe de Thou (1583)"; Silvia DAmico : "Alterum amant oculi, doctis placet auribus alter : les poèmes de Germain Audebert"; Chiara Lastraioli : "Un collectioneur strasbourgeois à la Renaissance : Johannes Schenckbecher et son recueil de textes anonymes"; Frank Dobbins : "Recueils cllectifs de musique et poésie"; Jean Vignes : "Les modes de diffusion du texte poétique dans la seconde moitié du XVIe siècle : essai de typologie"; Frank Lestringant : "André de La Vigne et Le Vergier d’honneur"; Mireille Huchon : "La Fleur de po©sie française dans la Rhetorique de Fouquelin : une autobiographie de Ronsard"; Jean Balsamo : "La composition des Sonnets spirituels de Desportes"; Anne-Bérangère Rothenburger : "L’Eglogue de la naissance de Jésus-Christ par Louis Dorléans : dattion et filiation poétiques"; Rosanna Gorris Camos : "Diverses Meslanges poetiques ou la composition des recueils poétiques de Guy Le Fèvre de La Boderie : du Compas d’or à la Vierge au luth"; Jean Dupèbe : "L’Ægloga de Monarchia de Jacques Gohory(1543-1544)"; Line Amselem-Szende : "Le complexe du compilateur : Juan López de Úbeda Vergel de flores divinas (1582)"; Jean-Eudes Girot : "Poésie et manuscrits".
L’une des particularités de la littérature du XVIe siècle en France tient au fait que la généralisation de l’imprimerie modifie les modalités de production et de réception de l’œuvre littéraire, même si le passage du manuscrit à l’imprimé n’a pas eu de conséquences immédiates ; ce n’est que progressivement en effet qu’auteurs et lecteurs affinent leur connaissance du nouveau médium. La production littéraire au sens large du terme est évidemment intéressée par ces changements : certains auteurs, conscients des conditions nouvelles qui leur sont offertes, adaptent leur production au support imprimé ; d’autres en revanche feignent de s’opposer à une diffusion de masse et réservent leurs œuvres à des lecteurs choisis ; d’autres encor - mais ce sont parfois les mêmes, à des périodes différentes - exploitent systématiquement les ressources de l’imprimerie et développent de véritables stratégies commerciales. Ainsi, à la Renaissance plus qu’en aucun autre temps, lire un texte suppose-t-il de connaître un ensemble d’éléments en apparence étrangers à l’élaboration littéraire, mais en réalité intimement liés à l’acte de création. Les seize contributions réunies examinent les différentes étapes de la production poétique de la Renaissance, de la composition d’une œuvre sa publication éventuelle et à sa réception.
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La douceur est une notion fascinante qui s’inscrit dans la hiérarchie des styles en même temps qu’elle s’en démarque; héritée de catégories antiques (suavitas, lenitas, venustas...), elle apparaît aux XVIe et XVIIe siècles comme le lieu d’une réflexion omniprésente dans le champ de la création littéraire et artistique, mais paradoxalement mal théorisée dans les traités de rhétorique et de poétique. Ce volume, à la suite du colloque dont il rend compte, explore la dimension théorique du doux, mais aussi ses formes et sa fortune dans une période entre Renaissance et classicisme où les écritures et les genres se redéfinissent. La douceur parcourt ainsi le champ poétique, de Lemaire de Belges, Saint-Gelais, Du Bellay, Ronsard, et même, en filigrane, D’Aubigné, jusqu’à La Fontaine, de l’inspiration néo-platonicienne à l’esthétique galante. Moins attendue dans la tragédie, elle nourrit pourtant la nouvelle conception du héros tragique autant que l’anthropologie spirituelle à l’œuvre dans Esther. Sa dimension philosophique, voire métaphysique, se déploie dans toute sa diversité chez Montaigne, Pascal où Fénelon. Le doux s’avère donc un carrefour où se rencontrent l’expérience de l’intime et l’harmonie cosmique, la sensualité et la spiritualité, l’art d’écrire et l’art d’aimer, la civilité honnête et la sagesse politique, le contexte littéraire et la théorie morale. L’élaboration et les infléchissements de cette notion subtile, explicitement rattachée au génie de la langue française, révèlent en fait les modifications profondes dont le XVIe et le XVIIe siècles sont le théâtre en matière d’esthétique, d’écriture, d’imaginaire culturel.
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La Renaissance de l’épopée présente une synthèse pionnière sur la poésie épique en France à la fin de la Renaissance, de La Franciade de Ronsard (1572) à la préface de Chapelain à l’Adone de Marino (1623). Elle exhume un corpus méconnu denviron quatre-vingts œuvres, composées quelquefois par de grands poètes comme Du Bellay, d’Aubigné, Du Bartas ou d’Urfé, souvent surprenantes, révélatrices toujours de l’esprit héroïque qui anime les contemporains des derniers Valois et es premiers Bourbon. Elle étudie la réception française des œuvres épiques de l’Antiquité, du Moyen Âge, de la Renaissance italienne, expose les théories poétiques et confronte la pratique à ces dernières.
Après Ronsard, le genre tend à se spécialiser en espèces qui ont chacune leur rhétorique, leur thématique et leur philosophie propres. L’ouvrage propose donc une typologie, chaque espèce du poème épique correspondant à des choix religieux, éthiques, philosophiques, politiques et esthétiques.
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Cornelis AUGUSTIJN,
Irena BACKUS,
Christoph BURGER,
Victor E. D'ASSONVILLE JR.,
Erik Alexander DE BOER,
Max ENGAMMARE,
Christian GROSSE,
Wim JANSE,
Jae Sung KIM,
Robert M. KINGDON,
Anthony N.S. LANE,
Christian LINK,
Mihály MÁRKUS,
Elsie Anne MCKEE,
Wilhelmus H. Th. MOEHN,
Barbara PITKIN,
Christoph STROHM,
Frans Pieter VAN STAM,
Jeffrey R. WATT,
Randall C. ZACHMAN
Elsie McKee, "Calvin and His Colleagues as Pastors: Some New Insights into the Collegial Ministry of Word and Sacraments"; Jeffrey R. Watt, "Childhood and Youth in the Geneva Consistory Minutes"; Christoph Strohm, "Methodology in Discussion of 'Calvin and Calvinism'"; Max Engammare, "D’une forme l’autre: Commentaires et sermons de Calvin sur la Genèse "; Cornelis Augustijn / Christoph Burger / Frans P. van Stam, "Calvin in the Light of the Early Letters" ; Christian Link, "Die Finalität des Menschen Zur Perspektive der Anthropologie Calvins"; Robert M. Kingdon, "Calvin’s last years"; Victor E. d’Assonville jr., "Dogma und Doctrina Bei Calvin in einer begrifflichen wechselwirkung: Ein Seminarbericht "; Wim Janse, "Calvin, a Lasco und Beza: Eine gemeinsame Abendmahlserklärung (Mai 1556)? Bericht eines Forschungsseminars mit offenem Ausgang"; A.N.S. Lane, "Calvin and Article 5 of the Regensburg Colloquy"; Jae Sung Kim, "Prayer in Calvin’s soteriology "; Barbara Pitkin: "Redefining Repentance: Calvin and Melanchthon"; Wilhelmus H.Th. Moehn, "Abraham – 'père de l’église de Dieu'. A Comparison of Calvin’s Commentary and Sermons on Acts 7:1-6 287"; Christian Grosse, "’En esprit et en vérité’? La part du rituel dans la culture religieuse réformée (Genève, XVIe siècle)"; Mihály Márkus, "Calvin und Polen. Gedankenfragmente in Verbindung mit einer Empfehlung"; Dr. E.A. de Boer, "Calvin and Colleagues. Propositions and Disputations in the Context of the Congrégations in Geneva"; Irena Backus, "Calvin’s knowledge of Greek language and philosophy";
Randall C. Zachman, "Crying To God on the Brink of Despair: The Assurance of Faith Revisited ".
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Un poète méconnu que ce Christofle Du Pré, sieur de Passy en Brie, dont le nom n’évoque en général que le titre qu’il a choisi pour son recueil poétique. On sait que les autres membres de sa famille appartiennent au Parlement de Paris, et lui-même, sans que l’on puisse préciser la nature de ses liens avec le Parlement, contribue par une odelette à La main d’Etienne Pasquier, recueil collectif de pièces composées à l’occasion des " Grands Jours de Troyes " de 1583. Un des sonnets liminaires des Larmes funebres nous apprend qu’il s’est rendu à Constantinople après la Saint-Barthélémy, peut-être missionné dans le cadre de fonctions au Parlement.
De retour de Constantinople, il épouse une veuve, Antoinette de Faucon ; quatre ans plus tard, en juillet 1577, elle meurt. Cette tragédie personnelle inspire à Du Pré Les larmes funebres, soixante-quinze sonnets et trois odes en mémoire de la disparue qui font de leur auteur, Passy, le Passionné par excellence, au sens christique du mot. Ce canzoniere très particulier est aussi une prise de position en faveur de l’amour conjugal – singularité revendiquée haut et fort, au moment même où Amadis Jamyn publie Le misogame et où Philippe Desportes, le poète à la mode, donne à lire des stances contre le mariage.