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Se croyant seuls, Lucifer, prince de l'Enfer, et son représentant sur terre, Satan, s'entretiennent et se félicitent des mauvaises actions qu'ils inspirent comme des bonnes qu'ils font omettre. Et c'est un vivant tableau d'une bonne partie de la société française à la fin du XVe siècle (le texte est publié en 1508) qui se déroule sous nos yeux, toutes les situations et toutes les conditions sociales y étant passées en revue.
Plus de vingt mille octosyllabes, où l'auteur, par un goût singulier de la difficulté et du paradoxe, confie l'exposé et la défense de la religion chrétienne la plus orthodoxe à ses deux ennemis lucides et définitifs ! Mis le mal de vivre n'épargne pas ces deux (pauvres ?) diables qui, tout à la fois, se cherchent et se déchirent, se critiquent et s'encouragent, se méprisent et s'entr'aiment, et qu'habite la nostalgie du paradis perdu. L'intention didactique et anagogique de l'oeuvre est évidente, mais c'est aussi (surtout ?) un splendide tableau de moeurs qui nous est offert, où les scènes atteignent au plus haut comique et où l'invention verbale est constamment renouvelée.