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Composé deux ans après le Mortifiement de Vaine Plaisance, le Cuer d’amour espris est un récit à la fois romanesque et allégorique qui raconte, sous la forme d’un songe, les aventures du Cœur. Sorti de la poitrine du narrateur par Amour, il devient un chevalier qui part à la conquête de Douce Merci, sa bien-aimée. Après bien des tribulations, il parvient dans l’île du dieu Amour, où il réussit à donner un unique baiser à Douce Merci. Mais il est grièvement blessé par ses ennemis. Douce Merci est contrainte de retourner en captivité et le Cœur va finir ses jours en prières à l’Hôpital d’Amour. Dans l’épilogue, René espère qu’il ne sera plus tourmenté par le dieu Amour, qui embrase les cœurs d’un désir douloureux. Le jeu parodique et l’humour confèrent au récit une tonalité particulière et une expression singulière et originale, qui ne manquent ni de charme ni de poésie. Le texte est illustré par la reproduction des seize miniatures de Barthélemy d’Eyck.
Gilles Roussineau est professeur émérite à Sorbonne Université.
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Le Mortifiement de vaine plaisance, « la Mise à mort du vain plaisir », est un traité de dévotion composé par René d’Anjou en 1455. L’auteur écrit pour les simples gens lais, « les simple laïcs », sans rechercher une expression savante ou citer des autorités ardues. Sous la forme d’une fiction allégorique originale, il raconte comment l’Ame pieuse se plaint de manière émouvante à deux allégories personnifiées, Crainte de Dieu et Parfaite Contrition, du plaisir illusoire qui la tourmente sans cesse. Le martyre subi par le cœur est décrit avec âpreté et les images sont crues. Elles reflètent les mentalités de la fin du Moyen Age, la dévotion à la Croix et la hantise de la mort. L’œuvre est imprégnée de spiritualit© franciscaine et des écrits de Jean Gerson. Les allégories sont mises en scène de manière théâtrale et les dialogues sont émaillés d’images suggestives destinées à convaincre, comme dans les sermons des prédicateurs de l’époque. Trois paaboles, qui développent des sujets empruntés à la vie quotidienne, sont contées avec une verve destinée à emporter l’adhésion. Comme dans les autres écrits de René d’Anjou, le texte est indissociable de son illustration, qui fixe dans les esprits les scènes les plus émouvantes du drame qui est relaté. Le texte édité est accompagné d’une traduction en français moderne. Il est assorti de variantes, de notes et d’un glossaire. La reproduction en couleur de seize miniatures complète l’ouvrage.
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Regnault et Janneton est une subtile et délicate pastorale de 1129 vers qui met en scène dans un cadre bucolique les amours du berger Regnault, le roi René, et de la bergère Janneton, la reine Jeanne. Le poème a probablement été écrit peu de temps après le mariage du roi avec Jeanne de Laval, sa seconde épouse, le 10 septembre 1454. Il est conservé dans un manuscrit unique de la Bibliothèque nationale de Russie, à Saint-Pétersbourg. L’œuvre a été composée pour être illustrée. Soixante-quatorze dessins à la plume rehaussés de couleurs à l’aquarelle encadrent le texte sur chaque feuillet. A l’origine, ils ont vraisemblablement été conçus par Barthélemy d’Eyck, le peintre favori de René d’Anjou. Les images suivent la narration avec une grande fidélité. L’action se déroule sur vingt-quatre heures, du matin du premier jour au matin suivant. En se dédoublant sous les traits du berger Regnault et du pèlerin-narrateur, René exprime son amour pour Jeanne de Laval, sa jeune épouse. L’œuvre est écrite avec verve et enjouement, sur un ton rendu vif et alerte par une versification habile et complexe. Une multitude de notations réalistes témoignent du goût de l’auteur pour la description de la nature et l’observation des espèces animales.
Depuis 1929, le poème n’était généralement plus attribué à René d’Anjou. A partir de critères linguistiques, biographiques, littéraires et iconographiques, Gilles Roussineau réattribue l’œuvre au roi René. Le texte édité est accompagné d’une traduction, de notes et d’un glossaire. La reproduction en couleur de seize peintures complète l’ouvrage.