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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER. BOUCHE BÉE
CHAPITRE II. DESSERRER L’ANGOISSE ?
CHAPITRE III. SAS (SUR LE RESSASSEMENT)
Spirales et asymptotes
Compulsion de répétition et double bind
Apophase
Face à l’ineffaçable
Pour ne pas finir
CHAPITRE IV. DANS L’APORIE DE L’ÉCRITURE
Paradoxes circonstanciels, et paradoxes ludiques
Le paradoxe pathétique (Rousseau), et son refoulement philosophique et social
L’écriture impossible (Flaubert), et le droit de se contredire (Baudelaire)
Dans le doute du Jeu suprême (Mallarmé)
La littérature vs la littérature
Un mot sur d’autres arts
CHAPITRE V. À L’ÉPREUVE DU NIHILISME
Nihilismes théologiques (1761, 1799)
Nihilismes politiques et révolutionnaires (XIXe siècle)
Nihilismes pessimistes et ontologiques (XIXe siècle)
Typologie des nihilismes (chez Nietzsche)
Quelques nihilismes post-nietzschéens (XXe siècle)
Traumatismes historiques et nihilismes (XXe siècle)
« Après le Déluge », ou : en finir avec le rien ?
CHAPITRE VI. DE LA JUBILATION
Approche bergsonienne (avec Baudelaire, Flaubert, Proust)
Approche freudienne (avec André Breton, et quelques autres)
Approche lacanienne (avec Sartre)
Approche barthésienne (avec Severo Sarduy)
Approche spinozienne (Misrahi et Comte-Sponville, avec Gide et Le Clézio)
Approche nietzschéenne (Onfray avec La Mettrie, Sade, Bataille, Sollers)
BIBLIOGRAPHIE
Références éditoriales
Bibliographie critique
INDEX
Il y a une qualité de la littérature moderne qui mérite d’être soulignée : l’obstination. Ecrire est un travail sans fin, inachevable, toujours en résistance face aux obstacles internes (les autocontradictions de la littérature) et externes (les grands traumatismes historiques). Ce livre plonge son lecteur dans les paradoxes d’une écriture qui s’obstine contre l’impossibilité d’écrire. Nous y voyons la littérature affronter la stupeur, l’angoisse, le ressassement, le nihilisme, soit qu’elle en fasse l’expérience jusqu’à s’y enfoncer elle-même, soit qu’au contraire elle tente d’y échapper. Car l’enjeu pour la littérature est bien un dépassement de la négativité, et l’avènement d’une parole jubilatoire. En effet, la fonction de la littérature n’est pas, ou pas seulement, de ressasser le malheur, mais plutôt d’amplifier le bonheur – et, cela, au bénéfice du lecteur : notre pratique patiente de la lecture n’est-elle pas aussi ce qui constitue obstinément la littérature ?
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Accréditant le propos de Barthes selon lequel «la modernité commence avec la recherche d’une littérature impossible», l’œuvre de Mallarmé se présente comme création ex nihilo: elle advient à partir d’un manque, d’un vide, d’un «rien» que le poète désigne comme «la pièce principale» du «mécanisme littéraire». L’origine de la voix poétique se profile en effet comme un néant sonore, un «creux néant musicien» où le vide devient un espace de résonance pour l’esthétiue de la virtualité qui, des Poésies à l’élaboration du «Livre», s’y déploie subtilement. Aussi, cet essai interroge-t-il les orientations suivies par Mallarmé pour nourrir les questions aiguës que l’œuvre nous pose encore aujourd’hui: comment l’impossibilité peut-elle être fondatrice de la création littéraire? Ou plutôt: comment, aussi chargée qu’elle soit de réminiscences, l’écriture poétique peut-elle naître du fait même de son impossibilité, voire de la reconnaissance lucide de son impossibilité, si ce n’est de la déclaration et de la visée même de son impossibilité? Avec la traversée mallarméenne des paradoxes et des apories, Eric Benoit éclaire les points nodaux d’une esthétique qui réclame la participation du lecteur. La réflexion proposée prend d’abord corps dans le recueil des Poésies, puis aborde les poèmes en prose, la Dernière Mode, les feuillets du Tombeau d’Anatole, avant les projets du «Livre» rêvé lui-même comme à la fois nécessaire et impossible, horizon inaccessible d’une aventure littéraire dont l’enjeu aura pourtant été le salut de l’homme et du monde.