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Comment représenter la manifestation de Dieu dans l’histoire et ses interventions dans le monde des humains ? Le défi à relever, pour les artistes chrétiens du Moyen Âge comme pour leurs éventuels conseillers, était de réussir à montrer l’Invisible de manière à la fois fidèle et respectueuse, en suivant les indications fournies par l’Écriture sainte tout en suppléant tant bien que mal à l’absence des précisions d’ordre spatial que l’œuvre d’art ne peut pas se dispenser de donner à voir. Si bien que la mise en image (peinte ou sculptée) d’une page de la Bible où il est rapporté que Dieu intervient, loin de se réduire à une simple illustration, fut toujours beaucoup plus : une hypothèse inventive, un choix, un pari, où se rencontrèrent la Révélation dont l’Église avait la garde et la sensibilité d’une époque, et où s’affichèrent les préférences d’une génération, les potentialités expressives d’un style, d’un support, d’un lieu. C’est aussi le lieu où a pu se dire, mieux peut-être que nulle part ailleurs, comment a été conçue, imaginée ou vécue, la rencontre avec Dieu. En témoigne cette formidable enquête au pays de l’art médiéval d’inspiration biblique. Quatre théophanies de l’Ancien Testament (Hospitalité d’Abraham, Buisson ardent, vision d’Isaïe et vision d’Ézéchiel) et cinq du Nouveau Testament (Baptême du Christ, Transfiguration, apparition aux disciples d’Emmaüs, vision d’Étienne le protomartyr et conversion de Paul sur le chemin de Damas) sont étudiées tour à tour par François Bœspflug, théologien devenu professeur d’histoire des religions à l’université de Strasbourg, historien de l’art et iconographe au long cours. Ce livre que lon peut dire d’exégèse picturale est indissociablement un traité de théologie biblique par l’image et un condensé d’anthropologie.
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Liberté et audace : pour ce qui est de représenter Dieu, sujet réputé « irreprésentable », l’art du Moyen Age occidental n’a pas son équivalent. Les douze chapitres du présent volume portent pour l’essentiel sur la figure de Dieu dans l’art médiéval, avec quelques débordements nécessaires en amont, vers l’art de l’Antiquité chrétienne, et en aval vers celui de la Renaissance. Après un article méthodologique en ouverture, portant sur les principes mêmes de la représentation artistique de l’Invisible, les chapitres se regroupent autour de trois centres d’intérêt : la figure du Père, les images de la Trinité et enfin des types iconographiques permettant d’observer le phénomène complexe, indissociablement artistique et spirituel, de la « sortie du Moyen Age ».
Ce livre de François Bœspflug, spécialiste de la représentation du Dieu chrétien dans les beaux-arts, renvoie au précédent titre de la même collection sur Les Théophanies bibliques dans l’art médiéval d’Orient et d’Occident. Ces deux livres font une paire et comblent opportunément une lacune. Ils sont comme les deux rives d’où observer un même puissant fleuve pictural, la rive de la peinture des interventions de Dieu dans l’histoire et celle de la constitution d’un lexique atemporel (les motifs) et d’une grammaire (les types) du divin chrétien.