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La longue vie du marquis de Bombelles, né en 1744 sous le règne de Louis XV, s’achève au début de l’année 1822. Son Journal, tenu quotidiennement de 1780 à sa mort, est la chronique de ce presque demi-siècle.
Le huitième et dernier tome de ce journal, qui couvre les années 1815 à 1822, aurait dû être le temps de la sérénité : la patrie retrouvée, la monarchie restaurée, la famille rassemblée. Il a surtout été le temps du désenchantement ; le marquis n’a pas reconnu, en 1815, le pays qu’il avait quitté en 1789 ; la cour de Versailles ne s’est pas reconstituée ; le roi lui-même n’est plus que l’ombre du souverain imaginé par le marquis. Sans doute Bombelles nous livre une vision nostalgique de ces années, mais aussi un récit vivant et fidèle du temps.
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Le cinquième tome du Journal du marquis de Bombelles donne à voir les pérégrinations d’une famille d’émigrés entre 1795 et 1800. Installés à Ratisbonne, les Bombelles fuient la progression des armées françaises et trouvent difficilement un refuge dans la petite ville de Brünn en Moravie, " cul-de-sac " de l’Europe, où le marquis connaîtra l’ennui, l’oisiveté et l’hostilité des autorités autrichiennes. Ces années signent le terme de la Révolution et, d’emblée, le retour de nombreux émigrés. Rien ne peut fléchir la foi monarchique de Bombelles, même si les chances d’une restauration du roi semblent s’éloigner, alors qu’un nouveau venu fait une apparition fulgurante sur la scène politique, le général Bonaparte. La plus cruelle épreuve pour le marquis sera la mort de sa femme en septembre 1800. A ce drame personnel s’ajoutent l’agonie du corps de Condé auquel il avait tenté de s’agréger, les soucis financiers et l’avenir compromis de ses fils.
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Voici le quatrième tome du Journal tenu par le marquis de Bombelles depuis 1780, date de la naissance de son fils aîné. Les deux premiers tomes évoquaient la vie de cour à Versailles, les débuts heureux d’une brillante carrière d’ambassadeur de Louis XVI; le troisième tome s’ouvrait sur l’année 1789 et l’écroulement des espoirs du marquis que nous retrouvons, dans ce quatrième tome, émigré avec sa famille sur les bords du lac de Constance en Suisse, avant de fuir vers Ratisbonne. Appelé à juger en historien les mémoires de Bombelles, le professeur Marcel Reinhard avait écrit: «L’intérêt du document de base est hors de doute… Le résultat [de coupures opérées dans le texte initial] fournit un récit distribué en notations journalières tantôt brèves, tantôt plus étendues, toujours allégées et toujours fidèles à la diversité des observations du rédacteur. Ainsi défilent personnages et groupes, familiers de la Cour et des princes, monde des ambassades, remarques et réflexions sur la diplomatie, la politique, les prix et l’économie, la famille et la vie quotidienne, en somme tous les aspects qui intéressent historiens et lecteurs.» Au cours des années 1793-1795, les plus cruciales de la Révolution, Bombelles s’est mué en contre-révolutionnaire intransigeant, mais porte toujours dans son exil, le même jugement pénétrant sur les événements de la France révolutionnaire, les coteries d’émigrés qu’il côtoie, les intrigues diplomatiques et la vie des cours des principautés allemandes de cette fin du XVIIIe siècle.