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La présente publication est la première édition véritablement critique des Mémoires de Philippe de Commynes. Elle comporte l’ensemble des variantes, quelque douze mille. Réalisée à partir des recherches les plus complètes sur les manuscrits et sur la réception éditoriale extraordinairement riche des Mémoires, elle fournit un instrument de travail entièrement inédit et un progrès considérable par rapport aux anciennes éditions (E. Dupont, 1840 ; B. de Mandrot, 1903 ; J. Calmette, 1924). Elle permet également de renouer avec une tradition scientifique rigoureuse, dans laquelle Commynes et son œuvre retrouvent toute leur place, leur diversité et leurs reflets contrastés. Diplomate, homme de procès, homme d’argent, armateur, confident des grands de son temps, écrivain, Commynes nous révèle la trame multiple de ses activités et réseaux européens. Augmentée d’un index analytique de 160 pages, d’un index des lieux et personnes de 250 pages, de notes abondantes établies à partir de recherches récentes et parfois inédites, l’édition de Joël Blanchard répond aux attentes des chercheurs et leur fournit un outil de travail indispensable. Elle constitue par ailleurs la pièce maîtresse de l’édition en cours à Genève du « corpus » commynien par Joël Blanchard, avec les lettres déjà publiées, et les « Pièces originales » à paraître (deux volumes).
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Voici enfin réunies les quatre-vingt-une lettres de Philippe de Commynes connues à ce jour. Elles constituent un des plus anciens recueils épistolaires de la langue française. La forte proportion de missives entièrement autographes ajoute au caractère exceptionnel de ce recueil et permet, ce qui est singulier pour le Moyen Age, de saisir les modes d’écriture et jusqu’aux habitudes graphiques de l’auteur. L’ensemble documente les quarante années que Commynes passa au service de trois rois : l’évocation des charges résultant de l’éminence de son rôle, des offices liés à la diplomatie émergente, mais aussi celle des aspects de son activité stupéfiante et des affaires «privées» nous fait osciller des leçons de l’histoire aux traits intimes de la «continuelle résidence», cette familiarité unique avec le prince. Toutes ces lettres concourent ainsi à reconstituer le réseau européen de Commynes : personnalités princières de Louis XI à Louis XII, membres prestigieux de l’état-major des Médicis, autorités de l’argent et de l’ombre défilent. Elles ramènent finalement à la genèse des Mémoires : la convergence de deux usages différenciés de l’écriture, respectivement liés aux missives et aux annales, mais nourris par les mêmes expériences et marqués au sceau du même pragmatisme, éclaire à la fois les mutations culturelles et politiques à l’aube des temps modernes et leur transposition dans le champ littéraire.