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En mars 1541 Etienne Dolet dédie à son protecteur Jean de Langeac, évêque de Limoges, un opuscule latin comportant trois parties: le De officio legati, sorte de manuel du parfait ambassadeur, le De immmunitate legatorum, qui traite de l’immunité diplomatique dans l’Antiquité, et le De legationibus Ioannis Langiachi, poème de 309 vers retraçant de manière dithyrambique la carrière diplomatique de Jean de Langeac. Au-delà de l’intérêt littéraire et philologique qu’ils présentent, ces textes nous révèlent l’idée que l’on se fait de l’ambassadeur et de sa fonction au milieu du XVIe siècle: s’il doit être cultivé, vertueux, prudent, agent de concorde et, bien sûr, fidèle à son souverain, il doit aussi, pour accomplir ses instructions, être maître dans l’art de la simulation et de la dissimulation, et ne pas hésiter à corrompre l’ennemi et à employer des espions. David Amherdt édite l’intégralité de l’ouvrage, où l’on retrouve nombre d’idées maîtresses de l’humaniste orléanais, et en donne la première traduction française.
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Etienne Dolet (1508-1546), philologue et libre-penseur humaniste, est célèbre pour sa fin tragique sur le bûcher. Ses œuvres poétiques, en néo-latin et en français, sont restées dans l’oubli. Pourtant, il composa maints poèmes, entre 1534 et 1542, pour célébrer la naissance de son fils Claude (Le Genethliacum Claudii Doleti) ou rendre hommage à la geste de François 1er (Les Francisci Valesii Gallorum Regis Fata). Dolet publia aussi un recueil d’épigrammes, en 1538, intitulé les Carmina. Outre son intérêt poétique lié à la vogue du genre épigrammatique en France dans les années 1530, cet ouvrage permet au lecteur de découvrir quelques aspects d’un auteur aux multiples facettes, poète un peu atypique qui joue les moralistes à ses heures et n’hésite pas à polémiquer âprement sur la question du style ou sur la rivalité franco-italienne, tout en montrant imprudemment son scepticisme en matière de foi. La présente édition adopte le texte du recueil voulu par l’auteur en 1538 et en propose une traduction précédée d’une étude consacrée à sa poétique.
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Poète, humaniste et imprimeur, Dolet ne connaissait pas la prudence. Des livres osés le firent arrêter deux fois. A la suite de sa première incarcération, en 1537, il fut gracié par le roi, qui aimait les bonnes lettres. Lors de la seconde, en 1542, il réussit à s'échapper, et caché à Troyes en Champagne, il rédigea en vers le récit de son Second Enfer: arrestation, prison, évasion, supplique au roi et aux grands. M. Longeon donne ici pour la première fois depuis 1868 une édition complète et annotée de ces épîtres de rhétoriques éloquentes: //// Ung homme est-il de valeur si petite? //// Est-ce une mouche? ou ung verms qui mérite /// Sans nul esgard si tost estre destruict? //// Hélas, malgré la poésie et l'éloquence, Dolet fut condamné et son bûcher flamba le 3 août 1546 sur la place Maubert.