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« Violent et extravagant ». C’est ce que l’historiographie a retenu de Charles IX (1550-1574). Devenu roi alors qu’il n’était qu’un enfant, il disparut avant son quart de siècle. De ses quatorze années de règne, on se souvient de sa passion pour la chasse, de son tempérament colérique et… du sang de la Saint-Barthélemy. Si l’histoire a souvent fait de lui un pantin entre les mains de sa mère Catherine de Médicis, l’histoire de l’art s’est peu attachée à son règne. Et pourtant, entre 1560 et 1574, les arts visuels, les lettres et la musique ont connu un véritable épanouissement en France. « D’un esprit prompt et vif, entre doux et colère » (Ronsard) le jeune roi, mélomane averti, fut écrivain et poète à ses heures. Les superbes portraits de Clouet gardent la mémoire de son visage et permettent de suivre les métamorphoses de ses traits au fil de sa brève existence. En même temps, tout un arsenal symbolique est déployé par les thuriféraires de la cour pour façonner l’image de la royauté qu’il est censé incarner. Ses adversaires en feront autant pour la détruire ou la détourner. Les études réunies dans ce volume mieux qu’esquisser les contours d’un hypothétique Charles IX mécène, ou que dresser un état des lieux des arts au temps du jeune souverain, étudient les nombreuses facettes, parfois contradictoires, de l’image du roi, réelles, symboliques ou imaginaires.
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L'essor pris par l'imprimerie et le livre illustré à Lyon au XVIe siècle est aujourd'hui pleinement établi, ne serait-ce qu'au regard de l'œuvre d'un Bernard Salomon. Néanmoins, le rôle qu'y joue la gravure sur cuivre, d'évidence considérable compte tenu des estampes conservées, demeurait méconnu. Sur la base de ce constat, Estelle Leutrat étudie un centre de production de la gravure en taille-douce qui fut parmi les plus actifs en France de 1520 à 1565 environ. Son corpus réunit principalement les estampes du Maître JG (autrefois identifié à Jean de Gourmont), de Georges Reverdy et du Maître CC, dont la production respective atteste à sa manière des débats intellectuels et religieux de l'époque. L'intérêt que porte l'auteur aux pratiques des graveurs, depuis les techniques de taille jusqu'au choix des modèles, confirme une fois encore la large circulation de formes entre la France, l'Italie et les Pays du Nord.
L'étude de ces œuvres, qui connurent un rayonnement européen, enrichit profusément notre connaissance de la vie artistique lyonnaise au XVIe siècle.