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Bien vite au XVIe siècle, les protestants réformés se mirent à chanter des psaumes haut et fort dans les églises, mais aussi dans les rues, sur les places, par les champs. Pendant plus de quatre siècles, les textes et les mélodies ont été modifiés, adaptés, transformés. On revient ici au texte édité en 1562, tout en en modernisant l’orthographe, la ponctuation et quelques expressions vieillies ou inadaptées. On chante ainsi le Psaume 42, « Comme un cerf altéré brâme Après le courant des eaux » avec les paroles originales : « Comme on entend le cerf bruire Pourchassant le frais des eaux ».
Après la première édition critique du Psautier protestant réformé paru dans la même collection (Texte courant 9), Max Engammare propose une transcription en français moderne avec la musique à une voix transcrite par Alice Tacaille. Ainsi, peut-on à nouveau entonner, dans ou hors une église réformée, les Psaumes versifiés par Clément Marot puis Théodore de Bèze, comme on les chantait à Genève, La Rochelle, Londres ou Francfort, au XVIe siècle.
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Le chant des psaumes n’est pas une invention de la Réforme, mais au XVIe siècle il n’est plus réservé aux couvents et aux chapitres, aux moines et aux clercs. C’est l’ensemble de la communauté croyante qui donne du ceur et de la voix pour élever ses psaumes à Dieu, d’abord à Wittenberg, à Strasbourg puis à Genève et dans la France réformée. Un jubé sonore est tombé. Entre 1531 et 1561, s’élabore un monument identitaire qui force toujours l’admiration : la paraphrase versifiée des cent cinquante Psaumes qui va s’affirmer comme le Psautier huguenot. Clément Marot, puis Théodore de Bèze sont les auteurs à l’œuvre : le premier est le plus grand poète d’expression française du XVIe siècle avant Ronsard, le second, l’un des plus grands poètes néo-latins du même siècle ardent.
On offre ici la première édition critique du Psautier paru à trente mille exemplaires au début 1562 (le plus gros tirage du premier siècle de l’imprimerie), avec les sources, références et variantes, ainsi que les essais de Jean Calvin. Dans une longue introduction, Max Engammare étudie entre autres la langue des deux poètes, leur poétique, l’hébraïsation de la langue française. En fin d’édition, il donne un glossaire très complet.
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Le manuscrit de Clément Marot, conservé au Musée Condé de Chantilly, était resté inédit jusqu’ici. Il s’agit d’un recueil de cent quarante poèmes remis en mars 1538 par l’auteur au connétable Anne de Montmorency, Grand Maître et nouveau Connétable de France. Ce témoin important méritait d’être publié pour trois raisons principales. Tout d’abord, il est le seul manuscrit composé par Marot lui-même que nous possédions et jouit d’une autorité bien établie. Ensuite, il contient plusieurs pièces restées inédites au XVIe siècle, la plupart ayant été composées soit pendant l’exil du poète à Ferrare, soit entre sa rentrée à la Cour (mars 1537) et la date de la remise du manuscrit (mars 1538). Enfin, ce recueil constitue un ensemble lyrique cohérent, divisé en sections bien définies et conçu pour être lu non seulement par un grand personnage influent dont Marot voulait attirer la sympathie mais, au-delà, par toute la cour de France auprès de laquelle l’ancien exilé cherchait à retrouver sa place au soleil. On prendra ainsi connaissance de poèmes sous la forme où ils ont circulé en haut lieu, avec des renvois appropriés aux versions ultérieures imprimées. Cette édition critique s’accompagne d’une reproduction de l’intégralité du manuscrit en fac-similé. Elle permettra de saisir un moment privilégié de l’œuvre du « Prince des poëtes françoys ».