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L’Oratio tragedica est un texte de dévotion, inédit, composé par Philippe de Mézières (1327-1405), à l’époque où il rédige le Songe du Viel Pelerin (1389-1390). Cette véritable « dramaturgie de l’âme », écrite en latin, éclaire tous les visages du Chevalier, désormais retiré dans sa cellule du couvent des Célestins de Paris, mais qui ne saurait oublier qu’il fut le conseiller ou l’interlocuteur de six rois, de plusieurs papes et tant de princes… Un tel oubli nous serait interdit à nous aussi, qui prétendons approcher, dans sa complexité, ce quatorzième siècle traversé et comme illuminé par Mézières. Si l’Oratio s’inscrit dans la tradition médiévale des textes spirituels, elle révèle, jamais interrompue, la passion lancinante de délivrer les Lieux Saints et d’atteindre par là la double ambition de faire œuvre sainte d’écrivain et d’accomplir pleinement le service, le devoir du chrétien.
Première édition critique du texte latin, ainsi que première traduction française de l’Oratio tragedica, revues et corrigées.
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Philippe de Mézières : un nom qui sonne haut et clair, avec des dates de vie connues (1327-1405). Au-delà, un quasi-inconnu. Un des personnages majeurs de son temps, qui n’était pas loin de sombrer dans l’oubli complet. Et pourtant ! « Petit chevalier picard », comme il le dit de lui-même, il sera conseiller et interlocuteur de cinq rois, voire six, deux empereurs et deux papes, croisé à moins de vingt ans – un choix qui le marquera pour la vie dans son esprit, son action et son œuvre , voyageur inlassable et actif à travers toute l’Europe et en Orient, écrivain prolifique et penseur puissant, homme d’influence et de passion. L’ignorer reviendrait à perdre des pans importants de l’histoire et de la pensée de son temps, occulter, dans sa complexité, cette « géographie de l’action » qu’il symbolise mieux que personne. Comment ramener Philippe de Mézières à la lumière, sinon en rendant d’abord au public, savant ou plus large, son œuvre écrite, en commen§ant par ce qui en est sans doute la pierre angulaire, le Songe du Viel Pelerin ? Joël Blanchard en avait donné une traduction magistrale en 2008. Il nous livre aujourd’hui l’édition critique nécessaire du Songe, ce stupéfiant « récit de voyge » dans une Europe multiforme et secouée de cent crises, qui est en même temps, décliné sur un échiquier symbolique, un programme de « réformation » du monde chrétien, aussi structuré qu’utopique. Le souffle prophétique en est d’une rare puissance. are puissance.