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Pourquoi, à l’automne de la Renaissance, Isaac Casaubon, intellectuel protestant, brillant et peu fortuné, décida-t-il de se consacrer aux textes grecs au point d’être salué par ses contemporains comme le meilleur helléniste de sa génération ? Quelle représentation se faisait-il de ces textes ? Comment justifia-t-il, à ses propres yeux comme à ceux d’autrui, de s’y spécialiser ? Hélène Parenty mène l’enquête sur ces questions et montre que, plus généralement, c’est la conception que l’on se fait à l’époque de l’étude des lettres – irréductible à notre moderne littérature – qui est en jeu. Grammaire ou polymathie, philologie ou “studia humanitatis” : cette science aux contours flous, peu valorisée institutionnellement, est en quête d’identité. Promouvoir le grec, à travers des discours, mais surtout des pratiques, c’est aussi en définir la discipline et lui ménager une place dans l’architecture des savoirs.