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Les Illuminés, publié en 1852 avec le sous-titre polémique et ambigu Les Précurseurs du socialisme, est un ouvrage énigmatique. Ce recueil de six portraits d’«excentriques de la philosophie» ne rassemble ni des «illuminés» ni des «socialistes» au sens strict, et surprend le lecteur par sa récusation de la catégorisation figée comme par sa composition rhapsodique. Écrits de seconde main pour la majeure partie, faits d’un montage de citations ou de plagiats, ces portraits restaient méconnus ou mal compris par les critiques nervaliens. Témoignent-ils de l’adhésion de l’auteur à une Illuminisme ? Sont-ils une création de Nerval ou plutôt le simple assemblage de textes appartenant à d’autres ? Pourquoi Nerval a-t-il choisi ces personnages marginaux plutôt que des autres figures majeures de l’Illuminisme ou du socialisme ?
Pour répondre à de telles questions, Keiko Tsujikawa établit et interprète le dossier des Illuminés en exploitant les livres et documents cités ou consultés par Nerval lui-même. Chaque portrait est en outre rapporté au contexte historique, politique, social, religieux et littéraire, du moment de sa parution. Enfin, la singularité des Illuminés dans l’ensemble de l’œuvre nervalienne augmente le sens et la portée de cette résurrection littéraire du passé, à travers, notamment, les interrogations de Nerval sur l’histoire et le temps historique.
Trois fils rouges tissent l’ensemble du recueil : le politique, le religieux ainsi que l’histoire au lendemain de la Révolution française. Contre la rupture de l’histoire moderne, Nerval suggère la persistance d’un autre temps, celui des limbes, qui préserve la survie des rêves, non aboutis dans le passé, ce faisant fructueux pour l’avenir. ’avenir.