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AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
Présentation générale
Intersections et retombées de la kairologie
Entre l’ange et Hermès : la tresse kairologique
Plan
PREMIÈRE PARTIE
L'ANCIENNE ENTENTE
CHAPITRE PREMIER
LA POÉTIQUE DES PRÉSOCRATIQUES ET DES SOPHISTES
Toute poétique est-elle héraclitéenne ?
Héraclite : saint patron de l’herméneutique ?
Héraclite et les sophistes
La décision d’Aristote
Rester à sa place : la naissance de la philosophie comme
douleur de l’exil
Les avatars du kairos dans la pensée grecque d’Homère
à la fin du ive siècle avant J.-C.
CHAPITRE II
LA FORME ET LE LIEU CHEZ PLATON ET ARISTOTE :
UN HÉRITAGE ASYMÉTRIQUE
Khôra vs topos
L’héritage du topos ou le règne d’Aristote sur l’espace
occidental jusquà Descartes
La créativité mélancolique :
la plasticité à l’écoute des circonstances
De la plasticité à la métamorphose :
Protée, figure du mélancolique
CHAPITRE III
LA RENAISSANCE PERPÉTUELLE
Perpetuum mobile
La poétique du change Montaigne :
persévérer dans son « naître »
Poétique et cosmologie coperniciennes
(de Giordano Bruno)
Léonard, peintre des analogies
DEUXIÈME PARTIE
LE DIVORCE DE LA FORME ET DU LIEU,
L'OUBLI DE KAIROS
CHAPITRE IV
UNE NOUVELLE IDÉE DE NATURE
CHAPITRE V
LE CONCEPTISME OU L’IMPRÉVISIBILITÉ
DE LA MERVEILLE
La critique de la mimêsis
Le fonds aristotélicien de la théorie de l’ingenio
Graciàn, l’art de la contingence
CHAPITRE VI
L’IDÉE D’ÉNERGIE ET LA NAISSANCE DE L’ESTHÉTIQUE –
UNE ÉMERGENCE COMMUNE À LA FIN DU XVIIIe SIÈCLE 171
La temporalisation de l’expérience du beau
Un précédent : la Querelle des Anciens et des Modernes
Retour sur la genèse de l’autonomie esthétique
CHAPITRE VII
LA PENSÉE DU VIVANT AVANT DIDEROT
Crise de la notion aristotélicienne de forme et de
l’animisme : la réponse cartésienne
Les difficultés du cartésianisme : du calcul au récit
Les contradictions du mécanisme cartésien : l’embryologie
comme pierre d’achoppement
CHAPITRE VIII
DIDEROT, RÉENCHANTER LA MATIÈRE
Le rêve de d’Alembert contre les illusions newtoniennes
Diderot, poète de la circonstance
CHAPITRE IX
LA THÉORIE DES CLIMATS CHEZ MONTESQUIEU,
UNE KAIROLOGIE ?
La morphologie de Montesquieu : une poétique de l’espace
social
Et kairos redevint spatial
CHAPITRE X
BUFFON, « LE NEWTON DU MONDE ORGANIQUE »
Un modèle : la peinture d’histoire
Une poétique de la Nature
CHAPITRE XI
LA MORPHOLOGIE GOETHÉENNE – UNIFIER FORME
NATURELLE ET FORME ARTISTIQUE
Pour une approche qualitative des couleurs :
l’optique diagrammatique de Goethe
Une morphologie transformiste
TROISIÈME PARTIE
LE PARADIGME MORPHO-HERMÉNEUTIQUE –
QUAND PRODUIRE, C’EST INTERPRÉTER
CHAPITRE XII
DU TRANSFORMISME À LA NÉOTÉNIE, DE LA POÉTIQUE
DU VIVANT À « L’INACHEVÉ DE SOI »
Lamarck et Leibniz : la double articulation de la matière
Par-delà la vie et la mort, par-delà Stahl et Bichat
Adaptation vs Progression
La néoténie est la condition de la culture : l’Homo Desirans
de Renaud Barbaras
La domestication : filtrer Kairos
CHAPITRE XIII
NÉOTÉNIE ET NOMADISME :
DES PROMENADES SANS BUT, SI CE N’EST SOI
De l’« espace de couvaison » au « champ matriciel »
La dérive : une double articulation de l’espace
CHAPITRE XIV
LA KAIROLOGIE PSYCHIQUE ET COLLECTIVE
DE SIMONDON
Le transindividuel : quand l’autre est une occasion
L’absence de l’autre, l’impasse de l’angoisse
Transindividuel et polarisation
Quand l’altérité est une réserve de devenir : les interactions
kairologiques
CHAPITRE XV
FAÇONS DE LIRE, MANIÈRES DE DEVENIR – LA LECTURE
COMME OCCASION D’UNE ETHOPOÏÉTIQUE
L’individuation par la lecture
Pour une sémiophysique de la lecture
Ecologie, thermodynamique et psychogéographie de la lecture
Lecture et écologie attentionnelle
De l’habitus de Bourdieu à l’habitus de Mauss :
du « déjà-lu » au « déjà vu »
Phrase-type : accords d’intensité
Le Narrateur hors d’aplomb
CHAPITRE XVI
QUAND KAIROS SAIT FAIRE : L’HERMÉNEUTIQUE
DE LA CIRCONSTANCE DE STANLEY FISH
La lecture comme fitness
Le sens comme affordance
CHAPITRE XVII
ÉCOLOGIE ET KAIROLOGIE DE L’ATTENTION
L’écologie de l’attention comme écosophie de l’interaction
« Je ne fais jamais attention tout seul »
Enseigner par le transindividuel
CHAPITRE XVIII
L’ÉLARGISSEMENT DES CERCLES HERMÉNEUTIQUES :
DE LA KAIROLOGIE DE L’HUMAIN À LA KAIROLOGIE
DU VIVANT
La théorie de l’enaction de Varela, Thompson et Rosch
La texture de l’Umwelt animal
Le mollusque einsteinien comme paradigme kairologique
chez Valéry, Cézanne et Klee
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
Sources primaires
Sources secondaires
INDEX
REMERCIEMENTS
La kairologie, telle que la cerne Thomas Vercruysse, est une attitude de pensée qui privilégie la circonstance plutôt que l’essence, la métamorphose plutôt que la substance. Ce livre montre comment la saisie de la circonstance et de ses chances réclame la labilité de la métamorphose : saisir l’occasion, profiter des circonstances, c’est ne pas rater une seule occasion de se métamorphoser, de suivre l’air du temps que l’on respire, qui nous modifie et que l’on modifie. La kairologie pourrait bien servir la cause des sciences humaines dans la mesure même où elle permet de repenser la cause dans les sciences humaines. Penser en termes de kairos, c’est refuser le déterminisme causal, peu susceptible d’éclairer les phénomènes humains et biologiques – leur créativité, leur imprévisibilité, leur inventivité.
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TABLE DES MATIÈRES
Première partie
FORCLUSION ET FORMALISME :
LA CARTOGRAPHIE ANALYTIQUE
Chapitre premier. La méthode comme démarche spéculaire : Le risque du figement
La reprise valéryenne de la mathesis universalis de Descartes
De l’Ars magna de Raymond Lulle à la Lingua generalis de Leibniz
Du formalisme de Hilbert à la machine de Turing
Les Narcisses valéryens : de la spécularité à la normopathie
La "pensée" comme perte du "penser" chez Michaux
Chapitre II. Du pouvoir scopique au voeu d’intégration
Le modèle du déterminisme de Laplace chez Valéry et le Moi – Redivivus
Gladiator : la volonté de possession
Du souci cadastral à l’héritage de l’atman chez Segalen
Chapitre III. Organisme et symétrie
Les "degrés de symétrie" de Léonard et de Teste
La consistency de Poe
Plis et symétries de Mallarmé
Du modèle réflexe à la "symétrie agitée" chez Valéry
Deuxième partie
LES FRAGMENTATIONS DE L’ÉDIFICE
Chapitre premier. La césure du spéculatif
Le cogito kantien: "je" est une coquille vide
La conscience malheureuse d’Hölderlin
Le contre-cogito-valéryen : la self-variance
Valéry et Artaud, figures de la pensée convulsive
Chapitre II. Principes de la cruauté et de la défiguration: "forcener les subjectiles", déformer les figures
L’oeil noir de Valéry
Investir les frontières, dissoudre les limites : vers une pensée de la force chez Artaud et Valéry
Le travail diagrammatique, la force oubliée du signe
Axiomatisation et empiètement
"Désemparer la figure"
Chapitre III. L’hétéropoïétique, le "jeu" du déterminisme
Mallarmé : hasard contre nécessité
Briser le cercle du Même : le surgissement de l’autre chez Valéry
Echapper aux coordonnées : le clinamen de Michaux, l'"antipode boréen" de Segalen
Troisième partie
LA CARTOGRAPHIE POÉTIQUE :
LES AVATARS DU POÏEIN
Chapitre premier. L’esthétique valéryenne de la danse .
La danse: un art transcendantal?
La danse hors la scène: la "philosophie" valéryenne de la danse
"De la danse" à "L'infini esthétique"
L’intensité de la danse : une « poésie générale des actions humaines"
Un espace-temps sans dehors
Chapitre II. L’espace de l’extase : l’apport de l’esthétique de Straus à la compréhension du poïein valéryen
Espace lisse et espace strié
Son et espace originaire
Aisthèsis et poïesis
Merleau-Ponty et Valéry : l’expression ou le sentir
L’esthétique comme dévoilement progressif : de Hegel à Klee, Straus et Valéry
Esthétique, épistémologie et poïétique (Straus, Mach, Valéry et Michaux)
Chapitre III. La cartographie de l’informe chez Georges Bataille : le signe comme symptôme dans Documents
La notion de dépense comme inclination vers le processus
Aspects de la poétique bataillienne de linforme dans Documents
Chapitre IV. Le tracé du hiéroglyphe : la danseuse de Mallarmé
Mallarmé et le rituel de l’Idée
Le Ballet, plutôt que le théâtre ou la musique
Conclusion
Bibliographie des ouvrages et articles consultés
Index
Sous le nom de « cartographie poétique », ce livre entend décrire une conception de la création commune à des écrivains, essayistes et poètes, comme à des peintres, des philosophes et des scientifiques. Cette création échappe à l’intelligence de type déductiviste, à la pensée du programme, pour s’affirmer comme imprévisibilité et puissance inductrice susceptible de s’épanouir dans des rythmes, des tracés ou des enchaînements conceptuels. C’est donc aussi à une critique de la pensée analytique que cet essai se livre, afin d’en cerner les impasses et les empêchements et de promouvoir une dialectique ouverte qui est contact du sujet créateur avec un monde qui le colore, dans le mouvement même où celui-là le cartographie. La dite cartographie, s’employant à cerner les ressources de l’esprit en acte, en vient à ne pas se limiter à une topographie mentale, forcément réductrice, pour embrasser, à l’instar de Valéry, la triade du « Corps-Esprit-Monde » et en traduire les intersections. La figure de ce sujet cartographe est idéalement la danseuse, incarnation d’une subjectivité rénovée par l’extase.