-
Secret, déconcertant, inclassable ; tels sont les traits régulièrement prêtés au poète et essayiste d’origine belge Henri Michaux (1899-1984), au risque de priver ses lecteurs d’une meilleure connaissance de l’œuvre, et notamment de son inscription dans l’histoire.
Pour remédier à cette lacune, il était nécessaire de situer l’auteur et sa démarche dans la littérature de son temps. En associant les méthodes de la sociologie et de l’histoire littéraire, David Vrydaghs reconstitue la trajectoire de l’écrivain dans les champs littéraires belge puis français de l’entre-deux guerres, à une époque où la critique parle encore peu de lui. On découvre ainsi un Michaux bien différent de celui de la légende : prompt à se situer comme à évoquer son époque, attentif à la littérature de ses contemporains et désireux de s’en distinguer.
Relevant un tel écart entre la période donnée et les commentaires critiques ultérieurs, Michaux l’insaisissable interroge les éléments qui ont rendu possible et imposé cette réception de l’œuvre. En effet, l’investigation proposée ne se cantonne pas à une analyse des premiers discours critiques conséquents (Gide, Blanchot, Bertelé et Bellour), mais tient également compte des interventions du poète. Et cela, de manière à montrer comment, à partir de la Libération et dans un contexte de politisation accrue, Michaux a travaillé à se rendre insaisissable.
David VRYDAGHS, né en 1977, est docteur en Philosophie et Lettres de l’Université de Liège et chargé de recherches au Fonds national de la Recherche Scientifique belge. Il a collaboré à l’Histoire de la littérature belge (1830-2000) publiée chez Fayard en 2003.