-
Le corps à l’œuvre étudie la réception, très débattue, du moulage sur nature. Les empreintes de Geoffroy-Dechaume que les expositions récentes ont révélées au public, La Femme piquée par un serpent de Clésinger, qui émut en son temps, mais passe inaperçue des visiteurs du Musée d’Orsay aujourd’hui, la Pythie de Marcello toujours visible à son emplacement d’origine à l’Opéra, L’Age d’airain et le Balzac de Rodin, dont on admire toujours les exemplaires en bronze, enfin, La Danseuse de Falguière, dont on a perdu la trace, sont autant d’œuvres qui nourrissent la réflexion sur le naturalisme de la sculpture , au XIXe siècle, et sur le statut du modèle. Au cœur du problème se trouve l’imaginaire du corps tel qu’il hante la pensée de l’art. Pour le saisir, Jean-François Corpataux multiplie les points de vue : anthropologie, histoire de la réception, psychologie du sujet, analyse formelle, connaissance des techniques sont tour à tour convoquées. Un thème néanmoins domine : le jeu entre animation et pétrification. L’auteur, rendant hommage aux études antérieures les plus stimulantes, a cherché à en développer les implications de façon originale, et à donner une image d’ensemble nuancée des mécanismes matériels, intellectuels et psychiques qui gouvernent la création et la réception de la sculpture dans la seconde moitié du XIXe siècle.