L’année 1770 fut marquée par divers événements notables. Ce fut l’année de l’infortuné mariage du dauphin avec Marie Antoinette d’Autriche. Ce fut aussi en 1770 que l’Eglise, en accord avec le Parlement de Paris, chercha à endiguer la publication des écrits considérés dangereux. Les ouvrages condamnés conjointement par ces deux institutions étaient principalement ceux de Voltaire et d’Holbach. En fait, l’Eglise se révéla incapable d’influer sur l’opinion de façon efficace, et le Parlement devait avoir bientôt des préoccupations plus sérieuses. Ses rapports avec le roi étaient tendus depuis longtemps. Finalement Louis XV décida d’intervenir avec décision. En 1771, les parlementaires furent bannis de Paris et leurs charges confisquées. Le roi demanda à Maupeou de constituer un nouveau Parlement privé de toute autorité politique. C’est ainsi que Louis XV affirma avec éclat son pouvoir absolu. C’est environ à cette époque que Rousseau revint à Paris. Son g©nie était désormais reconnu et son retour fut vivement acclamé, dans bien des cas avec ferveur. Quant à la renommée de Voltaire, elle était établie de longue date et l’on pensait qu’une consécration s’imposait. A cette fin, on lança une s?uscription dont les fonds furent utilisés pour commander à Pigalle une statue de Voltaire. L’ouvrage terminé, il fut accueilli avec désapprobation et dut demeurer dans l’atelier de Pigalle jusqu’à la mort de ce dernier. De manière générale, les écrivains envisageaient l’avenir avec confiance parce que des progrès paraissaient possibles. Pour Louis Sébastien Mercier, les progrès étaient vraiment inéluctables, la conséquence d’une révolution violente. Dans son récit L’an deux mille quatre cent quarante (1771), il décrivit ses vues sur la société future, où régneraient la paix et le bonheur, grâce au gouvernement d’un roi paternel. Son roman se situait en France, dans un avenir qui n’était guère lointain.