Sans qu'Erasme ne s'y soit jamais rendu, sa pensée trouva en Espagne le terreau d'un mouvement précoce et vivace, nourri des exigences intellectuelles et spirituelles de l'Humanisme, et qui semblait tellement propice à son épanouissement rénovateur qu'il devait en inquiéter le pouvoir et subir bientôt ses persécutions. “ Il fallait, pour saisir et pour interpréter une histoire que domine le travail des intelligences et la passion multiple de la vie religieuse, une aptitude singulière à discerner toutes les nuances de la pensée, des inquiétudes et des espérances... L'auteur d'Erasme et l'Espagne a rempli tout le programme que le titre de son livre lui imposait ; avec quelle sûreté historique de méthode, avec quel sens et quelle intelligence des problèmes d'ordre intellectuel et religieux, avec quel talent et quelle maîtrise, tous les historiens de l'Espagne et de la Renaissance le savent depuis longtemps. ” (Renaudet, Erasme et l'Italie, Droz, 1998). Dans sa préface, Jean-Claude Margolin inscrit la thèse magistrale de Marcel Bataillon dans une large perspective, depuis la réception de l'œuvre, dès 1937, jusqu'aux recherches érasmiennes les plus récentes.