Cet ouvrage est le prolongement du projet de recherche Impropal réalisé au sein de la Haute école de musique de Genève en 2010-2011. Ce projet, à la fois théorique et pratique, était né de la volonté de contribuer à combler l’espace séparant la connaissance des sources (souvent partielle) et la pratique musicale contemporaine de la musique ancienne. Il visait à réévaluer la place de la diminution vocale et instrumentale dans l’exécution de la musique polyphonique du xvie siècle, au moyen d’une relecture des sources et d’un dispositif original d’expérimentation avec les étudiants (cours et master classes), centré sur la musique de Palestrina.
Une fois le projet terminé, il est apparu que le matériel rassemblé pouvait faire l’objet d’une publication qui comblerait un grand vide, et serait même la première du genre à présenter une sélection représentative de sources décrivant les techniques de diminution, accompagnée d’un commentaire à destination des instrumentistes, chanteurs, praticiens divers mais aussi de tous ceux qui s’intéressent à la musique des années 1530-1600.
Le livre s’ouvre par une réflexion sur les problèmes que pose l’exploitation des sources directes et indirectes de la diminution et fait le point sur les travaux musicologiques exis- tant sur le sujet (Liselotte Emery). Le premier chapitre est suivi d’une réflexion critique pro- posant des solutions pratiques sur les différents aspects de la diminution décrits dans les sources (William Dongois). Ce commentaire renvoie à la troisième partie de l’ouvrage, la plus conséquente, constituée d’une anthologie de documents concernant la pédagogie de la diminution et de l’ornementation au temps de la polyphonie palestrinienne (traduites en français, présentées et commentées par Christian Pointet). L’anthologie est complétée par un glossaire et un index permettant de confronter les notions évoquées dans les sources aux questions concrètes que les interprètes se posent aujourd’hui.
Les auteurs espèrent que ce livre permettra de jeter les bases d’une autre esthétique de l’exécution de la musique de Palestrina (et de la polyphonie en général), en rompant avec l’idée répandue que la diminution, pratiquée de nos jours essentiellement par des instru- mentistes, ne serait qu’une démonstration de virtuosité, un monde à part et non un mode de production du son à part entière, et une manière normale de rendre vivante la musique écrite de la Renaissance.