Théodore de BÈZE
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Les Satyres chrestiennes de la cuisine papale ont été imprimées à Genève en 1560, sans nom d’auteur, par Conrad Badius. Cette charge virulente contre l’Eglise de Rome, qui répond également aux pamphlets français contre les réformés, est remarquable à plus d’un titre: son texte enlevé, d’une réelle tenue, se distingue par le soin accordé à la langue, où fusent jeux de mots salaces, calembours savoureux et allusions osées, avec un humour corrosif qui rappelle Rabelais.
Qui en est l’auteur? Cette oeuvre singulière a été longtemps attribuée, sans preuve, à l’imprimeur lui-même, Conrad Badius, et parfois même à Pierre Viret. Charles-Antoine Chamay rejette ces attributions au profit de Théodore de Bèze, le réformateur qui succédera bientôt à Jean Calvin. L’édition qu’il donne des Satyres élucide les enjeux d’un texte trop longtemps occulté.
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Pour les Eglises réformées de France, l’année 1584 marque un faux calme avant la tempête que sera celle de la Ligue, car le duc d’Anjou, frère d’Henri III et son héritier, meurt et le huguenot Henri de Navarre, le futur Henri IV devient l’h©ritier du trône. Bèze a donc toutes les raisons de se réjouir: la paix règne en France, l’héritier présomptif est un prince protestant dont il a toujours suivi avec grande sympathie l’éducation et la formation. L’inquiétude pointe cependan: ce prince saura-t-il résister aux pressions? Déjà, Epernon, au nom d’Henri III, l’avertit: Henri ne succèdera que s’il se convertit. Et cette paix si souhaitable que cache-t-elle? Inquiétudes aussi et surtout pour l’Ecosse, dont le roi veut rendre l’Eglise aux évêques, en sacrifiant l’organisation presbytérienne. Pour l’Angeterre, où l’on n’aime pas non plus la discipline ecclésiastique que prône Bèze. En Allemagne, la belle aventure de l’archevêque de Cologne qui passe à la Réforme, tourne au désastre. Mais le Palatinat revient au Calvinisme avec Jean Casimir. Bèze encourage son ami Grynaeus à terminer sa tâche à Heidelberg alors que l’année précédente il lui reprochait de quitter trop longtemps son poste bâlois.
¢lois.
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En général, Bèze parle très peu de Genève dans ses lettres ; il admet que tout s’y déroule normalement, comme il sied à une ville-Eglise qui s’offre en modèle aux autres Eglises réformées. Mais le t. XXIII constitue une exception et une confirmation de cette règle, car 1582 est l’année de la " guerre de Raconis ", soit la première tentative du nouveau duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier, pour s’emparer de Genève. Bèze sollicite les Eglises de France, qui envoient des troupes, cependant que les Suisses s’interposent, à la suggestion du roi de France, entre la Savoie et Genève alliée de Berne. Un arbitrage est prévu, qui fera long feu. Année traversée d’angoisses, qui n’ont pas empêché Bèze de publier le t. III de ses oeuvres théologiques (Tractationes) et une nouvelle édition de son Nouveau Testament gréco-latin cum annotationibus majoribus.
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