Alain DUFOUR
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Le volume de 1597 contient la suite des événements, et des découvertes documentaires. Parmi les premiers, Henri IV achevant sa guerre contre l’Espagne par la reprise d’Amiens. Devant cette ville se retrouvent tous les amis du roi : il n’y manque que les protestants. Mais les alliés des Pays-Bas font merveille de leur côté, et le roi emporte enfin le morceau ! Ce qui déclenche l’effondrement de l’Espagne, dont le roi, Philippe II, est très malade, et décide le pape à se réconcilier avec le roi de France. Le traité de Vervins et l’édit de Nantes se profilent à l’horizon. — Parmi les nouveautés : la grande et belle édition des Poemata de Bèze, grâce à la générosité des Zastrisell, grands seigneurs de Moravie. Grâce au fait que l’empereur Habsbourg est pris par la guerre contre les Turcs, les protestants de Silésie et de Moravie sont à leur apogée. Ils peuvent envoyer leurs enfants à l’Académie de Genève. On découvrira aussi l’esquisse d’une réponse de Bèze à Jean de Sponde, au sujet des marques de l’Eglise. Et aussi le texte d’une de ces Tabellae inconnues de Caspar Peucer, celle sur la Justification. Du nouveau aussi sur ce compositeur de musique auvergnat et lyonnais, François Gras, dont on ne connaissait guère que le nom. Enfin et surtout, ce qui fut le coup de tonnerre de 1597 : les jésuites faisant courir le bruit de la mort de Bèze se convertissant et entraînant toute la ville de Genève dans son abjuration ! La riposte, qui prit la forme d’une brochure connue sous le titre de Beza redivivus, se trouve intégralement publiée dans ce volume.
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TABLE DES MATIÈRES
A. CORBELLARI, « ‘‘Que ne vivent encor les Palladins de France !’’. De quelques survivances médiévales chez Ronsard » ;
G. MCDONALD, « Thomas More, John Clement and the Palatine Anthology » ;
CH. PISTOR, L. BEHIELS, W. THOMAS, « Translation, court networks, and the fashioning of an Imperial image : Charles V and the work of Luis de Ávila y Zúñiga » ;
M. CRAB, « Theophilus Chalcondyles’ Commentary on Valerius Maximus (1508). New Perspectives on the Conflict between Janus Parrhasius and Alexander Minutianus » ;
NOTES ET DOCUMENTS
O. DELSAUX, « La connaissance de Cicéron et de Plutarque en France à la fin du Moyen Age. Le témoignage inédit d’un recueil retrouvé » ;
F. ROUGET, « Une édition retrouvée de Philippe Desportes. Les Pseaumes de David mis en vers françois […]. Avec quelques oeuvres chrestiennes et Prieres du mesme Autheur (Rouen, R. Du Petit-Val, 1593) » ;
A. DÁVILA PÉREZ, « Nota de crítica textual a una carta de Cristóbal Plantino: Nuevas perspectivas sobre las relaciones entre Benito Arias Montano y Hendrik Jansen Barrefelt » ;
CHRONIQUE
J. CÉARD, « Jean-Claude Margolin (1923-2013) » ;
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1596, encore une année difficile pour Théodore de Bèze, mais intéressante. Le roi Henri IV, embarrassé dans une guerre incertaine contre l'Espagne, a laissé tomber le projet de paix avec la Savoie, dont dépend la paix pour Genève. La ville et son Académie ne sont certes pas désertées, les étudiants étrangers affluent, mais on peine à trouver des professeurs pour l'hébreu et la théologie. Bèze n'enseigne plus et ne peut presque plus sortir de chez lui. Mais il ne cesse pas d'être habité par l'Europe entière; l'Allemagne surtout, riche en théologiens turbulents. Piscator, un vieil ami, maintient ses opinions particulières sur la justification. Bèze s'indigne contre cet individualisme éhonté. Voilà une manière d'oublier l'Eglise, qui appartiennent la vraie et unique doctrine, le dépôt de la foi (il s'agit, bien sûr, de l'Eglise orthodoxe réformée). En France, les "moyenneurs" croient leur heure arrivée, mais Bèze veille et publie une grande réponse à Palma Cayet. Il a ussi préparé une nouvelle édition de son Nouveau Testament in-folio, et aussi de ses poèmes. A propos de poésie néo-latine, ce volume contient une bien curieuse lettre de 20 pages de Melissus Schedius, proposant des corrections de versification aux vers de Bèze. Le document qui la conserve est déchiré: par qui ?
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Sommaire / Table of Contents : I. TRAPMAN, «Erasmus and Heresy» ; R. STAWARZ-LUGINBÜHL, «Entre la guerre, la peste et la famine: la question de l’identité religieuse de Jean de La Taille» ; A.-P. POUEY-MOUNOU, «Dictionnaires d’épithètes et de synonymes aux XVIe et XVIIe siècles: du lexique au manuel» ; J.-L.EGIO: Pierre de Belloy, Philippe Duplessis Mornay, Innocent Gentillet. Attribution et contenu de la Conference chrestienne (1586)» ; M.E. SEVERINI: Il destino di un libro al servizio del sovrano: la Politica di Aristotele da Loys Le Roy a John Donne» - NOTES ET DOCUMENTS - I.A.R. DE SMET etA. LEGROS, «Un manuscrit de François Baudouin dans la «librairie» de Montaigne» ; M.-L. DEMONET et A. LEGROS, «Montaigne à sa plume: quatre variantes autographes d’une correction de date dans l’avis ‘‘Au lecteur’’ des Essais de 1588 » ; N. BINGEN, «Villeneuve, Dolet et Arlier à Padoue»; O. PÉDEFLOUS, «Nouveaux éclairages sur Joannes Vaccaeus (Juan Vázquez) de Murcia» - CHRONIQUE - L.R.N. ASHLEY, «Recent Publications on Elizabethan England and Related Fields».
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TABLE DES MATIÈRES
J. CÉARD, «Emprunts croisés: Erasme et Coelius Rhodiginus» ; F. COLLARD, «La renaissance des lettres. La correspondance d’un humaniste français de la fin du XVe, Robert Gaguin (1433-1501)»; R. MENINI et O. PÉDEFLOUS, «Les marginales de l’amitié. Pierre Lamy et Nicolas Bérauld lecteurs de Lucien de Samosate (BNR Rés. Z 247)» ; Ph. DE LAJARTE, «Providence et histoire dans le traité De la vicissitude ou Variété des choses en l’univers de Loys Le Roy» – NOTES ET DOCUMENTS – M.C. PANZERA, « Francesco Sansovino lecteur d’Erasme: le «De conscribendis epistolis» dans la formation du bon secrétaire» ; J. DE KEYSER, «Bis repetita placent? Guillaume Budé’s two translations of Basil’s second letter to Gregorius» ; E. ATTIA, «Annotazioni in latino ed ebraico di Sante Pagnini nel manoscritto di Elie Levita» ; N. HUGOT, « Le jeu des genres: note sur le genre des rimes dans les tragédies d’Etienne Jodelle» – CHRONIQUE – L.R.N. ASHLEY, «Recent Publications on Elizabethan England and Related Fields».
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L’année 1595 n’a pas été facile à vivre : pour Bèze, à qui le grand âge impose retraite et maux à soigner, pour Genève, qui n’est plus en guerre mais n’est pas encore en paix : la cité connaît un régime de trêves qu’il faut renouveler tous les trois mois, avec le risque que l’ennemi réussisse un coup de main inattendu, et pour la France, où les protestants ont tendance à se plaindre du roi nouvellement converti, qui les oublie et néglige... On voit Bèze dans le rôle politique que Henri IV lui a confié : apaiser les humeurs des huguenots. Il met aussi son point d’honneur à décourager les « moyenneurs » (ceux qui, à la suite du roi, voudraient réconcilier catholiques et protestants, au risque d’ébranler la bonne doctrine). Il faut enfin canaliser l’ardeur de certains jeunes théologiens qui veulent, tels Raphaël Egli, lancer de nouvelles explications de la justification. Un ensemble de documents historiques nouveaux et variés.
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Le roi Henri IV domine ce volume, comme le précédent. Il avait peine à faire admettre sa conversion aux protestants de France. Il lui vint l’idée de s’adresser à Bèze, qui savait de quel poids la politique pèse sur le destin d’un roi. Tout commence par une lettre autographe aussi charmante que vague ; le roi compte sur Monsieur de Bèze, et sous-entend : mon ambassadeur vous dira pourquoi. Cette lettre, reproduite en image, que l’on a cru de 1596 a retrouvé sa date : 30 janvier / 9 février [1594], qui lui donne tout son sens sous-entendu. En effet, Bèze se rend à Soleure pour entendre Nicolas Brûlart, seigneur de Sillery, l’ambassadeur de France. Bèze s’astreint donc à calmer les protestants français : il ne saurait être question de prendre les armes. On ne prend les armes que contre un tyran manifeste, alors que le roi Henri IV est le meilleur des monarques, un vrai don de Dieu. Bèze saura améliorer le sort des protestants de France : patientez, leur dit-il. Et de fait, l’Edit de Nantes arrivera en 1598. Ce volume contient donc un des applications des principes du Droit des magistrats. En outre, le lecteur y trouvera la menace turque contre l’Europe et la menace savoyarde contre Genève, avec encore deux documents étonnants de l’archevêque de Canterbury sur le fonctionnement de l’Eglise anglicane, destiné à convaincre Bèze de l’excellence de celui-ci, et finalement encore une série de treize lettres retrouvées du comte de Sayn-Wittgenstein à Bèze, lettres qui complètent celles qui furent publiées de Bèze au comte dans les précédents volumes.
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1593, année décisive, bouleversante même, pour la France comme pour Genève. Pour la deuxième patrie de Bèze, c'est la fin de la guerre contre la Savoie. Pour la seconde, c'est la défaite de la Ligue et le triomphe de Henri IV. Mais à quel prix, ce triomphe! Il a fallu que le roi se convertisse, pour que les ligueurs cessent de le combattre, ayant compris, par ailleurs, qu'il n'y avait pas d'autre candidat vraiment français au trône, car tous les autres étaient vendus à l'Espagne. Bèze ressentit la nouvelle de l'abjuration comme une catastrophe, mais au bout d'un mois, il comprit que c'était le prix de la paix en France. La trêve de La Villette, entre la Ligue et le roi, finit par être étendue aussi au duc de Savoie, et donc à son conflit avec les Genevois. Entre temps, la petite République à bout de ressources, envoya des agents aux Pays-Bas et dans l'Est de l'Europe pour quêter des secours. Des lettres de Bèze les accompagnaient. Des messages parvinrent en retour. Ce sont toutes les peines et les espoirs de l'Europe qui trouvent ici leur écho, sans parler des "moyenneurs" en France, que Bèze trouve très inquiétants.