Alain DUFOUR
Pour les Eglises réformées de France, l’année 1584 marque un faux calme avant la tempête que sera celle de la Ligue, car le duc d’Anjou, frère d’Henri III et son héritier, meurt et le huguenot Henri de Navarre, le futur Henri IV devient l’h©ritier du trône. Bèze a donc toutes les raisons de se réjouir: la paix règne en France, l’héritier présomptif est un prince protestant dont il a toujours suivi avec grande sympathie l’éducation et la formation. L’inquiétude pointe cependan: ce prince saura-t-il résister aux pressions? Déjà, Epernon, au nom d’Henri III, l’avertit: Henri ne succèdera que s’il se convertit. Et cette paix si souhaitable que cache-t-elle? Inquiétudes aussi et surtout pour l’Ecosse, dont le roi veut rendre l’Eglise aux évêques, en sacrifiant l’organisation presbytérienne. Pour l’Angeterre, où l’on n’aime pas non plus la discipline ecclésiastique que prône Bèze. En Allemagne, la belle aventure de l’archevêque de Cologne qui passe à la Réforme, tourne au désastre. Mais le Palatinat revient au Calvinisme avec Jean Casimir. Bèze encourage son ami Grynaeus à terminer sa tâche à Heidelberg alors que l’année précédente il lui reprochait de quitter trop longtemps son poste bâlois.
¢lois.
Yvonne BELLENGER ,
Michel BIDEAUX ,
Raymond BOUDON ,
Nicole CAZAURAN ,
Hélène CAZES ,
Jean CÉARD ,
F. CHARPENTIER ,
Pascale CHIRON ,
François CORNILLIAT ,
P. DEBAILLY ,
Gérard DEFAUX ,
Guy DEMERSON ,
F. DOBBY-POIRSON ,
Claude-Gilbert DUBOIS ,
Alain DUFOUR ,
Jean DUPÈBE ,
Max ENGAMMARE ,
Philip FORD ,
Marie-Madeleine FRAGONARD ,
André GENDRE ,
Franco GIACONE ,
André GODIN ,
Marie-Christine GOMEZ-GÉRAUD ,
F. GREINER ,
Mireille HUCHON ,
Edith KARAGIANNIS-MAZEAUD ,
Nadine KUPERTY-TSUR ,
Paul LARIVAILLE ,
François LECERCLE ,
Marie-Dominique LEGRAND ,
Frank LESTRINGANT ,
P. LOJKINE ,
Catherine MAGNIEN-SIMONIN ,
Michel MAGNIEN ,
Jean-Claude MARGOLIN ,
Arielle MEYER ,
Jan MIERNOWSKI ,
Gérard MILHE-POUTINGON ,
Olivier MILLET ,
Nuccio ORDINE ,
Isabelle PANTIN ,
Anne-Pascale POUEY-MOUNOU ,
François RIGOLOT ,
François ROUGET ,
Gilbert SCHRENCK ,
A. TOURNON ,
Marc VENARD ,
Jean VIGNES ,
M. YARDENI
Table of Content : Bibliographie des travaux de Daniel Ménager. A. Meyer, «Daniel Ménager à Nanterre»
I - La pensée politique et ses représentations à la Renaissance: P. Larivaille, «Le dernier pari de Machiavel»; M Bideaux, «Sur la trahison: le connétable de Bourbon entre Judas et les renégats objectifs»; M.-D. Legrand, «La figure du roi dans le Traité de la reformation de la justice attribué à M. de L’Hospital»; C. Magnien, «Au service du roi: Jacques Faye d’Espeisses (1544-1590), l’homme qui ne voulait pas écrire»; N. Kuperty-Tsur, «La notion de serviteur de l’Etat entre éthos et pratique à la fin du XVIe siècle en France»; P. Lojkine, «Meurtre à Jérusalem. Boissard et la question du régicide»; A. Dufour, «Bèze historien»; M. Yardeni, «La pensée politique de la première historiographie huguenote: Pierre de La Place et Louis Régnier de La Planche»; A. Tournon, «“Singuliers en leurs fantasies”»; M. Magnien, « Pour une attribution définitive du Memoire à La Boétie»; François Rigolot, «Dialogue et pensée politique à la Renaissance: Bruni, Erasme, Montaigne»; F. Charpentier, «Tragédie et monarchie»; C.-G. Dubois, «David, poète et prince. Sa représentation dans la dramaturgie française de la seconde moitié du XVIe s.»; François Lecercle, «Ne’er seen but wonder’d at. La mise en scène politique dans Henry IV de Shakespeare»
II - Poésie et politique à la Renaissance
N. Dauvois, «Morale, politique et eschatologie dans Les Regnars traversans les perilleuses voyes des folles fiances du monde de Jean Bouchet. Limites et modalités du discours critique»; J. Dupèbe, « Un ami de Clément Marot, le médecin Michel Amy»; G. Defaux, «“Moy ton Poëte, ayant premier osé…”: Du Bellay, Ronsard et l’Envie»; J. Vignes, « Le Poète et la guerre (autour de la prise de Calais, 1558)»; E. Karagiannis, «Images d’Achille dans la poésie de la Pléiade»; A.-P. Pouey-Mounou, «Ronsard et le roi de gloire»; Ph. Ford, «Hercule et le thème solaire à Fontainebleau: la Porte dorée et Le Satyre de Ronsard»; F. Cornilliat, «“Je suis Ronsard…”: paradoxes de l’inconstance dans le Recueil
des nouvelles poésies»; F. Rouget, «Sur des vers retrouvés de Ronsard: J. D. Cécier, dit Colony, et les Preceptes de P. de Ronsard à un Prince»
F. Dobby-Poirson, «Autour des Hymnes: la postérité de Ronsard dans l’Hymne de la monarchie de Robert Garnier»; Y. Bellenger, « Les sonnets satiriques de J. Grevin»; F. Lestringant, «Une Satyre Ménippée au service de la Contre-Réforme: La Cabale
des Reformez attribuée à Guillaume Reboul»; P. Debailly, «Satire et peur du féminin».
III - Poésie et théologie à la Renaissance
J.-C. Margolin, «Victoire chrétienne sur la mort. A propos d’un poème de Ch. de Bovelles (De immortalitate animae, Paris, 1550; N. Cazauran, «Marguerite de Navarre: le deuil en dialogues»; M. Huchon, «François Ier en enfer»; O. Millet, «Poésie et musique: l’œuvre de Louis Des Masures et ses “cantiques”»; J. Céard, «Christianisme et paganisme: les Hymnes ecclesiastiques de Guy Le Fevre de La Boderie»; F. Giacone, «Bible et esthétique: les Hymnes ecclesiastiques de Guy Le Fevre de La Boderie»; G. Schrenck, «“La voici l’heureuse journée”: variation sur le Ps. CXVIII dans l’œuvre d’A. d’Aubigné»; A. Gendre, «Quête de Dieu et séduction du monde dans les Sonnets spirituels de Gabrielle de Coignard»; H. Cazes, «Des voyages à cheval et de l’immortalité: le testament français d’Henri Estienne, 1594»; N. Ordine, «I Furori di Giordano Bruno».
IV - Spiritualité et théologie à la Renaissance
M. Venard, «Réciter sa patenostre ou comment traduire en français l’Oraison dominicale»; A. Godin, «L’Exomologesis d’Erasme, exercice d’humanisme pastoral»; M.-Ch. Gomez-Géraud, «Sur un souvenir de l’Ecclésiaste: un visage de Thomas More en ses derniers écrits»; G. Demerson, «Apollonios de Tyane chez Rabelais: Christ dans un miroir déformant?»; Gérard Milhe-Poutingon, «La décontextualisation: un stylème rabelaisien pour “emplir l’ame de toute verité”»; B. Boudou , «Henri Estienne et la traduction par S. Castellion de la Bible en français»; M. Engammare , «David côté jardin. Bethsabée modèle et anti-modèle littéraire à la Renaissance»; M.-M. Fragonard, « La prédication, le théâtre, Hérode et la folie du monde»; F. Greiner, «Martyrs d’amour du roman baroque: images et enjeux»; I. Pantin, «Fidelissima immortalis Dei nuncia: astronomie et théologie de Regiomontanus à Tycho Brahe»; J. Miernowski, «Le mouvement virtuel des anges»; P. Chiron, «Mouvement et repos dans la cité de Dieu»
En général, Bèze parle très peu de Genève dans ses lettres ; il admet que tout s’y déroule normalement, comme il sied à une ville-Eglise qui s’offre en modèle aux autres Eglises réformées. Mais le t. XXIII constitue une exception et une confirmation de cette règle, car 1582 est l’année de la " guerre de Raconis ", soit la première tentative du nouveau duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier, pour s’emparer de Genève. Bèze sollicite les Eglises de France, qui envoient des troupes, cependant que les Suisses s’interposent, à la suggestion du roi de France, entre la Savoie et Genève alliée de Berne. Un arbitrage est prévu, qui fera long feu. Année traversée d’angoisses, qui n’ont pas empêché Bèze de publier le t. III de ses oeuvres théologiques (Tractationes) et une nouvelle édition de son Nouveau Testament gréco-latin cum annotationibus majoribus.
Le duc de Savoie, pour compléter son Piémont, s’était emparé en 1588 du marquisat de Saluces (autour de Carmagnole) qui appartenait au roi de France, en profitant des troubles de la Ligue. Mais Henri IV, après avoir vaincu la Ligue, voulut mettre ordre à cette usurpation. Après force promesses d’échanges non tenues par le duc de Savoie, Charles-Emmanuel, il conquit les régions francophones savoisiennes en 1600, imposant la paix par la force. René de Lucinge, principal négociateur de ce traité, nous raconte en détail les péripéties de cette paix, comment le duc crut échapper à la nécessité de restituer quoi que ce soit, comment Lucinge prit sur lui de signer la paix de Lyon malgré un contre-ordre de dernière minute, et comment il tomba en disgrâce auprès du duc de Savoie.
Pour la distribution en France : www.harmoniamundilivre.com
L’Usage du monde est le récit d’un voyage qui dura dix-sept mois, au début des années 1950, de Yougoslavie à l’Afghanistan. Depuis trente-cinq ans il ne cesse d’inspirer les écrivains-voyageurs. La délicate préface d’Alain Dufour, l’ami éditeur, nous fait assister à la genèse et à la composition du chef-d’œuvre de Nicolas Bouvier ; un choix de lettres et de reproductions illustre l’amitié de l’écrivain et du peintre, vagabonds de par le monde. Nicolas Bouvier (1929-1998) et Thierry Vernet (1927-1993) aimaient tous deux le silence la plume à la main, pour deux usages qu’ils ont ardemment souhaités liés, puisqu’ils réalisaient un projet d’enfance commun. L’écrivain se qualifiait lui-même d’ “écrivain-voyageur” et de “chasseur d’images” : c’est en réalité un grand écrivain, dont chaque phrase, parfaite, lisse, coulante, vous saisit ou vous fait rêver. Thierry Vernet, l’artiste complice, décrit les mêmes instants, les mêmes personnages avec l’encre apparemment austère de l’intégrité. En l’honneur du 75ème anniversaire de sa création, la Librairie Droz, réédite à l’identique l’édition originale qu’elle a publiée en 1963, avec tous les dessins de Thierry Vernet.
Extraits d'un article paru dans "Le Temps" du samedi 25 septembre 1999:
Pour ses 75 ans, l'érudite maison genevoise s'offre deux bibles : son catalogue complet et "L'Usage du monde" en v.o.
DROZ EN FÊTE RÉÉDITE BOUVIER
"En octobre 1963 paraissait chez Droz la première version d'un récit de voyage destiné à devenir un livre culte : L'usage du monde, lente fermentation de dix-sept mois passés sur les routes, entre la Yougoslavie et l'Afghanistan.(...) L'usage du monde est aujourd'hui repris à l'identique sous la belle couverture à barreaux noirs dessinée par Vernet, enrichi d'une préface sensible d'Alain Dufour qui trace le portrait du futur écrivain en conteur précoce et qui évoque tous les aléas de la difficile naissance du livre, heureusement suivie d'un immédiat succès de vente. Un choix de lettres de Bouvier le montre complice en amitié et proche des siens par la pensée."
Isabelle Martin
Grâce à ces documents l'historien, remontant le temps qui le sépare de 1578, peut prendre le pouls du monde d'alors: Genève et Bèze, sont inquiets, car menacés par les troupes du duc de Nemours et par une épidémie de peste qui entraîne la fermeture de l'Académie et la mise en quarantaine de la demeure de Bèze. Le royaume de France est au bord de l'implosion, la maison de Valois étant de plus en plus en butte aux critiques. Les hostilités qui opposent en Allemagne l'aile droite du luthéranisme aux disciples de Mélanchthon, aux Calvinistes et à leur sympathisants se déchaînent et créent des remous qui se font sentir jusqu'à Genève, où l'on saisit très bien les néfastes retombées politiques que ce conflit entraîne pour les Eglisesde France. Aussi s'y livre-t-on, tout en travaillant déjà au projet de la fameuse Harmonia confessionum (1581), à une intense activité typographique visant à dénigrer l'oeuvre de la Formule de concorde dirigée par Andreae et Auguste de Saxe. Parmi ces publications, cette correspondance nous permet de découvrir un traité jusqu'ici inconnu émanant du cercle de Bèze.