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Après l'ère du héros et l'ère du témoin, sommes-nous entrés dans "l'ère du bourreau"? Ce terme s'est imposé depuis quelque temps dans les études sur la violence de masse pour désigner les acteurs des violences génocidaires, qu'ils soient décideurs ou exécuteurs. En envisageant cette question, qui est aussi celle de la représentation des génocides dans notre culture, Anneleen Spiessens ouvre son étude à la problématique cruciale des cadres discursifs qui sous-tendent les narrations livrées par les criminels. Cadres qu'elle étudie, pour ses deux corpus, celui de la Shoah (dont le rôle paradigmatique est mis en lumière) et celui du Rwanda, à partir à la fois de témoignages et de fictions.
C'est précisément en effectuant un geste m©thodologique fort - le déplacement d'accent de la parole elle-même aux dispositifs de médiation qui l'encadrent - qu'Anneleen Spiessens donne à voir la nature polyphonique de ce discours, traversé par la voix de l'auteur-narrateur, celle du traductur/interprète et celle des romanciers dont elle commente l'oeuvre. La prise en compte de la "parole du bourreau" représente à ce titre un enjeu épistémologique non seulement pour la littérature, mais pour toutes les disciplines qui ont lié leur destin à l'évolution des analyses du discours.
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