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On connaît la vision des vaincus des Amérindiens partagée entre messianisme inhibiteur et messianisme de résistance. Mais on sait peu comment les Européens de la Renaissance, amateurs de gloire, ressentent à l’heure de l’imprimé naissant, leurs défaites humiliantes et meurtrières. Certes l’esprit chevaleresque valorise le « gloire au vaincu », tant qu’il n’est ni lâche, ni rebelle, ni hérétique. Mais l’échec n’en affecte pas moins la réputation d’un chef, d’une religion ou d’une nation. Pour autant, les perdants sont-ils traumatisés au point de vouloir se convertir à la culture du vainqueur comme le firent la France après Sedan, l’Allemagne et le Japon après 1945 ? Ce livre trace le portrait de quelques vaincus et présente des défaites militaire, diplomatique et religieuse survenues au XVIe siècle qui sont interprétées à l’aune de l’espérance et de l’apocalyptique chrétiennes, de la conscience religieuse d’une épreuve salutaire, de la culture du martyre, de la réhabilitation de la fortune, du stoïcisme tandis que l’absence d’armée nationale permet de conclure que la Renaissance européenne est étrangère à notre culture traumatisante de la défaite.
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