Renaissance
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L’essai d’Ullrich Langer relie trois domaines fondamentaux de la culture lettrée française au seuil de la modernité: la rhétorique humaniste de l’éloge, la théorie des vertus et le monde mimétique de la littérature. Au fil des pages, le lecteur se familiarise avec le savoir moral de la Renaissance et son rapport aux exemples illustres de l’Antiquité. En relisant, entre autres, les œuvres de Marot, Rabelais, Marguerite de Navarre, Ronsard et Montaigne, il découvre comment la pensée éthique et les stratégies littéraires s’influencent réciproquement. Lier morale et littérature, c’est, en cette fin de millénaire, une des exigences vivifiantes du monde intellectuel. Dès le XVIe siècle, l’exigence éthique, confortée par le pouvoir des mots, s’impose comme une priorité. Elle touche aux questions les plus urgentes de la civilisation: la gestion de la violence, la conduite des échanges humains, la maîtrise des contingences, la modération du corps personnel et du corps politique. Un parcours humaniste neuf et plein d’avenir.
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Obnubilée par le Grand Siècle, la mémoire collective a surtout retenu de François de Sales l’image d’un saint francisé et canonisé un demi-siècle après sa mort : l’univers mental de ce savoyard italianisant qui, en sa qualité d’ " évêque de Genève ", a lutté toute sa vie durant contre l’impact de Calvin, est ainsi resté dans l’ombre. Ce livre redresse la perspective en s’appuyant sur les derniers acquis de la recherche historique, théologique, socio-littéraire et rhétorique. Dans la première partie du volume, l’auteur reprend les résultats de ses enquêtes antérieures en les focalisant sur les particularités de l’écriture salésienne, singulièrement complexe à l’intérieur du genre épistolaire. La seconde partie du volume délimite l’étendue du corpus épistolaire autographe à partir de l’identification épistolématique des lettres. Classé en fonction des destinataires, ce registre est pourvu de notices bio-bibliographiques ciblées sur l’histoire, la théologie et la littérature d’époque tridentine.
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Connu des historiens comme un précieux témoignage sur la montée des tensions religieuses à Paris et sur l’histoire des premières guerres de religion au tournant des années 1560, le journal de Nicolas Brûlart, chanoine de Notre-Dame et maître des Requêtes au Parlement de Paris n’avait été publié que partiellement au XVIIIe siècle par Denis-François Secousse dans le recueil des Mémoires de Condé. Après une interruption entre 1569 et 1588, ce " bon catholique ", admirateur des Guises et sympathisant de la Ligue, s’est remis à écrire lors des Barricades de mai 1588 jusqu’à la levée du siège de Paris par Henri IV en 1590. C’est cette partie originale du journal, inédite et inconnue de l’historiographie récente sur l’histoire de Paris, sur la magistrature ou sur la Ligue parisienne, que nous publions, annotée et précédée d’une introduction, présentant l’histoire et les caractéristiques du document et retraçant à partir de sources manuscrites et d’archives la double carrière ecclésiastique et parlementaire de ce frère aîné de Pierre Brûlart, secrétaire d’État d’Henri III.
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La seconde édition de l’Histoire universelle sortait à peine, au début de 1626, des presses du libraire genevois Pierre Aubert, qu’Agrippa d’Aubigné entreprenait d’adjoindre à son ouvrage un quatrième tome que la mort ne lui permit pas d’achever. Il laissait une préface, le dernier chapitre du livre IV: un tableau de la France protestante vers 1620, et le livre V, inachevé, relatant les deux campagnes de Louis XIII contre les Eglises du Midi en 1621 et 1622. Conservés dans les Archives Tronchin, ces textes furent publiés pour la première fois, de manière lacunaire, en 1925, par Jean Plattard. Ces ultima scripta brossent l’image d’un homme à qui le grand âge n’avait rien ôté de la vigueur de son "gros style ferré" et qui demeurait inébranlablement fidèle à la Cause pour laquelle il s’était jeté dans la guerre soixante-deux ans plus tôt.
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De tous les adversaires d’Erasme dans le dernier combat que celui-ci engagea, la polémique autour de l’imitation de Cicéron, Scaliger est le seul dont la stature intellectuelle et le prestige pourront être comparés aux siens, à la fin du XVIe si¨cle en France. Mais desservies par leur réputation non usurpée de violence, les Orationes lancées par un Scaliger en mal d’illustration, n’ont jamais vraiment été lues ni analysées pour ce qu’elles sont : une réponse en forme au Ciceronianu, dont sont réfutés les principaux arguments, qu’ils soient d’ordre rhétorique, esthétique, philosophique, ou religieux.
Est ici proposée une édition bilingue des deux discours, précédés d’introductions qui replacent les deux interventions de Scaliger dans leur contexte, et livrent des aperçus nouveaux sur le début de sa carrière française. Un copieux appareil de notes permet de mieux appréhender la convergence des analyses de Scaliger avec celles des principaux adversaires du Rotterdamois.