Renaissance
-
TABLE DES MATIÈRES
AVANT PROPOS, par Jean-Pierre BABELON
PRÉFACE, par Jacques PEROT
PREMIÈRE PARTIE
1589-1610
D’UN RÉGICIDE À L’AUTRE
« Ce sera un horrible carnage ». Les prédictions annonçant la mort des rois de France (1572-1610), par Paul-Alexis MELLET et François PERNOT
Les protestants et la désacralisation de la monarchie française (1557-1570), par Mark GREENGRASS
L’après-vie bizarre d’Henri III. Déformations dynastiques aux lendemains du régicide de 1589, par Michael WOLFE
Du régicide au martyre. La vision ligueuse de l’assassinat d’Henri III à travers Le Martyre de frere Jacques Clement, par Mathilde BERNARD
Régicide et propagande monarchique dans la société des princes. La parenté d’Henri III face à la fracture confessionnelle du royaume de France, par Marie-Hélène GRINTCHENKO
Jacques Clément et Jean Chastel, assassins de la « respublicque françoise », par James B. COLLINS
Un vray interrègne. Le régicide, la lieutenance-générale du duc de Mayenne et leur héritage politique (1589-1610), par Fabrice MICALLEF
L’assassinat d’Henri IV. Les hypothèses des historiens, par
Jean-Pierre BABELON
Ravaillac, le fou de Dieu, par Janine GARRISSON
Les lendemains de l’assassinat d’Henri IV en Amérique du Nord, par Eric THIERRY
L’assassinat d’Henri IV vu d’Angleterre. Les principes politiques à l’épreuve des faits, par Gilles BERTHEAU
Prométhée et le Phénix. Sur deux figures singulières des régicides de 1589 et de 1610, par Yann LIGNEREUX
DEUXIÈME PARTIE
REGARDS SUR LE RÉGICIDE
Régicide, tyrannicide, assassinat. A propos de la mort d’Henri IV, ou comment poser une question historique aux points de vue de la morale, du droit et de la politique, par Mario TURCHETTI
Pourquoi Montaigne a-t-il refusé d’insérer dans les Essais le Discours de la Servitude volontaire de La Boétie ?, par Anne-Marie COCULA-VAILLIÈRES
Tyrannie et tyrans. Simon Goulart éditeur et glossateur du Plutarque d’Amyot (1587), par Marc VENARD
Lassassinat d’Henri IV et les publicistes espagnols du XVIIe siècle, par Jesús Maria USUNÁRIZ. Traduction Adrian BLASQUEZ
Ni monarchie, ni république. Killing No Murder : l’assassinat du tyran Cromwell et la théorisation du régicide dans lngleterre du XVIIe siècle, par Frédéric HERRMANN
D’Henri IV à Louis XIV : régicide et monarchie de droit divin. Etat de la question et nouvelles perspectives, par Thierry ISSARTEL
Le Grand Siècle et la critique du régicide. L’oeuvre du père Maimbourg, par Christine MENGÈS-LE PAPE
« Dieu a-t-il puni la France ?». 1610-1940 : sentiment de culpabilité et sortie de crise, par Christian DESPLAT
La représentation de l’assassinat d’Henri III. De l’aube de l’absolutisme monarchique aux troubles de la Troisième République : d’un jugement théophanique au diagnostic
d’une pathologie, par Mathieu MERCIER
Penser le régicide à travers le miroir anglais. Les Français du premier XIXe siècle et l’exécution de Charles Ier, par Pierre TRIOMPHE
TROISIÈME PARTIE
D’AUTRES ASSASSINATS, D’AUTRES PROJETS
DELFT, PARIS, ISTANBUL…
L’assassinat de Guillaume d’Orange. Constance stoïque et morale stoïcienne, par Alexander ROOSE
La fabrique du régicide. Le cas de Louis Sudre, forgeron de Montagnac (1682), par Mathieu SOULA
Séculariser le régicide ? L’attentat de Damiens et l’opposition parlementaire (1757-1789), par Frédéric BIDOUZE
« Le martyre de la royauté vivante ». La représentation du régicide révolutionnaire dans la littérature romantique, par Loïc GUYON
Philippe Egalité, régicide : un mythe du XIXe siècle ?, par Grégoire FRANCONIE
La mort de Louis XVII : un régicide ?, par Hélène BECQUET
Louvel : « nouveau Ravaillac » ? Les modèles du régicide sous la Restauration, par Gilles MALANDAIN
On veut assassiner le roi de Prusse Guillaume Ier ! Mythe du complot et répression militaro-policière en 1870-1871, par Olivier BERGER
La question du régicide dans l’empire ottoman au XVIIe siècle, par Gilles VEINSTEIN
Une tentative de régicide à Istanbul en 1859. « L’incident de Kuleli » et les nouveaux enjeux sociopolitiques, par Burak ONARAN
Conclusions, par Arlette JOUANNA
INDEX
TABLE DES ILLUSTRATIONS
LISTE DES AUTEURS
Le régicide a frappé plusieurs fois la monarchie française à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle. Suscitées par les commémorations de l'assassinat d'Henri IV en 1610, les études réunies ici ont voulu étendre la problématique du régicide à l’ensemble des monarchies européennes, jusqu'à l'Empire Ottoman. L’analyse des actes de Jacques Clément, Jean Chastel et Ravaillac est au cœur de ces recherches, mais les historiens se sont aussi penchés sur l’attentat de Damiens, sur les événements de la Révolution française, et au-delà, sur Louvel, et sur les craintes d’attentats dans la France occupée de 1870. La question préliminaire, mais essentielle, est celle de la distinction entre régicide et tyrannicide ; elle porte donc sur la qualification de la victime, ainsi que sur l’usage de la violence individuelle ou collective. La philosophie politique, de saint Thomas d’Aquin à Mariana et aux monarchomaques, de La Boétie au père Maimbourg, à Las Casas, sans oublier Voltaire, Montesquieu ou Rousseau, ne dispense pas de l'examen des faits eux-mêmes et de leurs acteurs, qui trouveront leur traduction dans la littérature et l’iconographie.
-
TABLE
Diane Desrosiers
Hybridités rabelaisiennes. Présentation
PREMIÈRE PARTIE
Hybridités génériques
Edwin M. Duval
En quoi les oeuvres de Rabelais sont-elles hybrides ?
Eva Kushner
Osmoses rabelaisiennes
Jean-François Vallée
Le dialogue est le propre de l’homme. De l’utopie dialogocentrique rabelaisienne
Claude La Charité
Le roman rabelaisien, la comédie prosaïque et le lourdois
E. Bruce Hayes
La farce hybride dans l’oeuvre rabelaisienne. Les exemples de Thaumaste et de Dindenault
Jelle Koopmans
L’inspiration livresque et l’inspiration théâtrale. Le texte et le livre à l’époque de Rabelais
Marie-Claire Thomine-Bichard
« Un meslange de trop mauvais accord » ? La harangue dans les récits de Rabelais. L’exemple de Gargantua
Renée-Claude Breitenstein
La rhétorique épidictique de Rabelais
Valérie Nicaise-Oudart
Sur quelques textes-monuments du Pantagruel
Pablo Péméja
La poésie dans l’oeuvre de Rabelais
Corinne Noirot
L’étrangeté de l’équivoque rimée dans les fictions de Rabelais
Michael Randall
La Poétique des Grands Rhétoriqueurs dans le Cinquième Livre
Barbara C. Bowen
La poursuite du trivial
Dorothy L. Stegman
Les listes entrelardées ou un genre qui s’engendre
Madeleine Jeay
Les « bons follastres » et autres colporteurs de paroles, cousins de Panurge
Florian Preisig
Matérialité. Le cas des lettres dans les romans de Rabelais
Véronique Duché-Gavet et Trung Tran
Par les images et par le texte. Pour un Rabelais sentimental ?
Nadine Kuperty-Tsur
De l’hybridité générique au sens. Genre, sexe et construction du savoir dans le chapitre 15 de Pantagruel
Samuel Junod
Résurgence et surgissement de la parole dans l’oeuvre de Rabelais
Denis Bjaï
Tous vrays Christians prient dieu, et dieu les prent en grace. Prières et oraisons dans les récits rabelaisiens
Jan Miernowski
Rabelais rituel. Jurons et conjurations
Mawy Bouchard
Il était une fois l’histoire. Rabelais et la satire historiographique
Bernd Renner
La fin du Quart Livre. Apogée du meslange satiricque
François Paré
Le sujet de l’érudition. Lecture des fragments du savoir humaniste dans le Tiers Livre
Philip Ford †
Les interventions didactiques dans le Quart Livre
SECONDE PARTIE
Hybridités intertextuelles et langagières
François Rigolot
Le Griffon, l’hippocentaure et l’esclave bigarré. Hybridité et métalangage dans le Prologue du Tiers Livre
Hybridités intertextuelles
Mireille Huchon
Les mythologies pantagruéliques et la Nef des folz. Hauts sacrements et mystères horrifiques
Andrea Frisch
Ce qu’Alcofribas n’a pas vu. Lucien, Rabelais et la question du genre
Arnaud Laimé
L’avant-garde néo-latine, précurseur de Rabelais. La Barbaromachie de Nicolas Petit
Pascale Mounier
Recette des macaronis et art du roman. L’influence du Baldus de Folengo sur la polyphonie rabelaisienne
Roy Rosenstein
De La Célestine (1499) à Pantagruel (1532). Histoire de deux planctus
Marie-Dominique Legrand
Les adages d’Erasme dans le chapitre XXI du Cinquiesme Livre de Rabelais. Petite pérégrination pleine d’explorations intra et extra textuelles
Philippe Baillargeon
Les « permutations » de la folie dans le Tiers Livre
James Helgeson
Rabelais, le Pantagruélion et le « je » hybride. L’exemple du Tiers Livre
Caroline Lebrec
L’art de feindre dans le « Prologue de l’autheur » du Quart Livre
John McClelland
Pantagruel et Gargantua. Essais d’autofiction
John Parkin
Quaresmeprenant revu
Florence Dobby-Poirson
Entre les mirabilia et l’étude anatomique. Quaresmeprenant
Grégoire Holtz
« Africque aporte tousjours quelque chose de noveau ». Rabelais, l’Orient et la Vie d’Apollonius de Tyane
Ruxandra Vulcan
La curiosité naturaliste. Rabelais, Pierre Viret
Walter Stephens
Les aventures curieuses des livres. L’imaginaire bibliographique après et avant Saint-Victor
Normand Doiron
Rêver Rabelais
Dominique Bertrand
Récit hybride et signature cynique. De Rabelais à Dassoucy
François Rouget
Un exemple de la réception de Rabelais au XIXe siècle. L’affaire Vrain Lucas
Hybridités langagières
Paul J. Smith
Les langues de Panurge. Une relecture
Marie-Madeleine Fragonard
Cheli, ou regards sur les choix individuels
Isabelle Garnier
« La vraye et vive foy catholicque ». Hybridité lexicale et conciliation doctrinale dans le Tiers Livre
Ariane Bayle
Nasier / Homenaz. Un cas de contamination rhétorique
Frank Dobbins †
Les récits musicaux de Rabelais
Claude-Gilbert Dubois
Mimologie ou le monde du silence rabelaisien
Index nominum
Attachée aux idées d’impureté, de dégénérescence et de stérilité dans l’épistémè renaissante, mais valorisée par les régimes esthétiques moderne et postmoderne, l’hybridité est à la fois un propos et une manière de la geste pantagruélique. Ce volume considère trois registres où Rabelais tantôt dissimule les sutures de son bouturage poétique, tantôt en exhibe les tensions productives. Dans l’ordre générique, les fables, listes, joutes oratoires, prières et autres formes littéraires tissent des liens atypiques, mais vivaces. Fécondes aussi sont les rencontres de nature intertextuelle, qui puisent aux sources les plus diverses (savantes et populaires, antiques et contemporaines, françaises, européennes et orientales) et s’observent jusque dans les contrefaçons rabelaisiennes du XIXe siècle. L’hybridité langagière, enfin, procède du mélange babélesque des langues et du croisement d’autres systèmes de signes, ceux-là harmonieux ou inaudibles, comme la musique et le gestuel, voire le silence même.
-
Sommaire : T. LEUKER, « L’image de l’avocat dans la poésie épigrammatique des humanistes français » ; I. J. GARCIA PINILLA, « Para situar a Hieronimus Rupeus (ca. 1512 – p. 1581) en la historia del humanismo, de la medicina, de la filosofía, de la religion » ; U. PLATH, « Das Basler Manuskript-Fragment von Castellios Contra libellum Calvini » ; F. ROUGET, « Jean Dagoneau, sieur de Cholières et ses Meslanges poetiques (1588) : plagiaire ou archiviste de Jamyn et Ronsard ? » – Notes et documents – M. M. FONTAINE, « A propos des premières années en poésie de Joachim Du Bellay. Piqûre de rappel sur la manière de dater et d’éditer des textes de la Renaissance » ; L. PETRIS, « Un dédicataire des Regrets de Joachim Du Bellay identifié : Pierre Maillart, barbier à Rome » ; L. CLAIRE, « Marc-Antoine Muret à Chicago. Etude des éditions de l’University of Chicago Library » ; E. DROUIN, A. DROUIN, « Un livre du XVIe siècle annoté par Ambroise Paré ? » – Chronique – L. PETRIS, « André Gendre (1935-2016) » ; L. R. N. ASHLEY, « Recent Publications on Elizabethan England and related Fields » ; M. DANZI, « Omaggio a Anthony Grafton » – Comptes rendus.
-
-
Dans le sillage des attentats contre Charlie Hebdo, un journal français a publié une chronique intitulée : « Tuer un homme, ce n’est pas défendre une idée, c’est tuer un homme ». Curieusement il n’était pas mentionné que la citation était de Sébastien Castellion, écrite en réaction à l’exécution de Michel Servet (1553). Démonstration éclatante s’il en fallait de l’infortune qui s’attache à la destinée posthume de l’humaniste réformé. Inconnue du grand public, ignor©e ou minimisée par nombre d’historiens, sa pensée se révèle pourtant d’une rare pertinence dans les périodes où la liberté de penser et la tolérance sont en recul. Bien des signes montrent que nous entrons dans une période de ce genre. Le Jbilé de Vandœuvres 2015 n’a eu d’autre ambition que de poser un jalon contre l’oubli d’une figure qui a contribué à faire entrer l’Occident dans le monde moderne. Quatre des meilleurs connaisseurs actuels de son œuvre, Marie-Christine Guéraut-Gomez, Max Engammare, Michel Grandjean et Philippe Fromont ont apporté leurs éclairages complémentaires. En les publiant, nous espérons contribuer à une réflexion sur notre époque pleine de risques.
-
Voici l’avant-dernier volume de la Correspondance de Bèze, contenant les années 1601 et 1602. Y parle-t-on de l’Escalade de Genève, du 12 décembre 1602 ? Oui, on en parle ! Dans une lettre de Grynaeus, premier pasteur de Bâle et grand ami de B¨ze. Texte qui montre la première réaction que l’on eut dans les villes de Suisse alliées de Genève : certainement, le duc de Savoie allait revenir assiéger cette ville, dont il n’avait pu s’emparer par surprise. Les alliés, alors, enverraiet des troupes. En fait, le duc était à bout de ressources et n’avait plus de quoi assiéger une ville... Ce volume contient force autres documents curieux. Sur les mariages d’inclination qui n’ont pas obtenu le consentement parental. Des conseils aux étudiants allemands : iront-ils en France ou en Italie ? Sur un hermite italien que le pape envoye assassiner Henri IV... Il contient aussi une lettre de Bèze au roi plaidant pour que le Pays de Gex demeure genevois... Une lettre du Synode du Haut-Languedoc demandant l’avis de Bèze sur un projet de Concile national français : les protestants doivent-ils y participer ? (finalement Henri IV fit la seule chose qu’il pouvait faire : remettre ce projet à plus tard). Une lettre de Bèze encourageant les frères William et Patrick Ruthven, nobles écossais qui portaient ombrage au roi Jacques VI, lequel venait de tuer leur frère aîné. Et bien d’autres choses encore...
-
Table des matières
Véronique Ferrer et Rosanna Gorris Camos
Poésie et théâtre de la Réforme entre France et Italie
Première partie
Poésie et Réforme
Mario Richter
Poésie et Grâce chez les poètes calvinistes du XVIe siècle
Véronique Ferrer
Parler à Dieu, édifier les fidèles. La poésie au service de la Réforme
Max Engammare
Des vers ajoutés aux versets. Poèmes dans les éditions protestantes de la Bible au XVIe siècle
Jean Vignes
Y a-t-il une poétique réformée de la paraphrase des Psaumes ? L’exemple du psaume 3
Letizia Mafale
«De l’inspiration divine à l’inspiration humaine ». Guillaume Guéroult et ses chansons spirituelles
Mariangela Miotti
« Recueillant le fruit de Ronsard et sa Muse, / Ailleurs je l’employray ». La ricerca di André de Rivaudeau
Concetta Cavallini
Vittoria Colonna, femme-poète « spirituale » et les Rime spirituali di sette poeti illustri de Scipione Ammirato (1569)
Davide Dalmas
Letture e riscritture “riformate” della canzone alla Vergine di Petrarca nel Cinquecento
Anna Bettoni
Des huitains puisés au trésor des Psaumes. Les Perles d’eslite de François Perrot (Genève, 1577)
Bruno Petey-Girard
Poupo, le sonnet et la Bible
Isabelle Garnier
Engagement et irénisme autour d’Henri IV. Les Poesies Chrestiennes d’Odet de La Noue, un dialogue posthume avec Ronsard
Frank Lestringant
Le Songe du Vieillard Océan. Une églogue marine en épilogue d’un livre de massacres. Les Tragiques, V, « Les Fers », 1447-1564
Michele Mastroianni
Una spiritualità tra Roma e Ginevra? Lettura teologica di due testi di Jean-Baptiste Chassignet
Seconde partie
Théâtre et Réforme
Olivier Millet
Poétique de la moralité réformée francophone, de Neuchâtel à Genève. L’exemple de La Vérité cachée
Eugenio Refini
D’Oxford à Genève en passant par Bâle. Allégorie et jeu comique dans le Triomphe de Jésus Christ de Jacques Bienvenu
Filippo Fassina
Cristianizzazione del linguaggio tragico nei volgarizzamenti
francesi del Cinquecento
Jean-Claude Ternaux
La déconfiture de Goliath et le genre tragique
Riccardo Benedettini
“L’innocence est sujette à l’oppresse de l’homme”. Il tema della salvezza nel David di Louis Des Masures
Daniele Speziari
La voix et la Parole dans la Tragi-comedie d’Antoine de la Croix
Bibliographie
Index nominum
Non seulement la Réforme eut des retentissements politiques, sociaux et culturels sur l’Europe du XVIe siècle, mais elle marqua de son empreinte la littérature de son temps. Si elle engagea la poésie dans la tourmente de l’histoire, dont elle répercuta les querelles théologiques, les débats politiques et les passions polémiques, elle fut aussi à l’origine d’une réforme aussi bien spirituelle que formelle des lettres, en particulier du théâtre et de la poésie. Ce volume se propose dexaminer les choix esthétiques et thématiques retenus par les écrivains réformés, qu’ils soient poètes ou dramaturges, de prendre en considération leurs ambitions pastorales et militantes, en tenant compte des enjeux socio-historiques et confesionnels des pratiques littéraires. Dans le domaine poétique sont principalement envisagés les divers courants de la production religieuse (poésie spirituelle, inspirée des Psaumes et des cantiques bibliques, poésie sapientiale, poésie doctrinale, poésie militante) ainsi que les milieux socio-culturels où elle s’épanouit. Dans le domaine théâtral, il s’agit de s’interroger sur le renouvellement formel de la tragédie, sur son adaptation à la situation existentielle et spirituelle du croyant réformé, enfin sur les solutions envisagées pour concilier les règles d’un genre et les exigences d’une doctrine.
-
« Ce sont vos écrits qui m’ont donné envie d’apprendre cette langue ». La langue est l’italien, les écrits sont la première édition des Vite de Vasari et l’auteur de cette lettre est un Flamand, Lambert Lombard, artiste et lettré renomm©. La diffusion européenne des Vite fut immédiate, mais leur réception ne fut pas toujours aussi élogieuse. Les deux éditions du texte (1550 et 1568) déclenchèrent des réactions en tous genres, car elles suscitèrent des discours ekphrastiques, téoriques, historiographiques et critiques sur les arts figuratifs en Europe qui n’ont rien perdu de leur actualité. Les contributions rassemblées ici mettent en évidence la variété et la dynamique de la réception, entre les XVIe et XVIIIe siècles, de cette œuvre hybride, source d’imitations, d'adaptations, de plagiat, de traductions et, bien sûr, d’inspiration. On reçut encore les Vite comme une œuvre à la gloire de Florence, un recueil d’histoires romanesques et même la matrice d’un nouveau vocabulaire artistique. Le lecteur découvrira tout au long des chapitres les voies empruntées par ceux qui contribuèrent à construire l’histoire des arts européens en référence à ce monument fondateur.
-
TABLE DES MATIÈRES
Remerciements
Silvia D’Amico et Catherine Magnien-Simonin
Introduction
Vanni Bramanti
Gli anni fiorentini (pochi) del fiorentino Gabriello Simeoni
Jean Balsamo
Gabriel Syméoni, figure de l’italianisme français
Matteo Residori
Entre « dottrina » et « pratica del mondo » : Le tre parti del campo dei primi studi di Gabriello Simeoni
Franco Tomasi
La Vita di Gabriel Symeoni di natione fiorentino et d’obbligo lucchese e le sue rime
Alexandre Parnotte
« Per favor delle stelle ». Lecture iconographique de la page de titre des Illustres observations antiques de Gabriele Symeoni
Mino Gabriele
L’impresa di Gabriello Simeoni
Chiara Lastraioli
La vena satirica di Gabriele Simeoni
Susanna Gambino-Longo
L’Ovide de Symeoni
Paola Cosentino
Bibbia con figure. Gabriele Simeoni e la tradizione delle Sacre Scritture illustrate
Monica Barsi
Gabriele Simeoni : un traducteur professionnel entre France et Italie au XVIe siècle. Première partie : définition de la théorie et des pratiques traductives
Sabine Lardon
Gabriele Simeoni : un traducteur professionnel entre France et Italie au XVIe siècle. Seconde partie : l’exemple du Presage du triumphe des Gaulois (1555)
Alfredo Perifano
Considérations autour du Presage du triumphe des Gaulois (1555)
Richard Cooper
Gabriele Simeoni et les Antiquités de Lyon
Alessandra Villa
Gli studi antiquari di Gabriele Simeoni
Stéphane Gomis et Mauricette Fournier
La Limagna d’Overnia : un épisode de la Guerre des Gaules de Jules César cartographié par Gabriel Simeoni
Michel Pretalli
Gabriele Simeoni et l’art militaire du XVIe siècle
Rosanna Gorris Camos
« Entro nella biblioteca dei duchi » : présences de Gabriele Simeoni à la Cour des Savoie, exemplaires et dédicaces
Textes inédits et Epîtres
Anna Constantinidis
« Celebrare così la casa de’ Medici come l’Ariosto quella da Este haveva fatto » : La leggenda del Mugello in un poema inedito di Gabriele Simeoni
Anna Constantinidis
De’ fatti del Signor Giovanni de’ Medici et della genealogia della sua casa, edizione critica
Silvia D’Amico et Catherine Magnien-Simonin
L’Epitomé de 1553, ou Gabriele Simeoni premier épistolier français
Les Epistres familieres du seigneur Gabriel Symeon à divers personnages, édition critique
Franco Tomasi
Vita di m. Gabriel Symeoni, di natione fiorentino, et d’obbligo lucchese, edizione critica
Franco Tomasi
Manoscritto Panciatichiano 175 (Firenze, Biblioteca Nazionale Centrale), Tavola dei componimenti
Bibliographie
Table des illustrations
Index nominum
Curieux, éclectique, ambitieux, Gabriele Simeoni (1509-1570?), Florentin actif en France, s’engage dans tous les domaines du savoir. Si son existence aventureuse reflète sa condition de courtisan toujours à la recherche d’un protecteur, son originalité l’amène à se mêler au milieu foisonnant des imprimeurs lyonnais où il révèle un surprenant talent d’éditeur. Il s’impose aussi en précurseur dans des genres éloignés : auteur du premier recueil de lettres en français, ainsi que de la première « touristique » de l’Auvergne, il affiche encore une attention très moderne pour son autoportrait, rédigeant son autobiographie éditée ici pour la première fois. Les dix-sept études de spécialistes de la Renaissance franco-italienne, ainsi que l’édition de quatre de ses ouvrages dont deux manuscrits inédits, rassemblées dans cet ouvrage, démontrent qu’il est un témoin exceptionnel du passage de l’homme de cour de la Renaissance à l’intellectuel moderne, de la sprezzatura à la mélancolie.
Questo libro raccoglie diciassette contributi di studiosi del Rinascimento italiano e francese su Gabriele Simeoni, oltre a tre edizioni di sue opere, tra le quali due manoscritti inediti. Curioso, eclettico, ambizioso, questo fiorentino attivo in Francia si è espresso in tutti i campi del sapere. Se la sua esistenza avventurosa riflette la condizione di cortigiano sempre alla ricerca di protezione, la sua innata originalità lo porta a legarsi all’ambiente creativo degli stampatori lionesi dove rivela un sorprendente fiuto editoriale. Si impone come precursore in diversi generi letterari: autore della prima raccolta di lettere in francese e primo cartografo dell’Auvergna, Simeoni mostra in tutte le sue opere un’attenzione molto moderna per il proprio autoritratto, che si ritrova anche nell’autobiografia conservata manoscritta a Firenze e pubblicata qui per la prima volta. Personaggio complesso, Simeoni è un testimone eccezionale del passaggio dalla sprezzatura del cortigiano rinascimentale alla malinconia dell’intellettuale moderno.
-
TABLE DES MATIÈRES
AVERTISSEMENT SUR LA SECONDE ÉDITION
PRÉFACE DE PIERRE CHAUNU
OUVERTURE
AU RENDEZ-VOUS DES CANNIBALES
De la caravelle au radeau
Le Cannibale et après
Première partie
DU CYNOCÉPHALE AU CANNIBALE
CHAPITRE PREMIER
NAISSANCE DU CANNIBALE
Colomb découvre le Cannibale
Le Cannibale, fils de chien
CHAPITRE II
LE CANNIBALE À LA MODE
La panoplie du parfait boucher
L’héritage de Vespucci ou la vogue du Cannibale incestueux
CHAPITRE III
L’ENTRÉE DU CANNIBALE EN FRANCE
Le Cannibale, héros du folklore
Rabelais ou le Cynocéphale moralisé
CHAPITRE IV
LE BRÉSIL, TERRE DES CANNIBALES
Le Brésil est une île
Au pays des androphages
Deuxième partie
POUR UN CANNIBALISME D’HONNEUR
CHAPITRE V
LE PREMIER ETHNOGRAPHE DES TUPINAMBA
Montaigne, « Des Cannibales » et la tradition
André Thevet et le cannibalisme rituel des Tupinamba
Parenthèse Staden
De Thevet à Lafitau
CHAPITRE VI
JEAN DE LÉRY OU L’OBSESSION CANNIBALE
Un symbole universel
Le retour du refoulé : Sancerre
CHAPITRE VII
MÉLANCOLIE CANNIBALE
L’Ogre et l’amoureuse
Jean Bodin et la tristesse du Cannibale
CHAPITRE VIII
UN CANNIBALE QUI CRACHE
Montaigne ou le paradoxe des « Cannibales »
Une déclamation
Famine ou banquet
Le continent des Cannibales
Un cannibalisme de mots
Frères cannibales
Troisième partie
CANNIBALES PAR CONTRAINTE
CHAPITRE IX
CARDAN OU L’EMPIRE DE LA NÉCESSITÉ
De la haine comme nécessité
Le continent de la faim
CHAPITRE X
BRÉBEUF ET ROBINSON : LE MISSIONNAIRE ET LE COLON
Le goût du missionnaire
Robinson ou le déjeuner sur l’île
CHAPITRE XI
LE CANNIBALE DES LUMIÈRES, ROUSSEAU, BOUGAINVILLE, VOLTAIRE
Les mots du Cannibale, de Montaigne à Jean-Jacques Rousseau
L’Insulaire cannibale : Bougainville, Diderot
Malthus et l’archipel anthropophage
Candide chez les Cannibales
CHAPITRE XII
CRUELLE NATURE : DE PAUW, SADE
L’Amérique dégénérée de Cornélius de Pauw
L’Afrique fantôme de Sade
CHAPITRE XIII
CANNIBALISME ET COLONIALISME : LE CAS JULES VERNE
Le Cannibale au Canada
Le Cannibale raconté aux enfants
De l’île au radeau
ÉPILOGUE
LE RETOUR DU CANNIBALE : SWIFT, FLAUBERT, LA MEDUSE
APRÈS-DIRE
ROUEN ENCORE ET TOUJOURS
Rouenneries
Le « Conte cannibale » de Montaigne
La Boétie à Rouen
Pourquoi Bordeaux ?
Rouen définitivement
BIBLIOGRAPHIE
INDEX NOMINUM
TABLE DES ILLUSTRATIONS
1492-1592 : ce siècle conduit d’une erreur à un mythe. Erreur de Colomb qui prend les Indiens Caraïbes pour des sujets du Grand Khan ou, pire, pour des cynocéphales, des hommes à tête de chien. Mythe du Bon Cannibale qui, dès 1580 avec Montaigne, renvoie à la face du colonisateur européen les turpitudes d’une civilisation avide de gain. Partant du mot, que Colomb invente, ce livre montre comment le Cannibale des Antilles et du Brésil est devenu en quelques décennies l’incarnation d’un tabou majeur de l’Occident chrétien. Le renversement paradoxal auquel procède Montaigne transforme cette figure repoussoir en modèle positif. Le libre Cannibale, ancêtre du Bon Sauvage des Philosophes, devient le point de référence obligé pour mesurer la barbarie des prétendus civilisés. Cependant le Cannibale tend à faire oublier qu’il mange de la chair humaine. Endossant la livrée des Philosophes et soutenant le combat des Lumières, il devient le porte-parole idéal dans la dispute anticoloniale et antichrétienne. Le Cannibale est lié à la croyance du civilisé. La critique du dogme catholique de la transsubstantiation, tel que l’orchestre la controverse calviniste, en passe par le parallèle avec l’anthropophagie des peuples d’Amérique. Là aussi le mérite du Cannibale est éclatant : s’il mange de l’homme, ce que l’Européen fait sous des formes plus cruelles, il ne mange pas son Dieu, et sa barbarie apparaît toute relative. Cette image positive se dégrade au temps de l’expansion européenne, lorsque le Cannibale, privé de voix et de message, ne représente plus qu’un appétit bestial. Figure odieuse, il suscite tour à tour l’ironie dévastatrice de Swift et les rêveries primitivistes d’un Sade ou d’un Flaubert.