Renaissance
-
-
Alors que l'allégorie statuaire de la Justice s'affirmait publiquement sous des atours susceptibles d'engendrer quelques doutes quant à ses intentions (yeux bandés, glaive et balance, genou dénudé), se met en place dès le XVe siècle dans l'Europe médiane un décor dans les salles de Justice qui puise largement son inspiration dans le registre des images religieuses : Crucifixion, Jugement dernier, Suzanne et les Vieillards, Jugement de Salomon. Quand la justice sort des églises pour devenir l'une des institutions les plus puissantes de l'Etat moderne, elle emporte avec elle des images propres à l'Eglise. Puis, dès que se laïcisera le décor des salles de Justice, des représentations picturales anachroniques, antiquisantes et légendaires tendront à fixer une justice d'un âge révolu, comme à exalter les vertus civiques de ceux qui vont jouer (sur) la scène judiciaire, ces magistrats tourmentés par la pesanteur de leurs charges.
-
-
Témoin oculaire d'un monde catholique menacé, Sébastien Le Pelletier, prêtre et humble maître de grammaire, s'est lancé en 1589 dans la rédaction d'une histoire de la ville de Chartres et de ses environs pendant les guerres de la Ligue. Il y décrit, dans le détail, les événements liés au siège de la ville par les armées de Henri IV, la résistance ligueuse et la reprise en main vigoureuse de la cité mariale par les royaux. Prêtre austère, Le Pelletier livre aussi ses impressions sur ses adversaires calvinistes et sur la politique religieuse du roi de France dans les circonstances troublées de son avènement. Xavier Le Person accompagne l'édition critique de ce riche manuscrit, original et inédit, d'une introduction, d'une annotation dense et d'un index.
-
Monarchomaques : le mot plaît, la chose est méconnue. Ce terme polémique forgé en 1600 dénonce les auteurs qui se sont, ou se seraient, exprimés contre le roi de France. Mais la réalité est plus complexe, le terme désignant tout aussi bien les ouvrages politiques ayant justifié la résistance au tyran entre 1568 et 1600. Il ne s'applique donc pas tant aux hommes - Théodore de Bèze, François Hotman, Philippe Duplessis-Mornay -¬, qu'à leurs écrits. Lesquels ne sont pas restreints à des pamphlets protestants réagissant à la Saint-Barthélemy sur le ton de l'invective, mais constitués de véritables traités théoriques établis sur une réflexion historique. Enfin, ils ne se limitent pas au cadre strict des guerres de religion françaises, mais s'inspirent de plusieurs modèles institutionnels, passés ou contemporains, et s'inscrivent dans le contexte européen.
Les communications réunies par Paul-Alexis Mellet discutent ces questions et offrent au lecteur un bilan de la recherche sur des auteurs ou des écrits encore mal connus. Sont successivement étudiés : les liens entre autorité spirituelle et autorité politique chez Machiavel, le devoir d'obéissance à Florence et à Magdebourg, l'horizon européen des Monarchomaques, en particulier Philippe Duplessis-Mornay aux Pays-Bas et Théodore de Bèze à Genève, enfin le débat sur la contractualisation de la loi et sur l'absolutisme naissant.
-
Mystère et paradoxes entourent le personnage de Louise Labé, à la réputation controversée de courtisane, ainsi que la publication en 1555 de son unique ouvrage, les Euvres de Louïze Labé Lionnoize, dont l'édition originale est ici reproduite dans son intégralité. Trois élégies et vingt-quatre sonnets lui ont assuré une gloire universelle de poète, alors même que l'ouvrage comporte un long « Dialogue de Folie et d'Amour » en prose et qu'il est composé pour un tiers d'écrits dithyrambiques à sa louange, pièces non signées de poètes contemporains qui ne parleront ensuite plus jamais d'elle.
A restituer le cercle de ces poètes de Louise Labé, dans le Lyon fastueux du milieu du XVIe siècle, il apparaît que les Euvres, opération collective élaborée dans l'atelier de Jean de Tournes par des auteurs très impliqués dans la production de ce dernier, ne sont qu'une supercherie brillante. Celle-ci ne devait pas faire illusion au lecteur lyonnais de 1555, habitué aux masques et aux déguisements, aux momeries et aux figures allégoriques comme mythologiques qui hantent Fourvière (le forum de Vénus), attaché à la littérature paradoxale alors à la mode dans cette cité où l'on débat entre néoplatoniciens italiens et français des vertus de l'Amour. Le projet marotique ancien de « louer Louise », inspiré du « laudare Laure » de Pétrarque, adapté dans des circonstances très particulières, se révèle finalement comme une mystification de poètes facétieux qui ont cyniquement couché sur le papier une femme de paille dont ils se sont joués.
-
La B.I.H.R. est le fruit de la coopération internationale entre dix-huit pays où la Fédération est représentée (pour l’Europe : Allemagne, Belgique, Bulgarie, Espagne, France, Grande-Bretagne, Grèce, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Suisse ; sur les autres continents : Amérique hispanique et Brésil ; Etats-Unis d’Amérique, Japon). Chaque contributeur procède, année après année, au recensement de tout ce qui a paru dans son pays, à savoir les monographies et les articles contenus dans des revues et des collectifs (mélanges, actes de congrès, etc.), à l’exception toutefois des comptes rendus. La Rédaction centrale se charge de collecter les différentes contributions en vue d’une publication annuelle. Les termes Humanisme et Renaissance y sont entendus dans leur sens le plus large; ils embrassent toute l’activité humaine – économique, juridique, scientifique, technique, littéraire, philosophique, religieuse, artistique, au cours des XVe et XVIe siècles. Nous avons toutefois conservé une certaine souplesse à ces limites chronologiques, compte tenu du développement asynchrone de ces mouvements culturels dans les différents pays concernés.
-
En 1565, Simon de Vallambert fait paraître ses Cinq livres de la maniere de nourrir et gouverner les enfans. Il s’agit du premier traité de pédiatrie en langue française, de l’un des premiers manuels d’enseignement pour les mères, les sages-femmes et les nourrices et c’est aussi l’un des plus anciens régimes de santé consacrés à l’enfance. Lointain ancêtre de nos manuels de médecine, les Cinq Livres fournissent une description précise des maladies infantiles et de leur traitement. Sa publication au milieu du seizième siècle marque un moment essentiel dans l’histoire de la pédiatrie. L’édition qu’en donne Colette Winn, fondée sur la seule impression que nous connaissions de l’ouvrage (BnF Rés. P-T-60), comprend une introduction sur le contexte historique et socio-culturel, un texte critique accompagné de notes copieuses, un index des noms propres, un glossaire étendu, une bibliographie, plusieurs appendices concernant des ouvrages médicaux contemporains ainsi qu’un répertoire des principaux traités de pédiatrie du XVe et du XVIe siècle.
-
Sommaire / Table of Contents: D. Bohler & C. Magnien, Avant-propos; Cl.-G. Dubois, Propos liminaire; K. Keffer, «Sources catastrophiques de l’histoire chez Blaise de Monluc, François de La Noue et le seigneur de Brantôme»; P. Desan, «Loys Le Roy et l’anthropologie historique»; M. Chazan, «Charlemagne dans l’historiographie messine à la fin du Moyen Age»; A. Schoysman, «L’écriture mythographique de l’histoire à la cour de Bourgogne: les Genealogie deorum gentilium de Boccace exploitées par Jean Miélot, remanieur de l’Epitre Othea de Christine de Pizan»; B. Conconi, «Quasi luci sunt offundendæ, ut illustretur, tenebræ: l’ombre de Thucydide sur la reddition de Sancerre»; R. Gorris, «‘La France estoit affamée de la lecture d’un tel historien’: lectures de Tacite entre France et Italie»; R. Cooper, «Histoire et archéologie de la Gascogne antique au XVIe siècle»; G. Cazals, «La constitution d’une mémoire urbaine à Toulouse (1515-1556)»; M. Yardeni, «Histoire et petite histoire chez Pierre de L’Estoile»; E. Gaucher, «Le vrai et le faux dans l’écriture de quelques biographies du XVe siècle: ‘écrire la vie, une autre histoire’»; I. Heullant-Donat, «L’historiographie, le faussaire et la truffe. Les falsifications d’Alfonso Ceccarelli sur les chroniques de fra Elemmosina»; E. Doudet, «De la dissonance historique à la conjointure littéraire: l’art de la manipulation textuelle dans la Chronique de George Chastelain»; P. Chiron, «‘Un temps turbulent à descrire en forme lysable’, l’écriture de l’histoire chez Jean Lemaire de Belges»; J. Dufournet, «Commynes et l’écriture des Mémoires»; B. Méniel, «Mémoires privés et histoire publique à la Renaissance: les cas de Guichardin et d’Aubigné»; J. Boucher, «La difficulté d’être acteur et rédacteur de l’histoire à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle»; Cl. Thiry, «Le lyrisme de l’histoire dans l’œuvre des indiciaires de Bourgogne»; D. Ménager, «Le récit de bataille»; Y.-M. Bercé, «L’Histoire comme un théâtre»; Cl.-G. Dubois, «La méthode qu’on doit tenir en la lecture de l’histoire (1579) de Pierre Droict de Gaillard»; E. Lecuppre-Desjardins, «Maîtriser le temps pour maîtriser les lieux: la politique historiographique bourguignonne dans l’appropriation des terres du Nord au XVe siècle»; C. Beaune & E. Lequain, «Histoire et mythe familiaux chez les Boulogne-Auvergne»; I. Guyot-Bachy, «Réforme, identité nationale et sources médiévales: Matthew Parker et le Memoriale historiarum de Jean de Saint-Victor»; F. Lestringant, «L’écriture du martyrologue: Richard Verstegan et Matthieu de Launoy»; A. Graves, «La méthode pragmatique: la pratique de l’histoire dans les Memoires de Condé et leurs prolongations»; H. Daussy, «L’instrumentalisation politique et religieuse de l’histoire chez Philippe Duplessis-Mornay»; J.-Cl. Laborie, «L’écriture jésuite de l’histoire, le laboratoire historiographique j©suite au XVIe siècle»; L. Lobbes, «L’œuvre historiographique de Pierre Matthieu ou la tentative d’embrigader Clio»; J.-M. Moeglin, «Qui a inventé la Guerre de Cent ans? Le règne de Philippe VI dans l’historiographie médiévale et moderne vers 1350-vers 1650)».
Fondée en 1950 par Eugénie Droz, la collection des Travaux d'Humanisme et Renaissance a réuni, en soixante-cinq ans, plus de 550 titres. Elle s'est imposée comme la collection la plus importante au monde de sources et d’études sur l'Humanisme (Politien, Ficin, Erasme, Budé…), la Réforme francophone (Lefèvre d'Etaples, Calvin, Farel, Bèze…), la Renaissance (littéraire et artistique, Jérôme Bosch ou Rabelais, Ronsard ou le Primatice…), mais aussi la médecine, les sciences, la philosophie, l'histoire du livre et toutes les formes de savoir et d’activité humaine d’un long XVIe siècle, des environs de 1450 jusqu’à la mort du roi Henri IV, seuil de l'âge classique. Les Travaux d'Humanisme et Renaissance sont le navire-amiral des éditions Droz.
-
Septième volume du catalogue de la collection Jean Paul Barbier-Mueller, ce quatrième tome de la quatrième partie de Ma Bibliothèque poétique nous emmène à la découverte de dix-sept poètes, au gré de quarante-sept notices bibliographiques. De la poétesse bénédictine Anne de Marquets à Étienne Pasquier, parlementaire, historien et rimeur, sont abordées successivement des œuvres de : Raymond et Charles de Massac, Pierre Matthieu, Gabriel de Minut, Jean Mondin, Jean Édouard du Monin, Antoine de Montchrestien, Bernard de Montméja, Nicolas de Montreux, Marc Antoine de Muret, Charles de Navière, Antoine de Nervèze, Michel de Nostredame (dit Nostradamus), Claude Nouvelet et Claude Palliot.
Le fonds décrit est sans doute l’un des plus considérables, sinon le plus complet qui ait été formé depuis les grandes collections et entreprises bibliographiques des XIXe et XXe siècles.
Le catalogue présente, dans des notices très détaillées, une description minutieuse, page à page, de chacun des ouvrages étudiés. Tout au long du volume courent plus de deux mille notes de bas de page précisant des questions bibliographiques, évoquant des événements politiques ou identifiant de nombreux dédicataires, illustres ou méconnus, souvent dotés d’une biographie. Un tableau complet du contexte historique, politique, intellectuel et culturel de l’époque se trouve ainsi recréé.
Le volume se clôt sur une bibliographie détaillée, deux index (nominum et rerum) et une liste des devises, tables permettant une compulsion facilitée et précise de l’ouvrage.
Illustré de près de 450 clichés noir-blanc (reproduction de pages de titre, de privilèges, de passages ou vers cruciaux, d’autographes, de portraits peints ou gravés), de neuf vignettes hors-texte en couleur consacrées à quelques pièces de grande qualité (reliures, monnaie ou sculpture) et de quatre grands arbres généalogiques à double page, le présent catalogue perpétue l’esprit de la collection, effort exceptionnel de présentation et diffusion d’une bibliothèque privée.