Renaissance
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Issu d’une illustre famille de robe, fils du premier président du Parlement de Paris Christophe de Thou, Jacques-Auguste a acquis une stature éminente dans le monde politique et intellectuel de son époque. S’il l’a établie sur une éducation raffinée qui lui donna le goût de la bibliophilie et l’exerça au mécénat, il l’a étayée grâce à une production poétique impressionnante, bien que méconnue de nos jours, et un réseau de relations érudites, notamment avec le triumvirat de lhumanisme tardif (Joseph Scaliger, Juste Lipse et Isaac Casaubon). Il a également joui de relations familiales efficaces et d’une politique nuptiale bien calculée. Il l’aura enfin récapitulée dans les entreprises respectivement commémorative deson œuvre maîtresse, les Historiae sui temporis, et apologétique de la Vita. Ainsi est-ce dans la réorientation de la carrière ecclésiastique jusqu’à la faillite du cursus honorum parlementaire et dans la tragédie personnelle d’un double veuvage que se dessine le néo-stoïcien, le politique, l’ami des protestants, le poète, l’historien, le mémorialiste, cet homme complexe que fut Jacques-Auguste de Thou.
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Dracula, le Prince des Ténèbres entré dans l'imaginaire européen grâce à la fantaisie féconde d'un romancier irlandais du XIXe siècle, Bram Stoker, a une origine bien réelle: la vie assurément sanglante - et pourtant non dépourvue de sagesse - de Vlad III, prince de Valachie, qui régna par intermittence au milieu du XVe siècle.
Vlad Tepes (l'Empaleur), car tel est l'autre surnom du prince cruel, fut courageux dans sa lutte contre les Turcs, et prouva son intelligence meurtrière en guerroyant contre les Bulgares. Matei Cazacu étudie l'origine et la diffusion en Europe orientale des différents récits du XVe siècle qui composent la légende de Dracula, et offre une édition critique des textes allemand et russe avec leur traduction française. Si l'édition est savante, la légende se dévore facilement. Le Dracula historique fut sanguinaire, mais sa destinée ne s'achève pas comme celle du héros fantastique: il finit taillé en pièces.
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Venant après Les Singularitez de la France Antarctique (1557) et La Cosmographie universelle (1575), l'Histoire de deux voyages, dont le manuscrit est conservé à la BnF sous la cote Fr. 15454, est la dernière version, la plus ample et la plus complète, du Brésil d'André Thevet, cosmographe des rois de France. Thevet fait bien plus que livrer son expérience personnelle, en vérité restreinte à l'hiver 1555-1556, lorsqu'il était l'aumônier du chevalier de Villegagnon en baie de Rio de Janeiro. Il livre un fonds documentaire unique constitué pour l'essentiel au temps de la colonie française et recueilli auprès des "truchements" installés dans le pays, complété ensuite sur le rapport des marins normands, bretons et saintongeais qui fréquentaient le littoral du Nordeste brésilien dans les dernières décennies du XVIe siècle. Texte capital pour la connaissance des tribus perdues du littoral sud-américain, les "Toupinambaoults" de Léry et les Cannibales de Montaigne, l'Histoire de deux voyages, où ont puisé tour à tour les anthropologues Alfred Métraux, Claude Lévi-Strauss et Hélène Clastres, n'avait jusqu'ici fait l'objet que d'éditions très partielles, la dernière, par Suzanne Lussagnet, remontant à 1953. Cette première édition complète inclut les variantes d'une version préparatoire connue sous le nom de Second Voyage. Elle reconstitue en outre les liens complexes que l'Histoire de deux voyages entretient avec le Grand Insulaire et Pilotage, l'autre grand inédit de Thevet, conservé lui aussi à Paris. Comme le Grand Insulaire, élaboré entre 1584 et 1588, l'Histoire de deux voyages tend à l'émiettement des Isolari, ces atlas d'îles qui fleurirent à la Renaissance et à l'âge classique.
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Le Registre du Conseil de Genève de 1538 est d'une formidable richesse, abordant des domaines aussi variés que l'économie, la religion, la justice, la politique et les institutions. L'année 1538 est marquée par la poursuite de la reconnaissance du droit de la Seigneurie sur les anciens biens ecclésiastiques - revendiqué par les Bernois d'une part et le roi de France d'autre part, dans un contexte où les soupçons d'espionnage comme les attroupements de soldats aux portes de Genève y font grandir l'inquiétude -, par l'affermissement du contrôle social et moral, par la création de la Chambre des Comptes, par l'unification cérémonielle avec Berne et surtout par le bannissement de Calvin et Farel. Les élections du début de l'année ayant port© au pouvoir leurs opposants, ces derniers tentent de les tenir à l'écart de la politique et de les museler en les empêchant de prêcher. N'y parvenant pas, ils les feront expulser de la ville pour insubordination.
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Le colloque sur les paraphrases bibliques aux XVIe et XVIIe siècles qui s'est tenu à Bordeaux en septembre 2004 a réuni des chercheurs venus d'horizons divers pour mener une réflexion sur une pratique d'écriture très féconde à l'époque, quoique déroutante à la fois par la diversité des champs qu'elle recouvre (théologie, liturgie, littérature, musique) et par la variété des postures qu'elle adopte ou des visées qu'elle poursuit (traduction, exégèse, homélie, sermon, imitation ou explication poétique). La marge de manœuvre que la démarche même de la réécriture laisse au paraphraste lui permet de franchir les limites imposées aux genres traditionnels, et de s'aventurer sur des chemins de traverse qui sont pour son œuvre autant d'occasions de démontrer ses facultés de souplesse et de rénovation. Réécrire, qu'il s'agisse d'expliquer, d'interpréter ou tout simplement de répéter, c'est s'approprier le discours de l'autre. Sous cet angle, l'appellation de paraphrase se révèle trompeuse : elle n'est pas un acte de subordination idéologique ou littéraire, mais bien plutôt l'apprentissage d'une forme de liberté - liberté de pensée, liberté d'écriture, séparées ou conjuguées selon les cas. Le choix du texte de base, son interprétation idéologique, sa translation formelle, son utilisation (liturgique, polémique, pastorale ou autre), tels sont les indices d'une singularité qui s'élabore et s'affirme en bordure de l'autre.
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Ce deuxième volume des Centuriae Latinae, dédié à la mémoire de la regrettée Marie-Madeleine de La Garanderie, vient compléter le premier volume, offert à Jacques Chomarat. On trouvera ainsi des notices sur Aléandre, Calepin, Pic de la Mirandole et Salmon Macrin, mais également d'autres consacrées à des imprimeurs -Henri Estienne ou Johann Froben -, à des érudits et à des auteurs qu'on ne tient communément pas pour des humanistes - Bucer, Des Masures, Maldonat.
Les cent une notices bio-bibliographiques, rédigées par les meilleurs spécialistes, couvrent à nouveau quatre siècles, du XVe au XVIIIe (à quoi il faut ajouter un passage par le XIIe siècle), une attention particulière étant réservée à l'humanisme français, sans que soit négligée la dimension européenne. Chaque notice de cet instrument de travail est terminée par une bibliographie des oeuvres et des études ; un index cumulatif des deux volumes achève d'en faire un ouvrage de référence cohérent.
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