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Il nous était nécessaire en France de rendre hommage à nos anciens orfèvres. Nous admirions leurs travaux au cours des siècles, leur renommée passée, leur succès auprès des collectionneurs ou des marchands de notre temps. Nous nous étonnons aussi de les voir si mal connus. Quelques érudits ou amateurs ont pourtant senti ce besoin de connaître, de dater, de nommer les auteurs des ouvrages qu’ils maniaient. Rien n’est plus facile en apparence, puisque dès la fin du XIIIe siècle, des règlements édictés et sans cesse renouvelés par les rois de France ont obligé les orfèvres à poinçonner, c’est-à-dire à signer leurs ouvrages. Mais les poinçons se présentent comme des hiéroglyphes : des emblèmes, des symboles, aux mieux des initiales, très rarement un nom entier, ce qui est arrivé à Strasbourg ou à Toulouse. Il faut un travail de déchiffrement, de décryptement, dont le secret réside dans les anciennes archives. Papiers des corporations, plaques d’insculpation en cuivre très parcimonieusement conservées, registre de maîtrise, minutes de notaires, registres paroissiaux, constituent des éléments où puiser, forment le faisceau d’où sortira une connaissance sûre et durable.
Travail difficile qui l’est plus encore pour la province où les documents sont moins nombreux et moins groupés. Une étude systématique, qui ne peut prétendre à l’exhaustivité, mais qui donne, par une documentation étendue et un contrôle serré des œuvres, une assise pour longtemps durable, était entreprise pendant le même quart de siècle par Mme Brault-Lerch, sous la forme d’un dictionnaire, dont chaque volume serait consacré à l’une des anciennes généralités. Le premier volume est consacré aux orfèvres de Franche-Comté et à la principauté de Montbéliard du Moyen Age au XIXe siècle.
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