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Sommaire – ARTICLES – P. Kotliarov, « The Sack of Rome and Cultural Memory: A German Humanist’s Response (the Case of Philip Melanchthon) » ; M. A. Orban, « Des huguenots en Provence orientale, 1558-1594 » ; L. Ropp, « La violence des frères. Trois protestants méridionaux face aux massacres perpétrés par leurs coreligionnaires au temps des guerres de religion » ; A. Boniteau, « Hubert Languet monarchomaque : un regard anglais » ; J. Volff, « Dix figures laïques du consistoire d’Alger (1839-1872) » – LES PSAUMES DANS LA CULTURE HUGUENOTE. USAGES MILITANTS, XVIe-XVIIIe SIÈCLE – C. Bernat, « Introduction » ; C. Bernat, « "Fortifier contre tous assaulx". Psaumes et militances réformées, l’esprit et la règle (XVIe-XVIIIe siècle) » ; G. Dahan, « L’exégèse protestante des Psaumes et son influence dans les usages militants des réformés » ; B. Föllmi, « Du bûcher au champ de bataille. Le chant des psaumes pendant les conflits confessionnels au XVIe siècle » ; I. Kirschleger, « "Nous partîmes pour aller chercher cette manne spirituelle" : les Psaumes dans les pérégrinations féminines au lendemain de la révocation de l’édit de Nantes » ; G. Peureux, « Le Mémoire de 1664 ou le Psautier face au "tyran des langues" » ; J. Goeury, « Laurent Drelincourt, Élie Bouhéreau et l’« illustre ami » : un éclairage épistolaire sur la révision du Psautier de Genève (1674-1679) » – ASSEMBLÉE GÉNÉRALE – I. Sabatier, « Rapport moral pour l’année 2019 » – COMPTES RENDUS – NÉCROLOGIE – B. Roussel, « Jean-François Gilmont (1934-2020) » ; L. Theis, « Bernard Cottret (1951-2020) » ; F. Lestringant, « Daniel Ménager (1936-2020) ».
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Le siècle de l’humanisme, le xvie siècle, est celui du développement des études hébraïques dans plusieurs pays d’Europe occidentale, en dehors même des communautés juives. Stimulés par les progrès faits en Allemagne, en Italie ou en Espagne (Johannes Reuchlin, Agostino Giustiniani, Agazio Guidacerio jouent un rôle fondamental à cet égard), plusieurs savants français se mettent à l’étude de l’hébreu ; leurs efforts sont concrétisés par la création des Lecteurs royaux (futur Collège de France), avec deux chaires d’hébreu et une chaire d’études orientales. Pendant tout le xvie siècle sont rédigés des instruments de travail : grammaires, alphabets, dictionnaires et, avec ou sans traduction latine (notamment à Paris et à Lyon), des textes bibliques et rabbiniques. Le recours aux commentaires en hébreu (Rashi, Abraham Ibn ‘Ezra, David Qimḥi) apparaît alors indispensable aux yeux de nombreux exégètes chrétiens. La littérature kabbalistique est l’objet d’un engouement de la part de certains savants, attirés par les spéculations arithmologiques ou par un certain ésotérisme ; mais certains y voient également un moyen d’approfondir le message de l’Ancien Testament et d’asseoir certains dogmes du christianisme.
Le présent ouvrage présente cette riche matière, en étudiant les moyens et les méthodes d’enseignement et de diffusion de l’hébreu et en examinant le travail des hébraïsants. Il convient de souligner l’influence, directe ou non, de ces études (en particulier kabbalistiques) sur la littérature française du xvie siècle.
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On ne sera pas étonné que le travail des commentateurs médiévaux s’ancre à deux points fondamentaux : l’analyse du langage de l’Ecriture, la possibilité de faire éclater ce langage pour aller au-delà de ce que sont en mesure d’exprimer les mots. Faisceau de techniques consistant à décoder l’Ecriture, traitant de la compréhension et de l’interprétation humaine de textes réputés d’inspiration divine, l’exégèse enrichit le texte biblique d’une signification déclinée en différents sens. Ainsi la réflexion herméneutique porte avant tout sur l’analyse du langage de la Bible. Se pose la question de savoir si l’herméneutique est alors réduite à des fins d’allégorèse ou si elle fait l’objet, aux XIIe et, plus encore, XIIIe siècles, d’une réflexion proprement épistémologique tout en démarquant son champ d’application au seul corpus biblique.
Force est de constater que l’intense pratique exégétique des XIIe et XIIIe siècles s’est accompagnée d’une réflexion non moins consistante. Au départ de ce constat, Gilbert Dahan examine comment une exégèse confessante, de type traditionnel, dans laquelle inspiration et expérience jouent un rôle prépondérant, en vient à être formalisée. Dossiers à l’appui, il établit quels moyens elle déploie pour fondre en un système cohérent les contradictions qui la constituent, acquérir les caractères de ce que l’on appellerait volontiers une exégèse scientifique et enclencher le processus d’une méthode herméneutique.
En d’autres termes, le présent recueil, et l’intérêt même du choix des travaux réunis, permet de poser que l’intention herméneutique est bien applicable au Moyen Age et ne peut être tenue pour un effet, qu’il faudrait admettre anachronique, de la recherche contemporaine.