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Au Siècle des Lumières, le héros de roman prend la plume. Saisi d’une rage de raconter sa vie et de se donner une histoire, il devient un écrivant. René Démoris explore une forme romanesque liée, au début du XVIIe siècle, au roman picaresque espagnol et qui prend son essor dans les mémoires authentiques et fictifs de l’époque classique. Elle triomphe dans l’autobiographie pittoresque – et à nouveau picaresque – de Gil Blas de Santillane, avant de s’épanouir chez Marivaux et Prévost. Démoris définit le rapport qu’entretient ce roman à la première personne avec la mutation sociale, culturelle et politique qui va produire ce monstre singulier, l’individu, et qui mène au sacre de l’écrivain. Fiction singulière que celle où s’exerce la première personne, laquelle suggère à ses lecteurs un exercice de critique autant que d’identification. En attendant qu’avec Jean-Jacques et ses Confessions, roman-mémoires enfin vrais, l’auteur jette le masque. L’exaltation du Je narratif renvoie au fondement même de notre relation à la littérature. A-t-on une autre histoire que celle qu’on s’invente et qu’on écrit ?
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Gauthier AMBRUS,
Jacques BERCHTOLD,
M. BRIX,
L. CHALLANDES,
V. COSSI,
René DÉMORIS,
D. DI MARE,
J. DOMENECH,
R. GRANDEROUTE,
Robin HOWELLS,
G. INCORVATI,
Françcois JACOB,
C. LABROSSE,
E. LAVEZZI,
Erik LEBORGNE,
F. LOTTERIE,
C. RAMOND,
Ph. ROBINSON,
Franck SALAÜN,
Y. SÉITÉ,
Ph. STEWART,
V. SWAIN,
L. VIGLIENO,
B. R. WELLS
Sommaire: J. Berchtold, «Approche intertextuelle de La Nouvelle Héloïse»; M. Brix, «La Nouvelle Héloïse et l’éros’ platonicien»; G. Ambrus, «Un vers d’Ovide sous la plume de Saint-Preux (La Nouvelle Héloïse, I, 55)»; L. Challandes, «DAbélard à Julie: un héritage renversé»; E. Leborgne, «De Saintré à Saint-Preux: culte amoureux et vassalité dans la première partie de La Nouvelle Héloïse»; V. Swain, «Le sublime et le grotesque. La lettre du Valais et la théorie esthéque de Rousseau»; J. Domenech, «Saint-Preux et Julie lecteurs du Tasse: connivence érotique et spiritualité amoureuse dans La Nouvelle Héloïse (Quand Rousseau “se fait un rempart du Tasse” dans La Nouvelle Héloïse)»; C. Labrosse, «Des bords du Lignon aux rives du Léman. “La mise en lieu” de la scène amoureuse (L’Astrée et La Nouvelle Héloïse)»; L. Viglieno, «Amour profane, amour sacré. Résonances cornéliennes dans La Nouvelle Héloïse»; C. Ramond, «L’influence racinienne sur La Nouvelle Héloïse»; R. Howells, «Œdipe, Narcisse. Sur l’intertexte racinien dans La Nouvelle Héloïse»; F. Lotterie, «Amabam amare. Aspects et enjeux de la langue amoureuse dans les Lettres Portugaises et La Nouvelle Héloïse»; R. Granderoute, «Passion, pur amour et sagesse divine ou comment l’auteur de La Nouvelle Héloïse dialogue avec Fénelon»; B. R. Wells, «Julie, ou la nouvelle Clarisse. L’amour, la vertu et la question du moi»; V. Cossi, «Des “moral difficulties” chez Madame Sinclair à la morale du sentiment “au pied des Alpes”. Sentiment et vertu chez Richardson, Prévost et Rousseau»; R. Démoris, «De Marivaux à La Nouvelle Héloïse. Intertexte et contre-texte, entre fantasme et théorie»; Ph. Stewart, «Intertexte libertin de Julie»; Y. Séité, «La machine célibataire. Autour des Amours de Milord Edouard Bomston»; F. Salaün, «L’être de deux amants. Voix de l’âme et voix des “philosophes” dans La Nouvelle Héloïse»; Ph. Robinson, «LaPréface dialoguée de Julie: le refus du dialogue?»; D. Di Mare, «D’une Julie à l’autre: le portrait peint dans La Nouvelle Héloïse et dans La Pieuse Julie de Jean-Pierre Camus (1625)»; E. Lavezzi, «Le portrait de Julie au risque du Cours de peinture par principes de Roger de Piles”; F. Jacob, «L’intertexte musical dans La Nouvelle Héloïse»; G. Incorvati, «“Le droit de t’aimer toujours sans crime”. Les dissonances du monde de Kepler à Rousseau».