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Dans l’approche des œuvres littéraires, la critique a toujours eu tendance à privilégier l’imaginaire visuel. Mais les textes du Moyen Age, outre qu’ils relèvent originairement de l’oreille et de la performance, mettent aussi en scène des phénomènes sonores variés, du cri au cliquetis, de la parole à la musique. Ces événements ne sont pas anecdotiques ; ils forment un réseau et constituent un paysage contrasté. D’un genre à l’autre, d’une œuvre à l’autre, l’ambiance sonore varie : la criée épique forme un cadre acoustique bien différent du concert des oiseaux qui ouvre la chanson d’amour et si certaines chansons de geste sont de véritables symphonies, d’autres jouent sur une ascèse. C’est cette poétique du sonore qu’il convient de mettre au jour au terme d’un parcours non restrictif à travers les littératures latine et surtout vernaculaires du Moyen Age. C’est la partition que dessine chaque texte, la Chanson de Roland comme le Conte du Graal, l’Inferno comme les Canterbury Tales, que nous nous proposons d’explorer et d’interpréter.