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Le Registre du Conseil de Genève de 1538 est d'une formidable richesse, abordant des domaines aussi variés que l'économie, la religion, la justice, la politique et les institutions. L'année 1538 est marquée par la poursuite de la reconnaissance du droit de la Seigneurie sur les anciens biens ecclésiastiques - revendiqué par les Bernois d'une part et le roi de France d'autre part, dans un contexte où les soupçons d'espionnage comme les attroupements de soldats aux portes de Genève y font grandir l'inquiétude -, par l'affermissement du contrôle social et moral, par la création de la Chambre des Comptes, par l'unification cérémonielle avec Berne et surtout par le bannissement de Calvin et Farel. Les élections du début de l'année ayant port© au pouvoir leurs opposants, ces derniers tentent de les tenir à l'écart de la politique et de les museler en les empêchant de prêcher. N'y parvenant pas, ils les feront expulser de la ville pour insubordination.
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Le volume de 1537 de la nouvelle série de publication des registres du Conseil est d’une grande richesse pour l’histoire juridique, économique, sociale et religieuse de Genève. Sur le plan de la politique extérieure, la situation par rapport à lannée précédente est toujours aussi pesante, sinon davantage. La Seigneurie doit lutter simultanément sur trois fronts pour sauvegarder son indépendance politique et défendre ses intérêts économiques : elle doit obtenir la reconnaissance des ens des institutions ecclésiastiques sécularisées, lutter pour sauvegarder le mandement de Thiez contre les prétentions de la duchesse de Nemours et contenir les visées expansionnistes des Bernois. En matière de politique intérieure, la Réforme est source de nombreux réglements qui suscitent un malaise parmi la population, d’autant qu’ils sont accompagnés de mesures disciplinaires impopulaires. Au fil du registre 1537, il devient manifeste que le climat de confiance se détériore entre le Petit Conseil qui, dans sa grande majorité, soutient les ministres d’une part et d’autre part la population qui s’oppose à la discipline ecclésiastique dictée et imposée par des ministres étrangers. La révolte gronde dans la rue et les syndics sont tiraillés entre les ministres et la population. Le mouvement de réforme semble fort compromis, car pour regagner la confiance de ses sujets, la Seigneurie ne peut que se désolidariser de l’action menée par les ministres, en refusant d’empêcher les citoyens qui n’ont pas signé la confession de foi de se présenter à la sainte Cène.
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Cette nouvelle série de publications des registres du Petit Conseil de Genève poursuit celle entreprise au siècle passé par E. Rivoire et V. van Berchem, qui couvre les années 1409-1536, interrompue en mai 1536 avec l’adoption officielle de la Réforme, quelques semaines avant l’arrivée de Jean Calvin à Genève. Les mois suivants (mai-décembre 1536) font l’objet de la présente publication ; ils constituent une période décisive pour l’avenir de la Seigneurie. En politique extérieure, cette dernière doit affirmer son indépendance à l’égard des Bernois qui occupent, depuis février 1536, les bailliages savoyards de Gex et de Ternier, encerclant ainsi complètement Genève, et qui ont remplacé le duc de Savoie Charles III dans ses prérogatives judiciaires dans les terres de Saint-Victor et Chapitre, sous dépendance genevoise. Elle doit également défendre les intérêts de ses bénéfices ecclésiastiques en Faucigny, territoire appartenant à Charlotte d’Orléans, duchesse de Nemours, alors sous protectorat français. Enfin, en politique intérieure, soutenue par Guillaume Farel, la Seigneurie proclame des édits et prend des mesures disciplinaires pour mettre en place la nouvelle doctrine religieuse. Cette édition est enrichie de nombreuses pièces annexes provenant des Archives d’Etat de Genève, de Berne et de la Bibliothèque nationale à Paris.