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À travers un jeu narratif complexe, sans cesse renouvelé, le texte rabelaisien manifeste avec constance le rejet d’une temporalité linéaire et vraisemblable comme structure du récit. Sur le mode burlesque de la fiction pseudo-historique qui joue sur la confusion des genres, il présente une dénonciation en règle des défauts de l’historiographie médiévale et contemporaine. Le récit n’en esquisse pas moins une poétique de l’histoire, s’appropriant à la fois le trésor exemplaire des histoires antiques et les traditions de la mémoire des peuples, capable aussi de transmettre à la postérité le mémorable tragique de son époque. Ce faisant, la méditation rabelaisienne s’élargit à un questionnement existentiel sur le temps, principe même de la création et de la maturation de toutes choses, tandis que l’expérience humaine de sa vertigineuse infinité est celle d’une béance, que rien ne vient combler, sinon le détachement de l’individu à l’égard de sa propre finitude.
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