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Emile Zola, employé de bureau, chroniqueur, romancier besogneux... un autodidacte acharné ? En reprenant la notion d’autodidaxie dans son sens originel et en la replaçant dans son histoire au XIXe siècle, cet essai revisite le cliché littéraire qui pèse sur Zola. La décrire suppose de reconsidérer les racines culturelles d’une autoformation hors du commun, entre 1858 et 1868. A partir de 1869, avec le lancement des Rougon-Macquart, son activité d’écrivain ne met pas un terme à son apprentissage, mais témoigne plutôt d’une autodidaxie experte qui dépasse la formation initiale tout en conservant la logique exploratoire des formes artistiques. Sur l’étendue de sa carrière, l’artiste sculpte son œuvre selon un dépassement de soi, en lien avec le champ littéraire de son temps. Le montrer à partir de la genèse des grands cycles zoliens, mise en relation avec sa correspondance littéraire et le baromètre de la réception, suppose de concevoir une génétique culturelle des processus de création.
Dans cet essai Olivier Lumbroso s’interroge sur la naissance de l’écrivain et se demande comment on le demeure grâce à des médiations qui, en dehors de l’Ecole, offrent à l’artiste les « écoles » de sa « formation permanente », dont les avant-textes sont l’un des laboratoires. Il en ressort, chez Zola, une posture de résistance contre son propre talent et un défi d’autodéveloppement, qui dépasse le métier et la doctrine naturaliste, afin de redonner de la puissance au roman et à la vie.