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«Que diable de langaige est cecy ? Par dieu tu es quelque heretique ». En ce qu’elle déduit d’un « diable de langaige » la représentation de « l’autre », la célèbre réaction de Pantagruel aux paroles de l’écolier limousin, «qui contrefaisoit le langaige Françoys», est symptomatique de l’association que suscite, dans la fiction comme dans l’opinion que professent les auteurs sur leurs choix d’écriture, la confrontation à une langue repoussoir. Est posée la question de la confrontation à cet « autre », auteur, scripteur, énonciateur du texte-source, qu’il soit identifié ou anonyme, réel ou fictif, en fonction duquel se construit la figure de l’auteur en quête d’identité. Ce n’est pas seulement un discours théorique, mais un imaginaire qui en témoigne, par lequel l’auteur à naître s’approprie de façon souvent très consciente, dans l’émulation, la séduction, la contestation, et non sans mauvaise foi ni brutalité parfois, la richesse du texte qu’il récrit, construisant à son tour une image collective de la littérature qu’il cherche à promouvoir comme une élaboration propre.
L’ouvrage entend discerner, à travers la diversité des langues et de leurs statuts, les modalités d’un processus d’affirmation littéraire et linguistique, en deux périodes où il s’opère par excellence, la renaissance du XIIe siècle et la Renaissance française au XVIe siècle. C’est que les deux périodes envisagées présentent pour caractéristiques communes la revendication d’une littérature en langue vulgaire et, simultanément, l’affirmation du statut de l’auteur, comme si le processus souvent glosé de la translatio studii était indissociable de la prise de conscience individuelle.