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A Arles au tournant du xiiie siècle, Gervais de Tilbury compile en latin ses Otia imperialia. Il clôt cette vaste encyclopédie de science profane par un recueil original de mirabilia de diverses provenances, certains étant même puisés dans son expérience personnelle. L’ouvrage, dont le contenu séduit aussitôt, connaît pendant des générations un succès indubitable qu’atteste le nombre des manuscrits subsistant comme le souci qu’on a eu de le faire traduire. Deux de ces traductions nous sont parvenues : l’une probablement faite par Jean d’Antioche, plus connu pour avoir donné en 1282 une Rettorique de Marc Tulles Cyceron, l’autre, autonome, exécutée par le prolifique Jean de Vignay dans les années 1320. Elles constituent un témoignage précieux non seulement de la langue française, mais aussi de la pratique d’un genre prenant son essor et manifestant alors le tempérament du traducteur. L’édition de Cinzia Pignatelli et de Dominique Gerner, qui a l’intérêt de donner en regard les deux versions de la troisième partie des Otia, en autorise une comparaison instructive.