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Dans l’œuvre aussi diverse que déconcertante de Guillaume Postel, infatigable savant, penseur illuminé dont les historiens des religions, des langues, des voyages et même du genre se servent pour mesurer toutes les audaces de la Renaissance, le Livre de la concorde entre le Coran et les Évangélistes est l’une des pièces les plus curieuses.
Le parallèle en vingt-huit axiomes qu’il dresse entre l’islam et le protestantisme, afin d’avertir les chrétiens des calamités qui les menacent, forme un précieux document sur la controverse confessionnelle vers le milieu du XVIe siècle. Il nous renseigne sur ce qu'on sait de la religion musulmane alors que l’humanisme français est dans la fleur de l’âge. Il nous frappe par une certaine qualité d’indignation et nous touche par les maladresses même de son opportunisme.
Souvent à contre-temps, quoique entièrement conçu pour être de son temps, le livre de Postel s’élève sur le fond d’une pensée qui, elle, est en avance d’un temps et qui n’arrive pas à le dissimuler.
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Le cas de la possession diabolique de Nicole Obry, jeune femme miraculeusement guérie en 1566 à Laon par « le corps de notre Seigneur » dans l'eucharistie secoua les plus hautes sphères politiques et ecclésiastiques, en France et à l'étranger. Les premiers récits du miracle, celui de Guillaume Postel, publié en latin sous le pseudonyme de « Petrus Anusius Synesius », et celui en cinq langues de Jean Boulaese, émule et secrétaire de Postel, parurent déjà la même année. Postel voyait dans le miracle l'annonce de la Concorde universelle, ce qui l'amena à envoyer Boulaese en Espagne, avec sa brochure en cinq langues, chercher le soutien de Philippe II pour l'impression de la Bible en arabe. Document de première importance pour l'histoire culturelle de l'époque des Guerres de religion, les deux récits paraissent ici pour la première fois dans une édition critique, accompagnée de la traduction française du récit latin, d'une introduction, de notes et d'une reproduction de l'unique exemplaire connu de la gravure imprimée en 1566 pour illustrer Le Miracle « en cinq langues ».