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Table des matières
Remerciements
Introduction
Protocole de transcription des textes
PREMIÈRE PARTIE
LA PROMOTION DU LIVRE DE POÉSIE VERNACULAIRE À LYON PROMOUVOIR UNE LANGUE
Introduction de la première partie
Chapitre premier. Renouveler la po©sie en langue vernaculaire : la réflexion d’Etienne Dolet à la fin des années 1530
« Lumen Doletus universæ Galliæ »
Du Recueil de vers latins et vulgaires à L’Avant-Naissance : autour de la figure de Maurice Scève (1536–1540)
La geste dEtienne Dolet Orléanais et la contribution de Charles de Sainte-Marthe
La traduction, relais de l’invention poétique : la preuve par l’exemple
1539–1542 : la conversion d’un cicéronien, support de la constitution d’un groupe
Chapitre IIFaire lieu : un rendez-vous pour le vernaculaire chez François Juste et Pierre de Tours
François Juste, un pendant vernaculaire de Sébastien Gryphe
Faire nom : un Courtisan peu courtois, Mellin de Saint-Gelais, collaborateur ou affiche ?
Une porte d’entrée à Lyon : l’exemple des premiers pas de Charles Fontaine
Le traducteur e(s)t le poète : dans l’officine de Pierre de Tours
Mellin de Saint-Gelais en 1547, poète et traducteur : figure de proue d’une politique éditoriale mise à mal
Un joyeux carnaval : Le Triumphe de treshaulte, et puissante Dame Verolle (François Juste, 1539), aimable prélude à La Louenge des femmes (Jean de Tournes, 1551)
Chapitre III. « Per stampar poêti ». Un entrepreneur du livre de poésie française : Jean de Tournes
« L’imprimeur aux imprimeurs », le geste fondateur d’un imprimeur vernaculaire
Luigi Alamanni ou la défense et illustration de la langue vernaculaire : le modèle toscan en France
Le travail sur l’objet livre
La collaboration d’un imprimeur et d’un éditeur : Jean de Tournes et Antoine Du Moulin
Chapitre IV. Guillaume Rouillé, sous l’écu de Venise
« Che non hanno molti altri impressori » : Guillaume Rouillé face à Jean de Tournes
Les traductions de Luc’Antonio Ridolfi : le relais humaniste de l’italien
De Florence à Lyon : l’importation d’enjeux linguistiques
L’italien, support de l’élaboration d’une culture française : la traduction d’Ebreo par Denis Sauvage
Conclusion de la première partie
DEUXIÈME PARTIE
L’INVENTION D’UN CHAMP LITTÉRAIRE À LYON
Introduction de la deuxième partie
Chapitre V. Force de cohérence : la mise en scène d’un groupe lyonnais
La représentation d’un sodalitium : fondation d’un mythe littéraire et culturel
Clément Marot Lyonnais : une appropriation lyonnaise
Pour « rendre à son entiere pureté » : Un projet d’oeuvres complètes, les Illustrations de Gaule de Jean Lemaire de Belges (1549)
Chapitre VI. Une cohérence construite mais menacée
Publication de Delie, construction d’une cohérence
Pour une promotion de Delie : Pernette Du Guillet et Il Petrarca
Désintérêt de Scève : l’auteur et l’imprimeur, le poète et le genre, des intérêts contradictoires.
Une oeuvre et un ethos qui échappent à l’auteur : travail d’éditeur, ressaisir le modèle scévien
Chapitre VII. Le livre de poésie : pour une promotion politique et culturelle de Lyon
Marguerite de Navarre et la venue à la poésie
Aux Dames Lyonnoises : une spécificité lyonnaise comme relais culturel.
Fonctions politiques : le fondement d’une translatio imperii : le rêve politique du canzoniere, autour des représentations de Catherine de Médicis
Conclusion de la deuxième partie
TROISIÈME PARTIE
ESQUISSE DE GÉOGRAPHIE DU LIVRE DE POÉSIE LYONNAIS
Introduction de la troisième partie
Chapitre VIII. Concurrences parisiano-lyonnaises
La Querelle des Amyes : de la cour à l’amour, de la querelle à la complicité
1545–1546, « De Saône à Seine » : une lecture conservatrice des innovations lyonnaises
Une entreprise promotionnelle : la Deploration de Venus sur la mort du bel Adonis
Une promotion du « Climat Lyonnois »
Chapitre IX. Importations ou appropriations parisiennes à Lyon
Gilles Corrozet, ou l’influence parisienne sur la variété des genres
Alciat à Lyon : le beau livre d’emblèmes
Balthazar Arnoullet et les ouvrages « para-emblématiques » : l’imprimeur initiateur
Le cas des éphémères : une faible implication lyonnaise
Chapitre X. Allers-retours toulousains : circulations d’hommes et de livres, le privilège à Lyon
De Guyon Boudeville à Jean de Tournes : la préférence lyonnaise
La Description de L’histoire du beau Narcissus de Jean Rus : la vitalité de la poésie toulousaine reconnue à Lyon ?
Une collaboration entre Toulouse et Lyon : autour de Guillaume de La Perrière
Conclusion de la troisième partie
Conclusion générale
Quelle auctorialité ?
Une reconsidération des recueils composites : contexte poétique etcollection littéraire
Des constructions symboliques : fondation d’un mythe lyonnais
Quelle « poésie lyonnaise » ?
Annexes
Bibliographie primaire
Bibliographie secondaire
Index nominum
Dans le deuxième tiers du xvie siècle, les lettres françaises s’attachent à acquérir une légitimité analogue à celle des Anciens et des Italiens, sur fond d’ambitions politiques en Europe. Centre littéraire et éditorial de premier plan, carrefour européen, Lyon réunit des hommes qui inscrivent cette entreprise au cœur de l’activité poétique. Considérant l’élaboration et la publication d’une poésie vernaculaire, cet ouvrage interroge la notion de « poésie lyonnaise ». Il fait entrer dans les ateliers d’imprimeurs (Juste, Dolet, De Tournes, Rouillé…) et examine l’élaboration des recueils, à travers l’étude d’auteurs mineurs ou majeurs tels que Marot, Saint-Gelais ou Scève. Il propose de lire la naissance du canzoniere français, l’épanouissement des recueils d’emblèmes, la vitalité des recueils collectifs ou le déploiement d’une poésie féminine. Il révèle comment quelques hommes ont construit une spécificité éditoriale lyonnaise et façonné l’image d’une nouvelle Ilion française.
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En août 1545, un an après la publication de Délie, sortaient des presses de l'imprimeur Jean de Tournes les Rymes de gentile et vertueuse dame D. Pernette Du Guillet Lyonnoise. Ce mince ouvrage posthume fut composé sur « les instantes, et affectionn©es remonstrances de son dolent mary » par Antoine du Moulin qui recueillit les « brouillars » de Pernette destinés à être « en grande admiration leu[s] de tous ». Parangon vertueux, comme le proclament l'ensemble des paratextes ? En cultivant lavariété au fil de pièces fines et vives dont Elise Rajchenbach donne l'édition, les Rymes offrent surtout l'occasion de relire d'une voix légère les codes de la poésie amoureuse. C'est en effet à une définition renouvelée des rapports littéraires et amoureux que se livrait celle couramment identifiée à Délie, quand elle n'hésitait pas à répliquer :
Je dy, combien que n'aye le sçavoir,
Ne les vertus, que ton R, m'advoue,
Qu'errer je fais tout homme, qui me loue.