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Roman déconcertant, Jehan de Saintré d'Antoine de la Sale a souvent été considéré comme un pastiche de roman arthurien, mettant en scène un chevalier épris de valeurs dépassées. Or une comparaison entre le destin de Saintré et celui de héros de biographies chevaleresques, comme Jacques de Lalain ou le maréchal Boucicaut, suggère que, loin d'être perdu dans un monde qui n'est plus fait pour lui, Saintré se meut au contraire avec une aise remarquable dans la société de cour et qu'il incarne peut-être un nouveau type de chevalerie. Cette chevalerie mondaine, préoccupée de son apparence, ne se sent plus guère investie d'une mission sociale et se contente de graviter autour du prince. Plus proche de la biographie chevaleresque que des autres romans du XVe siècle, qui, eux, préservent peu ou prou le modèle du chevalier arthurien, Saintré dessine la carrière non d'un chevalier courtois mais d'un courtisan.
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L'histoire des moines d'Egypte est un texte français resté jusqu'ici inédit, du début du XIIIe siècle. Il s'agit d'une adaptation dans notre langue de l'Historia Monachorum in Ægypto de Rufin d'Aquilée (IVe siècle). On s'est beaucoup intéressé, au moyen âge, à ces Pères du désert, dont l'ascétisme était si rigoureux. Exotisme oriental, attrait de la vocation d'ermite, c'est à ces goûts que répond l'Histoire des moines, mêlée d'épisodes héroïques, de luttes contre les bêtes sauvages. La vie au désert est l'antichambre du paradis!Wauchier de Denain, en adaptant le texte de Rufin, écrit le plus ancien ensemble de vies de saints dans notre langue. En traduisant, il préfère le récit au discours théologique et dogmatique; il explique, commente et glose pour les hommes de son temps.Edition d'après le ms. 473 de Carpentras, avec les variantes des autres manuscrits.
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