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Chef-d’œuvre mutilé, auréolé de mystère, le Tristan et Yseut composé par Thomas vers 1170 se démarque des autres versions par sa fine analyse des sentiments amoureux, sa tonalité très sombre et son style virtuose qui joue volontiers sur les sons et les sens. Unis par l’amer pouvoir d’un philtre merveilleux, Tristan et Yseut la Blonde, l’épouse du roi Marc, vivent loin l’un de l’autre un amour impossible, jusqu’à ce que Tristan, malade et croyant avoir perdu Yseut à jamais (lors du célèbre épisode de la voile noire), ne meure de chagrin.
L’édition de Bartina H. Wind est ici revue et corrigée par Louis-Patrick Bergot. Complété par le fragment de Carlisle, le texte original est assorti d’une traduction qui allie les impératifs de fluidité et de fidélité, ainsi que d’une bibliographie actualisée et d’un riche glossaire. Une introduction inédite situe les fragments dans leur contexte et propose des clés d’interprétation de ce texte essentiel, qui eut une infence décisive dans l’évolution de l’imaginaire courtois.
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Bien loin de la conception cataclysmique que nous en avons, l’apocalypse est en réalité un genre littéraire qui s’enracine dans l’Antiquité judéo-chrétienne. Deux de ces apocalypses, l’Apocalypse de Jean et l’Apocalypse de Paul, ont laissé une empreinte durable dans les mentalités médiévales, car elles répondaient à deux préoccupations majeures du Moyen Âge : le Jugement collectif et le Jugement individuel. Elles ont donné naissance à un imaginaire qui a imprégné une part cnsidérable de la littérature médiévale, jusqu’à devenir un univers mental autonome, riche de motifs, de lieux, de créatures et quelquefois d’inquiétudes. De texte en texte, cet imaginaire s’est propagé au gré de strates intertextuelles que la philologie est en mesure de démêler. Cependant, ce réseau d’interférences ne doit pas nous faire oublier que l’imaginaire apocalyptique a aussi sollicité, au fil de sa transmission, des mécanismes cognitifs tels que la compréhension, la représentation ou l’imagination.