Renaissance
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Sommaire: P. Bourgain, «Réflexions médiévales sur les langues de savoir»; A. Grondeux, «Le latin et les autres langues au Moyen Age: contacts avec des locuteurs étrangers, bilinguisme, interprétation et traduction (800-1200)»; P. Lardet, «Langues de savoir et savoirs de la langue: la refondation du latin dans le De causis linguae latinae de Jules-César Scaliger (1540)»; J.-M. Mandosio, «Encyclopédies en latin et encyclopédies en langue vulgaire (XIIIe-XVIIIe siècles)»; C. Lecointre, «Lappropriation du latin, langue du savoir et savoir sur la langue»; M. Furno, «De l’érudit au pédagogue: prosopographie des auteurs de dictionnaires latins, XVIe-XVIIIe siècles»; B. Colombat, «Changement d’objectif et/ou changement de méthodedans l’apprentissage du latin au XVIIe siècle? La Nouvelle Méthode […] latine de Port-Royal»; M. Bouquet, «Le De viris illustribus de Lhomond: un monument de frantin»; J. Royé, «La littérature comique et la critique du latin au XVIIe siècle»; M. Lemoine, «Les néologismes dans le commentaire de Calcidius sur le Timée»; J. Ducos, «Passions de l’air, impressions ou météores: l’élaboration médiévale d’un lexique scientifique de la météorologie»; J. Paviot, «Le latin comme langue technique: l’exemple des termes concernant le navire»; M.-J. Louison-Lassablière, «Antonius Arena ou le latin macaronique au service du savoir chorégraphique»; L. Boulègue, «Le latin, langue de la philosophie dans les traités d’amour du XVIe siècle en Italie. Les enjeux du De Pulchro et Amore d’Agostino Nifo»; G. Demerson, «Langue ancienne et nouveau Monde»;
A. Vanautgaerden, «L’œuvre ‘latin’ de Jean Froben, imprimeur d’Erasme»; J.-F. Cottier, «Les Paraphrases sur les Evangiles d’Erasme: le latin, instrument de vulgarisation des écritures?»; D. de Courcelles, «Juan Ginés de Sepúlveda (1490-1573), traducteur du grec et historiographe en langue latine: sur le choix de l’écriture en langue latine en Espagne vers 1540»; H. Cazes, «La Dissection des parties du corps humain et son double: les anatomies latine et française de Charles Estienne (Paris, 1545-1546)»; E. Wolff, «Jérôme Cardan (1501-1576) et le latin»; L. Goupillaud, «Demonstrationem mirabilem sane detexi: mathématiques et merveille dans l’œuvre de Pierre de Fermat»; J. Schmutz, «Le latin est-il philosophiquement malade? Le projet de réforme du Leptotatos de Juan Caramuel Lobkowitz (1681)»; Y. Haskell, «Bad taste in baroque Latin? Father Strozzi’s Poem on Chocolate»; A. Michel, «Le latin, les mots et les choses: Virgile, Eckhart, Edmond Jabès».
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Bernard Salomon (ca 1508 – ca 1561) a assuré l’illustration de livres, publiés principalement par le libraire-imprimeur Jean de Tournes, en tant que dessinateur et peut-être graveur. Toujours avec l’élégance gracile et le maniérisme hérités de l’Ecole de Fontainebleau auquel il ajoute une minutie virtuose dans le traitement du paysage, cet «excellent peintre» a couvert tous les domaines qui oscillent entre Ovide et la Bible: Ancien et Nouveau Testament, littérature classique et contemporaine, astronomie et architecture, vues de villes, livres d’emblèmes, Entrées royales et princières. Dressant le catalogue de ses œuvres, Peter Sharratt analyse l’utilisation que Bernard Salomon fait de ses sources comme il relève la profonde influence que l’homme a exercée sur la peinture, la gravure et l’ensemble des arts appliqués, les pièces de faïence et l’émail, la tapisserie et les soieries, le mobilier et les boiseries en particulier. L’étude traite de l’interférence du texte et de l’image dans différentes catégories d’illustration: pédagogique, documentaire, scientifique, narrative, moralisatrice, décorative. Plus de deux cent soixante illustrations rendent compte de l’étendue de l’œuvre de Salomon, fournissant des critères d’appréciation stylistique et facilitant l’identification des sources comme l’attribution de planches. Le corpus constitué permet d’apprécier le rayonnement immense de celui qui est passé à la postérité comme le Petit Bernard.
nard.
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En appelant à la linguistique, à la rhétorique, à la philologie et à l’histoire, L’Epithète et la connivence étudie une forme particulière de littérature doctrinale, produite sous François Ier par des auteurs dont les convictions spirituelles s’opposaient à la position défendue par la Faculté de Théologie. Son enjeu littéraire et idéologique consiste à rendre compte à la fois de la singularité des œuvres dites «évangéliques» et de la cohérence des voix qui ont composé ces textes. Ce faisant, la notion d’«évangélisme», jusqu’alors étroitement dépendante des historiens qui la pensent, se trouve définie par les repères que livre l’écriture littéraire. A partir du postulat que la langue d’un groupe comporte des témoignages précis de convictions partagées, l’étude d’un corpus d’une vingtaine d’œuvres en vers ou en prose produites, entre la traduction du Nouveau Testament par Lefèvre d’Etaples (1523) et l’affaire des Placards (1534) par Marguerite de Navarre, Marot, Lefèvre, Farel, Aimé Meigret comme par des traducteurs anonymes de Luther, caractérise l’«écriture évangélique», à partir du rôle spécifique dévolu à l’épithète. La récurrence de qualificatifs significatifs (seul, vray, vive [foy]), comme leur ajout ou leur omission délibérés dans les traductions de textes luthériens, prouvent que l’épithète, au-delà de sa portée pédagogique, fonctionne comme un élément de la stratégie discursive de contournement de la censure. Dans la connivence que l’épithète contribue à instaurer, Texte et Histoire se rejoignent.
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Voici les Actes du premier colloque jamais consacré à Guillaume Du Vair, parlementaire, orateur et écrivain dont les Œuvres, rassemblées en 1606, intéressent l’histoire politique – Du Vair fut en effet conseiller de Paris pendant la Ligue, premier président du parlement de Provence pendant vingt ans, puis garde des sceaux au début du règne de Louis XIII –, l’histoire philosophique et religieuse – il fut l’un des acteurs, avec Juste Lipse en Flandre, du mouvement néo-stoïcien de la fin du XVIe siècle et participa au renouveau des méditations bibliques sous le règne d’Henri III –, celle du droit – car il est aussi l’auteur de remontrances parlementaires et d’arrêts solennels –, l’histoire littéraire enfin – en ce qu’il annonce avec le traité De l’éloquence une réforme de la prose comparable à celle menée peu après par Malherbe dans le champ poétique.
La connaissance de Guillaume Du Vair a considérablement progressé notamment grâce à l’étude de sources très peu utilisées jusqu’ici (archives notariales ; sources régionales; données lexicologiques) et à l’exploitation d’une partie du corpus à peu près inexplorée (harangues parlementaires; lettres ; vers français ; traductions et exercices oratoires; pamphlets contemporains).
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Emergence du sujet : la formule scellant ce recueil d'études sur les XVIe et XVIIe siècles cautionne la perplexité qu'inspire la notion de « sujet », que Burckhardt, Nietzsche puis Brunschwig avaient pourtant érigé en indice des temps modernes. Le terme même d'émergence suggère que le sujet reste défini par une configuration de concepts mal identifiés voire indéterminés. L'apparence de simplicité d'un « sujet » dissimule la multiplicité de formes, de significations et de définitions que la subjectivité est susceptible d'adopter selon les occasions, les époques ou les stratégies ponctuelles. Néanmoins, le bilan global des communications réunies ici, pour diverses qu'elles soient, dégage certaines constantes et autant de convergences : bien que le « sujet » soit orné de définitions par défaut, ces dernières lui déterminent à tout le moins un cadre herméneutique relevant de l'esthétique (l'auto-représentation auctoriale, l'origine et l'originalité de la parole), de l'ontologie (l'exil, la mort, le deuil) et de la représentation (le masque, la théâtralité, l'intersubjectivité).
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La Syrinx au bûcher, consacrée à la figure de Pan et à celle des satyres, prend pour point de départ le proverbe humaniste des « Silènes d'Alcibiade », tiré du Banquet de Platon. Elle se clôt sur le personnage du satyre dans la pastorale dramatique, l'opéra et le ballet de cour. Au cours du seizième siècle, l'allégorie des silènes, de Pan et des satyres se transforme en fable et en fiction. Cette double évolution, qui s'apparente à la fois à une dégradation et à une incarnation, est d©clinée dans la poésie, la satire, le théâtre, la danse, les traités de sorcellerie et les arts visuels.
L'image du silène comme symbole de la dualité, la diabolisation et la mort de Pan, la relation du satyre et de la satire et, enfin, le personnge théâtral du satyre établissent une figure qui permet de penser, au croisement de la Renaissance et de l'âge baroque, le rapport de la parole au mal, de l'amour à la loi, de l'homme civilisé à l'autre, qu'il soit animal, monstre, paysan, barbare ou étranger.
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La nuit n’a pas la faveur des historiens. Les spécialistes de la Renaissance nous assurent qu’elle est le moment de tous les dangers, pour le corps et pour l’âme, alors tourmentés par le diable et les rêves impurs. L’enquête menée par Daniel Ménager dans la culture littéraire des élites parvient à des résultats fort différents. A la suite d’Orphée et bien avant les romantiques, les poètes de la Renaissance y ont trouvé le temps de l’apaisement. Les astronomes, comme Galilée, ont attendu impatiemment que la vaste nuit allumât étoiles et planètes. Quant aux mystiques, ils ont cherché des nuits entières les voies obscures du désir de Dieu. Il n’en fallait pas plus pour que les livres d’emblèmes célèbrent, avec l’artifice de la concision, les vertus du travail nocturne. Si la nuit est normalement destinée au sommeil, le héros de cet ouvrage, Don Quichotte de la Mancha, celui qui joue ses rêves les yeux ouverts, vient nous sommer de sacrifier le repos au devoir de vigilance. La Renaissance et la nuit écrit l’histoire d’une conception; ses heures d’élection incitent aussi à la rêverie en compagnie de Pétrarque, Sannazar, Michel-Ange, Le Tasse, Ronsard, Belleau, Shakespeare, Cervantès et de beaucoup d’autres, dont quelques peintres qui, autrement que les écrivains, ont donné à voir la nuit.