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Les Vers de la Mort de Robert le Clerc d'Arras ont été trop longtemps occultés par le succès de ceux d'Hélinand de Froidmont. Cette œuvre volumineuse (3744 vers) abordait cependant des sujets très variés, renfermait un vaste répertoire d'images et de comparaisons, souvent originales, et faisait usage d'un vocabulaire exceptionnellement riche. Elle méritait donc d'être enfin mise en valeur. Annette Brasseur et Roger Berger auraient pu se contenter d'éditer ce texte, mais ils ont tenu à en fournir plusieurs clefs d'interprétation par une mise en français moderne, une annotation abondante et un glossaire étendu. Ils ont réussi également à dater ces Vers de manière précise et à retracer, en l'insérant bien dans la société arrageoise du XIIIe siècle, une partie de l'existence du poète. Ils ont aussi démontré qu'il était l'auteur de Li loenge Nostre Dame, un poème jusqu'ici resté anonyme et, comme le précédent, inachevé, Mort n'ayant pas accordé à son chantre, le noble héritier d'Hélinand, le délai qu'il avait si douloureusement sollicité.
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Tous les médiévistes connaissent la Séquence Buona pulcella fut Eulalia, ils savent aussi que cette œuvre majeure, la première du plus ancien français, est loin d'avoir livré tous ses secrets. Les auteurs ont donc décidé de revisiter ce poème, l'histoire de la sainte qui en est le sujet, la langue dans laquelle il est écrit, son environnement dans le manuscrit 150 de la Bibliothèque municipale de Valenciennes, qui l'a miraculeusement préservé, et dont ils dressent un inventaire précis. Leur étude minutieuse révèle un poète à la fois cultivé, délicat et efficace. Elle met en lumière une langue en formation qui, contrairement à ce qu'on croit, est, par bien des points, déjà du français. Par la même occasion, ils ont aussi édité et traduit les quatre autres textes latins et germanique entourant cette Séquence romane : Cantica uirginis Eulaliae, Dominus caeli rex, Uis fidei, Rithmus Teutonicus. On verra que tous méritaient cette revalorisation.