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Les Enfances Guillaume ouvrent le Cycle de Guillaume d'Orange, tout en ayant été composées – nous l'avons démontré – après les autres chansons de ce cycle. Leur édition synoptique, à partir des rédactions A et B, avec une introduction codicologique, linguistique et littéraire, des notes explicatives, un glossaire et plusieurs index, se devait de compléter celle des versions C et D réalisée jadis par Patrice Henry, et procurée par Annette Brasseur. Cette biographie poétique favorise la connaissance de Guillaume, dont la personnalité se révèle dès ses premières prouesses entrecoupées d'échappées romanesques. Elle nous permet d'aborder le domaine périlleux d'une psychologie plus élaborée qu'on ne le croirait d'emblée. Nous percevons encore, vers la fin du XIIIe siècle, l'écho du personnage historique qui lui aurait donné naissance et qui aurait nourri l'imaginaire des trouvères. Les Enfances Guillaume font « sentir » une vie hors du commun quand l'engouement pour l'époque médiévale ne cesse de croître. Une mise en français moderne aide le lecteur à franchir la barrière d'une langue qui a beaucoup évolué au fil du temps.
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Le XIIIe siècle est un grand siècle de la prédication, illustrée par quelques noms parvenus jusqu'à nous, mais aussi par d'obscurs sermonnaires dont les prônes nous apprennent beaucoup. Tel est le cas de l'auteur anonyme du Sermon d'Amiens, resté peu connu des médiévistes, faute d'une édition bien documentée répondant aux exigences de la critique moderne. La publication de ce texte, sur nouveaux frais, que donne Annette Brasseur, comble cette lacune. Elle est accompagnée de sa mise en français moderne (il n'en existe, jusqu'à présent, qu'une traduction en anglais), assortie d'une étude grammaticale, philologique et littéraire, de nombreuses notes, de tables précises et d'un volumineux glossaire. Elle invite aussi nos contemporains, dont on connaît le regain d'intérêt pour la prédication, à découvrir un dominicain surprenant, fin psychologue, qui sait mettre en œuvre, avec une très grande ingéniosité, tous les moyens de persuasion dont il dispose, pour obtenir les subsides indispensables à un évêque d'Amiens voulant faire effectuer les travaux de réparation qui s'imposent dans la cathédrale de cette ville.
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Après la publication en 2009 des Vers de la Mort, l’édition de Li loenge Nostre Dame complète l’œuvre reconnue de Robert le Clerc d’Arras. Ce poème, d’une main anonyme, n’avait guère attiré l’attention jusqu’à aujourd’hui, faute dune édition facilement accessible et répondant aux exigences du XXIe siècle. Annette Brasseur, coéditrice des Vers de la mort, à qui la griffe de Robert le Clerc d’Arras dans cette petite pièce n’a pas échappé, la présente ici traduite etudicieusement annotée. Elle réalise une étude comparative très serrée des grands thèmes abordés, de la versification, de la langue et du style.
Prenant en considération les nuances les plus délicates et les plus subtiles, elle a pu établir, dune manière indubitable que Li loenge Nostre Dame est, elle aussi, sortie de la plume de Robert le Clerc d’Arras, dont la totalité de l’œuvre se retrouve désormais publiée par le même éditeur. Ces éditions critiques permettront au grand écrvain arrageois d’occuper la place qui lui revient dans le paysage intellectuel du XIIIe siècle.
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Les Vers de la Mort de Robert le Clerc d'Arras ont été trop longtemps occultés par le succès de ceux d'Hélinand de Froidmont. Cette œuvre volumineuse (3744 vers) abordait cependant des sujets très variés, renfermait un vaste répertoire d'images et de comparaisons, souvent originales, et faisait usage d'un vocabulaire exceptionnellement riche. Elle méritait donc d'être enfin mise en valeur. Annette Brasseur et Roger Berger auraient pu se contenter d'éditer ce texte, mais ils ont tenu à en fournir plusieurs clefs d'interprétation par une mise en français moderne, une annotation abondante et un glossaire étendu. Ils ont réussi également à dater ces Vers de manière précise et à retracer, en l'insérant bien dans la société arrageoise du XIIIe siècle, une partie de l'existence du poète. Ils ont aussi démontré qu'il était l'auteur de Li loenge Nostre Dame, un poème jusqu'ici resté anonyme et, comme le précédent, inachevé, Mort n'ayant pas accordé à son chantre, le noble héritier d'Hélinand, le délai qu'il avait si douloureusement sollicité.
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L'épigramme latine Uirgo parens, qui eut - cette étude le montre - un réel succès durant de longs siècles, a aujourd'hui subi un sort bien injuste. Il est donc intéressant de la revisiter et de lui redonner son lustre. C'est à cette tâche que s'emploie Annette Brasseur en établissant l'édition complète de toutes les rédactions connues de l'épigramme, soigneusement replacées dans leur contexte et accompagnées de leur traduction, de commentaires historiques, littéraires, ainsi que d'index exhaustifs. Une réflexion doctrinale très profonde, brillante illustration de la foi en l'unité de Dieu et en la virginité de sa Mère, y est formulée avec beaucoup d'élégance. Tout en rendant palpable la dévotion des premières générations de chrétiens, elle ne peut manquer de retenir l'attention de nos contemporains que les grandes questions traitées dans ce texte n'ont pas fini de tourmenter. La part de mystère qui entoure encore son auteur (Grégoire le Grand, saint Jérôme, un certain Andreas Orator, un anonyme ?) fait le charme de sa lecture et lui donne un goût d'éternité.
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Tous les médiévistes connaissent la Séquence Buona pulcella fut Eulalia, ils savent aussi que cette œuvre majeure, la première du plus ancien français, est loin d'avoir livré tous ses secrets. Les auteurs ont donc décidé de revisiter ce poème, l'histoire de la sainte qui en est le sujet, la langue dans laquelle il est écrit, son environnement dans le manuscrit 150 de la Bibliothèque municipale de Valenciennes, qui l'a miraculeusement préservé, et dont ils dressent un inventaire précis. Leur étude minutieuse révèle un poète à la fois cultivé, délicat et efficace. Elle met en lumière une langue en formation qui, contrairement à ce qu'on croit, est, par bien des points, déjà du français. Par la même occasion, ils ont aussi édité et traduit les quatre autres textes latins et germanique entourant cette Séquence romane : Cantica uirginis Eulaliae, Dominus caeli rex, Uis fidei, Rithmus Teutonicus. On verra que tous méritaient cette revalorisation.
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Jehan Bodel, trouvère artisan, a composé vers 1202 une chanson de geste : la Chanson des Saisnes ou Saxons. Cette oeuvre considérable , faute d'éditions satisfaisantes, n'a pas pu jusqu'ici être appréciée à sa juste valeur. Deux des rédactions, que renferment des manuscrits parisiens, n'ont jamais été publiées ; seuls l'ont été - et séparément - les manuscrits de Turin et celui qui appartenait au XIXe s. à J.-L. Lacabane. Mme Brasseur a retrouvé le manuscrit Lacabane à la Bibliotèque Bodmer et a pu ainsi baser son édition sur les quatre rédactions, donnant la version A (manuscrit de l'Arsenal) sur chaque page de gauche, et en regard, sur la page de droite, le texte du ms. Lacabane, les deux autres versions apparaissant dans les variantes.