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Fable, fabula, mythos : la fable est, à la Renaissance, la définition même de la poésie. Que ce soit dans son acception d’allégorie, empruntée à l’herméneutique néo-platonicienne et aux théories exégétiques de la Bible, ou au sens de mimèsis, issu de la redécouverte de la Poétique d’Aristote, la fable a posé aux poéticiens de la Renaissance un problème théorique majeur, provoquant nombre de discussions sur la nature même du fait littéraire. La poésie est-elle voile, écorce dun altior sensus enfoui sous la fiction ? Est-elle lieu de vérité ? Est-elle, au contraire, lieu de vraisemblable, espace d’artifice pur où se dirait l’habileté du poète à refigurer le réel ? Ou peut-être, comme le pensera le Tasse, tiendrai-elle à la fois de l’un et de l’autre, du feint et du vrai, définie alors comme création d’une merveille, où l’idée et le langage en tant que tels vaudraient autant que la fiction ? Interrogé dans ses fondements mêmes, le concept de fable, qui a dominé le XVIe siècle comme critère de poéticité, verra son empire graduellement menacé, dans les dernières décennies, par l’émergence de valeurs nouvelles, issues de la rhétorique, de la philosophie et de la théorie de l’art, qui permettront de repenser la poésie au sens large et de poser les premiers jalons de la théorie littéraire moderne.
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